Togo : Il faut crever l’abcès ! [Par Jaurès Tcheou]

0

Ils s’en vont. Bien de tenors de l’irrésistible et intrépide quête du peuple togolais d’une nation libre et démocratique ont tiré, cette année, leur révérence. Le bilan des trente années de lutte pour la démocratie et l’alternance est sans appel! Une valse politique sterile, nonobstant quelques percées tres vite rattrapées par les tripatouillages constitutionnels est tout ce qu’on peut montrer.

Elle laisse aujourd’hui un arrière-goût amer à toute une génération de jeunes exaltés, euphoriques d’un renouveau démocratique pour lequel ils ont tant donné. Qu’est-ce qui n’a pas marché?

La réponse à cette interrogation met en joute verbale les leaders de l’opposition actuelle qui tentent, par médias interposés, de se faire porter la responsabilité. Pendant ce temps, le peuple togolais dans l’ensemble, éreinté, blessé dans sa chair et dans son amour propre, halète et se courbe sous le joug d’une dictature renouvelée.

Toutes les theories defaitistes ont été évoquées pour justifier l’incapacité du peuple togolais et de ses leaders démocratiques à créer et entretenir une démocratie durable. Tout a été dit. Sauf l’essentiel… *Quel est le rôle et la responsabilité des loges ésotériques dans « l’échec » de la lutte et dans la perpétuation du statut quo ante?* Si la liberté de conscience est l’un des piliers des droits de l’homme et de la démocratie, elle a aussi ete, à travers l’histoire un moyen d’asservissement et d’empaquetage des peuples vulnérables. Nous ne reviendrons pas sur les thèses coloniales de Jules Ferry, un éminent « frère de lumiere », pour décliner le rôle des « fils de la veuve », des rosicruciens et autres sociétés secrètes dans la phagocytose de toute une génération de sacrifice, de sang et de larmes. Au soir, quand vient le temps d’une « tenue », qu’elle est la différence entre deux « frères de lumière » que tout oppose politiquement dans la journée, mais que tout réunit sous l’équerre et le compas?Au nom de quoi Emmanuel Macron, « fils de la veuve », devrait-il denoncer publiquement et saborder ses « frères » dirigeants africains, fussent-ils faussaires ou sanguinaires?Le principe de la séparation et de la délimitation des religions par rapport à l’Etat consacré par le Traité de Westphalie qui promeut l’État moderne par sa sécularisation, à travers le temps, a été doublé par les sociétés secrètes qui de façon informelle, ont trouvé le moyen d’assujettir l’État. Cette relation incestueuses est aujourd’hui, sans nulle doute, le gouffre dans lequel toute une génération de lutte âppre et farouche, a été précipitée. Sinon…

D’où vient qu’une poignée d’individus, notoires autant dans leurs faiblesses que dans leur incurie, arrivent à tenir en respect tout un peuple et pendant aussi longtemps ?

Quid des lendemains de scrutins qui se terminent toujours dans une acceptation de fait du Principe du « Qui-perd-gagne »?Au Togo, aujourd’hui, les loges sont à blâmer. Hommes politiques de tout bords, clergé chrétien ou mahometant, officiers de l’armée, journalistes, femmes, jeunes technocrates, bref tout ce dont la nation regorge de forces vives s’y mêlent dans une relations incestueuses et contre-nature, gravement préjudiciable à l’alternance démocratique.

Cest le lieu de tous les compromis compromettants, les marchandages vils, les distributions de postes et les rétributions infâmes. C’est aussi le siège de l’inquisition où sont jugés et condamnés par contumace, tous les résistants.Le copinages des loges africaines et françaises sous Stifani a, non seulement, créé le cadre ideal de maintient et de renouvelement des dictatures presque séculaires, mais aussi servi de négociation et d’achat de conscience des opposants populaires. Désormais, on peut aisément comprendre les raisons de l’échec de la lutte exaltante de tout le peuple togolais et en tirer les conséquences. Les leaders de l’opposition togolaise ont certainement le droit de faire partie intégrante de toute loge de quelque acabit que ce soit.

Mais, désormais, ils ont le devoir de decliner clairement au peuple, ce que devient leur statut politique lorsque la porte est franchie. Sans une démarcation claire, entre les « fils de la veuve » au pouvoir et ceux dirigeant l’opposition, la lutte des peuples pour la démocratie et l’alternance sera…vaine.

Jaurès Tcheou

Partager

Laisser une réponse