Nous avons violé la résolution des Nations unies, qui nous donnait le droit de protéger…
L’ancien ministre la Défense et de l’Intérieur rend responsable la France de Sarkozy du désordre en Libye et des conséquences sur l’immigration en Europe.
Jean-Pierre Chevènement porte un regard très critique sur l’intervention de la France en Libye. Sur Europe 11, ce mercredi, il a une lecture sévère de cette opération menée notamment par la France en 2011. Pour lui, «nous avons détruit la Libye», assure-t-il.
Interrogé sur la question de l’immigration, il fait un lien avec le désordre au sud de la Méditerranée. «On ne peut pas sortir du problème de l’immigration sans résoudre les problèmes de sécurité et de développement», lâche-t-il, prenant en exemple la Libye. «La Libye de Mouammar Kadhafi avait beaucoup de défauts mais elle exerçait un contrôle sur ses frontières», défend l’ancien ministre de la Défense et de l’Intérieur, critiquant frontalement le choix de l’opération militaire «sous l’impulsion de monsieur Sarkozy, peut-être de Bernard-Henri Lévy». «Nous avons violé la résolution des Nations unies, qui nous donnait le droit de protéger les populations de Benghazi, on est allé jusqu’au changement de régime.»
En Irak, «il valait mieux une dictature laïque …»
Jean-Pierre Chevènement poursuit sa diatribe contre la politique avec un second exemple: l’Irak. «L’ingérence est à la mode depuis très longtemps», regrette-t-il. «On vient se plaindre du sort des chrétiens, je les connais, je suis allé les voir en 1990, je savais ce qui se jouait», rappelle l’ancien ministre de la Défense qui a démissionné du gouvernement Rocard en 19912 à la suite de l’engagement de l’armée française dans la guerre en Irak.
«On a préféré la guerre à la paix, qui était possible…», déplore le sénateur. «On pouvait obtenir le retrait de Saddam Hussein du Koweït, et il valait mieux avoir une dictature laïque sur laquelle nous pouvions avoir une magistrature d’influence que de livrer le pays au chaos», analyse l’ancien ministre. «Beau résultat, de la politique d’ingérence», ironise-t-il à la vue de la situation actuelle.
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