Vers un équilibrage des tendances politiques au Togo

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Certains signes qui se dessinent sur la scène politique font croire que le Togo s’achemine vers un équilibrage naturel des tendances idéologiques ; l’émergence des regroupements Arc en ciel, Collectif Sauvons le Togo, et UNIR-UFC-CPP etc. tend à confirmer ce phénomène. Peut-on conclure que le Togo s’achemine heureusement vers « une démocratie électorale à trois partis politiques» ?

Dans une publication en date du 23 Novembre 2012, le Dr. David IHOU, qui fut représentant de l’UTPL (Union Togolaise des Professions Libérales) à la Conférence Nationale Souveraine, retrace l’historique de la prolifération des partis politiques au Togo. Il souligne la situation précaire des minuscules partis et recommande vivement « la bipolarisation politique » ; i.e. limiter le nombre de partis politiques à deux au Togo. Cette analyse est tout à fait pertinente et très bien argumentée.

Évidemment, dans un système démocratique à caractère multipartite, les options sont nombreuses et variées ; et dépendent de contextes spécifiques. Par exemple, il est apparu que le bicéphalisme de la vie politique prospère mieux dans des sociétés individualistes et qui respectent les diversités régionales et la décentralisation des institutions. Le cas des Etats Unis d’Amérique est une belle illustration de « bipolarisation politique ». Dans ce cas précis, il ne s’agit pas uniquement d’une longue tradition démocratique et historique, mais du respect scrupuleux des libertés et des institutions, tout en garantissant l’indépendance de la cinquantaine des Etats qui constituent la nation américaine.

Il est évident que la bipolarisation politique présente plusieurs avantages, notamment : organisationnel, financier, économique, structurel, etc. Cependant, quand l’un des partis devient « trop populaire et très puissant » on s’achemine inéluctablement vers un système à parti unique ou une oligarchie. Deux cas malheureux suffisent pour comprendre la dérive du bipartisme en milieu essentiellement ethnique ; récemment au Liberia ainsi qu’au Rwanda ou l’ethnicité était prépondérante en politique, ou les libertés du parti adverse n’étaient plus respectées, les rivalités ont tourné à la fatalité et à la quasi élimination du parti le plus faible par le camp le plus fort.

En effet, l’histoire contemporaine enseigne que les nations créées sur des bases ethniques, raciales, linguistiques et régionales, évoluent mieux dans un système à plus de deux partis, de préférence, à trois partis, i.e. « système tripartite ». Le Royaume Uni par exemple a une très longue expérience électorale tripartite : « The Conservatives, The Labour et The Liberals ».La France également évolue depuis la Cinquième République entre trois tendances idéologiques principales : Les Gaullistes, Les Socialistes et Les Communistes. On se souviendrait que les toutes dernières élections non- concluantes au Royaume Uni ainsi qu’en France ont été résolues en recourant au système d’alliance avec « une troisième force politique » dans les deux cas respectifs : (Conservatives + Liberals # Labour) à Londres, et (Les Socialistes + Les Communistes #UMP) en France.

Quant au Togo, la multitude des partis politiques semble saper les efforts ; éparpiller les énergies humaines ainsi que les ressources économiques et financières. La configuration des trois camps idéologiquement distincts parait donc logique et salutaire pour le peuple dans la mesure où les foyers de friction seront réduits, et l’harmonisation des différents courants serait ciblée. Faut-il le souligner qu’au sein d’un parti politique on compte au minimum trois tendances déjà difficilement réconciliables : les radicaux, les centristes et les modérés. Au-delà de trois partis, la situation pourrait devenir ingérable et confuse pour une population de six millions d’habitants comprenant un électorat d’environ deux millions cinq cent mille ; en-dessous de trois, les risques de dérive vers un système oligarchique et ethnique sont probants.

Le scénario d’une démocratie électorale tripartite qui se dessine actuellement est donc à encourager et à soutenir. Ethniquement, les partis politiques seront plus représentatifs au niveau national ; économiquement, moins d’efforts individuels seront déployés ; financièrement, le coût d’une élection sera amoindri et les responsabilités aussi seront mieux réparties.

Kofi Mablé

 

 

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