Une Question de MAX á l’économiste togolais Nadim Kalife Michel

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MAX: Dans les années 50-54, les Africains pouvaient fixer les prix de leurs produits au dessus des prix des cours mondiaux. Aujourd’hui,c’est impossible. Pourquoi?  Ne peut-on pas revenir á la situation des années évoquées plus haut? Si, oui, comment et par quels mécanismes?

Kalife Nadime Michel: Dans les années 1950, les pays africains étaient sous le régime colonial où c’était le gouvernement de la Métropole qui régentait les marchés sous un système complet de contrôle des changes et du commerce extérieur.

Dans ces conditions, les exportations en provenance des colonies françaises alimentaient les réserves de change de la Banque de france, qui en avait bien besoin.

Alors non seulement pour défendre la valeur du FRANC dans sa parité avec le Dollar US qui servait d’étalon de change-or au niveau de tous les pays capitalistes,
mais encore pour pouvoir financer les efforts de reconstruction de l’économie française ruinée par la 2nde Guerre Mondiale.

 

Alors, pour encourager les producteurs à continuer à cultiver certains produits agricoles, en vue de procurer des devises par l’exportation de ces produits, le gouvernement français était prêt à augmenter les prix intérieurs de certains produits dont le cours mondial avait baissé. C’est ce qui explique notamment pourquoi beaucoup de cacao ghanéen traversaient la frontière Gold Coast-Togo pour profiter de la plus value recueillie en les vendant aux acheteurs du Togo, qui étaient surtout des compagnies françaises d’ailleurs(SGGG, CFAO, CICA, UNICOMER, SCOA, UAC).

 

Il faut aussi savoir qu’avec les premiers Accords ACP-CEE signés entre l’Union Européenne et les anciennes colonies de ses pays membres, dans les années qui suivirent les Indépendances africaines,  il y avait 2 Fonds dénommés STABEX et SYSMIN, qui compensaient les baisses des cours mondiaux des produits d’exportation des pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique). Mais ces subventions ont dû progressivement disparaître après 1995, sous la pression de l’OMC (organisation mondiale du commerce) qui fait tout pour supprimer les barrières douanières ainsi que les subventions agricoles, sans toutefois réussir pleinement envers les USA qui continuent à fausser le prix mondial du coton en subventionnant leurs cotonculteurs et en ruinant les cotonculteurs africains et d’autres pays pauvres.

Par conséquent, les règles de l’OMC interdisant  de venir en aide aux pays africains sous couvert des subventions de leurs exportations, il faut absolument que les gouvernements africains misent très fort sur l’accroissement de la productivité de leurs exploitations agricoles, pour permettre à leur pays d’être compétitif et de produire plus en faisant reculer la pauvreté en milieu rural où se trouvent concentrées 80% des plus pauvres.

Et c’est pourquoi aussi, l’aide étrangère devrait être axée essentiellement sur la formation professionnelle , beaucoup plus que sur les dons financiers dont une bonne partie se retrouve sur des comptes privés à l’étranger, notamment à Dubaï (via ETHIOPIAN AIRWAYS notamment), qui est une place financière « franche », c’est à dire où l’on ne vous demande pas de justifier de l’origine des importantes sommes d’argent que vous déposez dans leurs banques, ceci, à la différence de toutes les autres destinations européennes où les entrées de fonds sont limitées à 7600 euros par personne, l’excédent devant être justifié par des opérations commerciales ou notariales dûment autorisées.

 

 

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