L’effet Montgolfière ! [Par Jaures Tcheou]

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Ceteris paribus, les mêmes causes produiront les mêmes effets. Ce déterminisme cartésien qui s’est constamment vérifié en chimèrie togolaise explique on ne peut mieux, la course sur tapis roulant dans laquelle les Togolais excellent.

Tels des fakirs qui affectionnent les lits cloutés pendant que leurs dirigeants s’adonnent au jeu de monopoly avec les ressources publiques, les Togolais, figés dans le temps, végètent. Ce qui est le plus déroutant, c’est la basse collaboration de cette classe d’intellectuels, de leaders d’opinions et de conscience qui adoubent le tyran. Car ces laquais de la cour du prince n’ont rien appris de l’histoire. Ayant régulièrement servi de combustibles à la machine qui soutient le système dans sa longévité, leur sort a toujours été, sans exception et presque toujours, tragique. L’effet montgolfière est redoutable. C’est le système qui soutient la machine du pouvoir. C’est l’idéologie de survie d’un regime cinquantenaire. Il demeure implacable aussi longtemps que les paramètres de son fonctionnement restent en place.

Décryptage…

Inventée en 1782 par les frères Montgolfier, la montgolfière est un aerostat composé d’une nacelle, surmontée d’un ballon en tissu leger et dont la sustentation est assurée par l’air chaud qu’il renferme, et son gain d’altitude par les sacs de lest qu’il jette. Cette tragédie se déroule selon un synopsis où, le pays est le ballon, le pouvoir..la nacelle, l’air chaud… la répression et la précarité entretenus, et, les collaborateurs du prince dans le rôle des sacs de lest et des brûleurs charger de chauffer l’air. Pour que le dictateur soit en place pour toujours, le régime doit se nourrir de ses collaborateurs, d’une manière ou d’une autre. C’est le fondement même du système.

Le ballon étant le pays qui doit soulever la nacelle (le pouvoir) toujours plus haut, il est rempli d’air chaud pour en faire un aerostat léger. Entre-temps dans la nacelle, les collaborateurs ont pris place autour du prince, soit pour la garnir en lest ou soit pout servir de « bruleur » qui envoie constamment de « l’air chaud » dans le ballon qui n’est rien d’autre que le pays ou le peuple. Ce dernier devenu si dépourvu et si leger s’élève selon le principe de la poussée d’Archimède. Il arrive des moments où le système qui dirige le pays (le ballon) faiblit et ne peut plus s’élever davantage.

C’est alors que le prince, maître de la nacelle, sacrifie quelques collaborateurs en les jettant par-dessus bord en guise de « delestage » jeté pour permettre à la nacelle de s’élever unpeu plus. Bref, chauffé à blanc par le prince et ses collaborateurs, le peuple totalement appauvri et croupissant dans la misère se sent obligé de soutenir le système pour sa pitance. Les collaborateurs du prince, les plus zélés, infligent quotidiennement peines et souffrances au peuple le rendant encore plus dépendant et plus manipulable. Ces collaborateurs utilisés pour les basses besognes, vomis par le peuple sont gratifiés par le prince… Seulement, le prince, au moment venu (remaniements ou limogeages, faux complots, purges, assassinats) , se debarasse de ces « fusibles » pour se « justifier ». Le peuple exulte et reconnaît au prince sa « bienveillance » Des décennies s’écoulent sous le même système, des collaborateurs viennent et partent mais le prince dans sa « candeur » et dans sa superbe, en homme providentiel, demeure…

Rien qu’à voir, à travers le passé et le présent, la liste de collaborateurs du prince qui ont fini dans le rire de l’histoire est interminable… Il est, bien évidemment plus facile de trouver des noms de ceux qui n’ont pas fini tragiquement, civils ou militaires. Tant la pratique est constante et à l’épreuve du temps. Ceux qui, aujourd’hui, se targuent de faire partie de la classe dirigeante dans un système cannibaliste, ne paient rien pour attendre. Sans exception tous finiront dans les caniveaux et les catacombes de la République.

Ce n’est pas une question d’être honnête ou de bien faire. C’est la nature du système. Et tant qu’il sera en place tous finiront mal…tous! Les illustrations sont légions. La régénérescence du prince est assurée au prix de la vie de ses collaborateurs. Tel un phénix, il renaîtra toujours de leur cendres. L’exploit ici serait plutôt de pouvoir finir aux côtés du prince…moins mort que vivant…

Jaurès Tcheou.

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