Une héritière d’Omar Bongo Ondimba va saisir le tribunal de grande instance de Nantes en référé pour obtenir communication de l’Etat civil complet d’Ali Bongo Ondimba dans le cadre de la succession de l’ancien président gabonais décédé en 2009, a déclaré mercredi son conseil à l’AFP.
Parmi les 53 héritiers déclarés d’Omar Bongo, seul Ali Bongo Ondimba, actuel chef de l’Etat gabonais, n’a pas communiqué d’acte de naissance, relève Eric Moutet, avocat d’Onaida Maisha Bongo Ondimba, fille du défunt président.
Comme l’a relevé le site d’information Mediapart, cette héritière a sollicité une copie intégrale de l’acte de naissance d’Ali Bongo auprès du procureur de la République de Nantes, afin qu’il la demande au service central de l’Etat civil.
Le service central de l’Etat civil, situé à Nantes, est compétent pour les actes de naissance de personnes nées en Afrique équatoriale française (AEF) jusqu’en 1960, date de l’accession de ces ex-colonies à l’indépendance.
Or, Ali Bongo Ondimba est officiellement né le 9 février 1959 à Brazzaville, capitale de l’AEF qui comprenait tout ou partie du Gabon, du Congo, du Tchad et de la République centrafricaine.
Dans un courrier daté du 16 mars, le parquet de Nantes a répondu à Maisha Bongo Ondimba ne pouvoir donner suite à sa demande.
Il a précisé que le notaire chargé de la succession pouvait obtenir délivrance de cet acte ou saisir le tribunal de grande instance en référé (procédure d’urgence).
C’est ce que va faire Maisha Bongo Ondimba, a assuré Me Moutet.
En novembre, le service central de l’Etat civil avait dit à l’héritière que l’acte de naissance ne figurait pas dans ses registres.
« On sent qu’il y a un problème », estime l’avocat, qui dit ne pas comprendre la position du parquet. L’acte de naissance est d’importance car si Ali Bongo « n’est pas le fils d’Omar Bongo, cela peut avoir des conséquences pour la succession », souligne-t-il.
Les contours de l’héritage d’Omar Bongo sont encore mal cernés, mais les actifs identifiés se montent déjà à plusieurs centaines de millions d’euros.
L’acte de naissance du président gabonais est au coeur d’une vive controverse. Dans son dernier livre, « Nouvelles affaires africaines », le journaliste français Pierre Péan accuse Ali Bongo Ondimba de l’avoir falsifié, affirmant qu’il serait en fait un enfant nigérian adopté pendant la guerre du Biafra, à la fin des année 60 – ce que la présidence, qui a porté plainte contre Pierre Péan, réfute.
Or, la Constitution stipule qu’il faut être né gabonais pour briguer la présidence, et l’opposition s’est saisie de cet argument pour demander le départ du chef de l’Etat.
Leparisien.fr