En attendant la décision finale sur le lancement d’opérations militaires, l’armée américaine a commencé une préparation intensive. Le porte-avions à propulsion nucléaire Nimitz, et ses bâtiments de soutien de la flotte américaine, ont été envoyés en mer Rouge à la frontière syrienne. Un ensemble de cinq contre-torpilleurs américains et le navire d’assaut amphibie San Antonio se trouvent déjà en Méditerranée. Enfin, le porte-avion Harry Truman est dans le golfe Persique.
Plusieurs alliés des Etats-Unis se préparent également à l’opération. Ainsi, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que son pays soutiendrait « toute initiative internationale » en Syrie, même en l’absence d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies. La France est elle aussi prête à soutenir Washington. Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a déclaré que « le massacre chimique des habitants de Damas ne doit pas rester impuni ». Il a confirmé que le président François Hollande « reste ferme » sur la question du lancement d’opérations militaires contre la Syrie.
Une telle approche de la protection de la population civile syrienne est déficiente. Tel est l’avis de Konstantin Dolgov, représentant pour les droits de l’homme du ministère russe des Affaires étrangères, qui s’est exprimé au micro de La Voix de la Russie :
« Même si l’on laisse de côté le fait que les inspecteurs des Nations Unies n’ont pas encore rendu leurs conclusions finales, il n’y a aucun fondement à dire que ce sont précisément les forces gouvernementales syriennes qui ont utilisé des armes chimiques. Une telle approche de la « protection » des civils ne tient pas debout, bien entendu. Nous nous souvenons tous de la façon dont ont commencé les événements tragiques liés à l’utilisation illégale et arbitraire de la force contre l’Ex-Yougoslavie. Et c’est de la même façon qu’ont été « protégées » les populations civiles en Irak et en Libye. Nous voyons tous les jours des illustrations de cette « protection » en Afghanistan, où des centaines de civils, dont des femmes et des enfants, tombent sous les coups des drones et de l’aviation des forces internationales. »
Toutefois, il semble que la plupart des alliés des Etats-Unis comprennent malgré tout ce qui pourrait résulter d’une ingérence dans le conflit syrien, et ils ne courent pas à la guerre. Le Parlement britannique a rejeté le projet d’invasion. La chancelière allemande, Angela Merkel, a déclaré que son pays n’agirait pas sans mandat de l’ONU, de l’OTAN ou de l’Union Européenne. Le Secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a également dit qu’il ne voyait pas le rôle que pouvait jouer l’Alliance dans le cadre d’une intervention internationale. La Jordanie a refusé de mettre son territoire à disposition des Américains pour le lancement d’une attaque contre la Syrie, et a fermé son espace aérien aux avions militaires. Parmi les Etats qui ont refusé de participer à une opération en Syrie, on compte aussi l’Italie, la Grèce et le Canada. Les ministres des Etats membres de la Ligue Arabe, récemment réunis le 1er septembre au Caire, n’ont pas trouvé de consensus sur l’organisation d’une intervention militaire.
Leonid Isaev, professeur de science politique à l’Ecole Supérieure d’Economie de Moscou est persuadé que Barack Obama se retrouve privé du soutien de ses partenaires clés :
« Si le président américain décide d’envahir la Syrie, alors selon le schéma actuel, il en sera le seul responsable. Et il portera seul toute la responsabilité de ce qui se passera en Syrie, du fait de l’échec de l’armée américaine. Même si je n’exclus pas qu’il soit lui-même conscient du caractère hautement aventureux d’une invasion de la Syrie, qui se soldera très vraisemblablement par le déshonneur des Etats-Unis, comme se sont soldées leurs invasions de l’Irak, de la Lybie, et de la Yougoslavie. Et c’est uniquement à Barack Obama qu’on associera ce déshonneur. »
Barack Obama demande au Congrès de soutenir une action militaire en Syrie. Le vote sur cette question n’aura pas lieu avant le 9 septembre, date de rentrée pour les parlementaires américains. En attendant, le président syrien Bachar al-Assad a déclaré que pour assurer la sécurité et la stabilité du pays, l’armée syrienne repousserait toute agression extérieure, comme elle lutte déjà au quotidien contre les groupes terroristes intérieurs.
Svetlana Kalmykova