Si la France officielle, à travers les services de l’Elysée et du Quai d’Orsay, continue discrètement d’attirer l’attention des autorités togolaises sur la situation désespérée de son citoyen en exigeant son évacuation sanitaire en France, les réseaux de l’ombre quant à eux se mobilisent pour sauver l’ami, le collaborateur, bref, l’homme qui a payé de sa vie, de sa carrière, de sa réputation pour protéger un certain nombre de personnalités politiques tant africaines que françaises dans le scandale Elf. De Brazzaville à Libreville en passant par Luanda et surtout Paris, tout est mis en œuvre pour mettre Abbas Al Yousef en difficulté dans ce dossier. Les éléments probants qui ont permis de rédiger la plainte déposée au Tribunal de Grande Instance de Paris constituent la première étape de cette offensive qui promet des révélations croustillantes et surtout accablantes pour le sieur Al Yousef et ses soutiens au sommet de l’Etat togolais dans les manœuvres obscures qui ont permis l’arrestation rocambolesque et la détention arbitraire de Pascal Bodjona et de Sow Agba Bertin.
En adressant une convocation au mythomane émirati pour répondre dans les jours à venir des accusations de corruption à son encontre, la Justice française vient de mettre le mythomane émirati dans une situation très difficile. L’affaire risque aussi de rebondir en Côte d’Ivoire où des agents des services de sécurité ont été corrompus par le PDG de Pilatus Group, dans le but d’exécuter l’opération d’enlèvement de monsieur Le Floch-Prigent suivie de son transfert illégal au Togo.
Au Togo, les exécutants des basses besognes dans l’entourage de Faure Gnassingbé en charge du dossier pour le compte de leur patron, multiplient les maladresses. C’est le cas du ministre de la Justice, Me Tchitchao Tchalim qui a commis la bourde monumentale d’envoyer un courrier informant les avocats du Français de la volonté de l’Etat de faire venir un médecin de Rouen pour soigner leur client. Cette lettre, si besoin est, devait être rédigée et envoyée par le juge en charge du dossier. En s’arrogeant les prérogatives du juge, Me Tchitchao Tchalim qui doit être tout sauf un juriste digne de ce nom, donne la preuve supplémentaire de l’instrumentation de cette affaire d’escroquerie par le sommet de l’Etat togolais.
Un geste qui rejoint les informations contenues dans les différents mails rendus publics la semaine dernière, de même que ceux plus compromettants à venir. Abbas Al Yousef est aujourd’hui dans la posture du plaignant-accusé, de quoi lui permettre de réfléchir avant que les autres révélations ne l’éclaboussent complètement.
Mensah K. L’Alternative