La moitié d’une année bientôt et rien n’a bougé au Togo depuis les dernières élections ! Le même soleil surplombe nos têtes et rappelle l’impécuniosité des citoyens restée, elle, intacte malgré les promesses rutilantes des politiciens-menteurs. Les pluies récurrentes ont fait siennes nos rues aux rigoles bouchées. Par ci par là, des marres à canards font plutôt le délice de crapauds et grenouilles qui chantent de leur vilaine voix le cantique des désespérés.
Ce Lomé là est un désaccord dans le ventre du Togo d’aujourd’hui sur lequel avait soufflé le vent de l’Est, parti de quelque part au pays de Ceausescu ; un dictateur fusillé avec sa famille en 89 par un peuple révolté, fatigué de toujours mendier ce qui lui appartient…jusqu’à sa liberté prétendument inaliénable selon les mots alignés sur du papier. Le Lomé d’aujourd’hui a déjà consommé 50 des 100 ans de recul prophétisés par l’un des artisans (et je dis le moindre) de la régression nationale : Etienne Gnassingbé Eyadema, un des dictateurs les plus rompus, qui a toujours juré, et tenu promesse, de ne laisser jamais le pouvoir de son vivant aux mains des aventuriers. On a beau crié aux propos anti démocratiques qui videraient toutes élections de tout sens, on oublie souvent que l’intéressé ne s’est jamais réclamé de cette idéologie qu’il a toujours considérée comme un phénomène de mode. Cette indignation dont se prévalaient les « démocrates » d’hier, aujourd’hui en rang et se bousculant derrière le prince héritier nous apparait désormais comme un discours de cancres véritables. Autrement comment juger le système RPT (Rassemblement du Peuple Togolais) à l’aune des fondamentaux démocratiques quand le pouvoir fortement militarisé martèle ne pas vouloir de la démocratie (cf. congres du RPT) !
Les aventuriers ! Plus de 30 ans avant que le commun finisse par mettre un visage sur ces faussaires tapis dans l’ombre du pouvoir et collectant dollars sur dollars à la barbe de ce peuple aussi naïf que son élite est feignante et cupide. Pourtant très tôt des voix se sont élevées pour mettre en garde contre les marchands de belles paroles. Rien n’y fit. Le togolais était enfermé dans la logique de déification qui tour à tour a fait d’Eyadema Gnassingbé, Gilchrist Olympio et depuis 6 mois de Jean Pierre Fabre en attendant Faure Gnassingbé le nombril de la terre ! Ces faux dieux qui se nourrissent cependant de génuflexions, d’éloges grassement payés et de vin rouge sang ! Plus de deux décennies que nous nous évertuons à en parler ; plus de 10 ans que nous en avons fait une affaire de salubrité publique ! Pourtant ! Il se trouve toujours des laudateurs plus royalistes que le roi qui vous assomment chaque fois que vous osez émettre une opinion qui sort des canaux brevetés par une caste de désœuvrés qui font la navette entre le panier à fric et les supports internet qui deviennent pour le besoin de la cause un tableau à communiqués dont on s’en prend plein les yeux. Ici s’exprime un parangon de vertu récemment découvert par les fils de ce pays : salir suffisamment l’autre pour paraitre propre soi même. Les maestros de cette vertu là sont les petits transfuges qui ont rendu fluide la circulation dans les deux sens entre le Pouvoir et son Opposition. Le bon aujourd’hui c’est Fabre n’est ce pas ? Le mauvais Gilchrist Olympio dans un schéma dualiste toujours mis à jour. Les Amis de Gilchrist Olympio (AGO) accusent le premier d’avoir trahi leur maitre comme il l’avait fait au temps où il émargeait chez Agboyibo, Apedo-Amah et Loccoh Donou en sa qualité de Directeur de Publication du journal Tribune des Démocrates devenu le Temps des Démocrates par une prétention dont les acteurs n’eurent pas les moyens. Faure Gnassingbé est laissé tranquille tandis que les stratèges du RPT au pouvoir amènent une fixation sur Bodjona Pascal, le turbulent ministre de l’intérieur qui multiplie des bourdes pour capter toute l’attention. Il nous parait évident que ce raffut n’a qu’un but : d’une part les élections locales prochaines sur lesquelles nos démocrates vont encore se jeter pour se griffer comme de petites fillettes qui se bagarrent et d’autre part la mise en orbite d’une commission vérité réconciliation que le Prélat Président, perdu dans les remous politiciens d’une politique de voyeuriste et de show de cabaret, voit s’étioler sous ses yeux. Pour ce faire, le RPT a besoin d’échanger ses otages dont le dernier en date est le pauvre militant Kofi Folikpo de pyramid of yeweh contre une paix de braves. Le scénario est facile : on ouvrira la cage pour libérer ce beau monde lorsque la commission l’aura « exigé ». Et voilà les Togolais réconciliés et la paix civile défensivement décrétée ! On glosera alors sur une commission puissante et juste qui aurait forcé le RPT à ouvrir les prisons et faire constater par la communauté internationale que le Togo a désormais zéro prisonnier d’opinion ! Dans ce montage grossier est apparu des acteurs sortis par magie des coulisses où il n’y a pas longtemps ils soufflaient des fausses répliques aux marionnettistes devenus groggys au milieu de ces flots de charabia alors qu’ils sont encore sur scène. Pêle-mêle on apprend que Messieurs Eric Amerding, Patrick Lawson et Co sont de bons mercenaires tandis que Monsieur Gilchrist Olympio, Nicodème Habia et une bonne fraction de ceux qui sont morts sont des agents doubles ! De quoi permettre à la commission de « pardonner » tous ces tueurs –d’un côté comme de l’autre-après une audition complaisante ! Le ridicule est à venir.
Rien n’a bougé ! Rien n’a changé ! Pourtant chaque samedi, les togolais marchent pour le changement. Ils marchent si naturellement que l’arrêt de ces marches ferait à lui seul l’événement ! La diaspora elle même prise entre rêve et réalité et passé le moment de grande effervescence se demande quoi faire ? Quelques étourdis, grandes gueules en somme, continuent à racketter les crédules au nom d’une lutte fantomatique ; le beau parti UFC est jeté en pâture aux vautours des deux camps en présence qui s’opposent bêtement, désertant le front pour des empoignades fratricides en attendant qu’un soldat pseudo démocrate viennent tirer pan !pan ! sur tout ce qui bouge pour donner, genoux à terre, le pouvoir au bien « élu ». Une culture taurine en attendant d’ouvrir la grande corrida qui enverrait un Gilchrist Olympio et son ami Faure Gnassingbé dans l’arène. Alléluia !
Que disons-nous aujourd’hui que nous n’eussions déjà dit ? Quelles propositions de sortie de crise n’avions-nous pas faites ou entendues ou lues? Un retour à la constitution de 92 revotée par voie référendaire avant les dernières élections nous semblait une exigence minimale qui n’a pas l’heur de plaire aux sprinters de la démocratie, chefs de partis politiques. Cela aurait permis de limiter du coup la possibilité à Faure de se présenter éternellement. Nous aurions eu le loisir de s’appuyer fortement sur les institutions dont la mise en place était un impératif catégorique et ce, pour les faire céder comme l’avaient fait les chantres de la libération de la parole au temps fort de la lutte vers la fin des années 80-début 90. Nous taisons les noms pour ne pas remettre à dos ceux que l’histoire ignore et qui sont revenus nous présenter des clowneries suicidaires et bien entendues applaudies par des gens qui refusent de lire entre les lignes, encensant sans cesse les dieux morts, tuant des cadavres et boxant l’air!
Récemment nous avions attiré l’attention : sur un message de Peré Dahuku (ancien ministre et ex président de l’assemblée Nationale) et son dégout apparent en raison du manque de visée stratégique de conquête autre que le pied de grue dans l’attente d’un Meurtrier national ; sur Kofi Yamgnane (ex ministre dans le gouvernement socialiste de Mitterrand)qui hésite toujours entre un populisme facile et niveleur par le bas fait de gesticulation de veau parmi les veaux du troupeau et son rôle de leader coopté par la diaspora. Au Togo, on ne conçoit plus que l’on puisse prendre position et refuser de bêler comme le troupeau. Il faut militer et militer toujours…en la bouclant.
Faut il donc rappeler à toute la classe politique qu’il n’y a pas loin du Capitole à la Roche tarpéienne et que 24 heures suffisent pour faire du héros adulé, un vulgaire imposteur ?
Paris le 21 aout 2010
Anani Alex G.L.