Togo : Qui pour arrêter le financement du type PONZI du déficit public du gouvernement de Faure Gnassingbe ?

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Le jeudi 20 octobre 2022, l’Assemblée Nationale a adopté au cours de la troisième séance plénière  de la deuxième session ordinaire de l’année 2022, la loi de finances rectificative proposée  par le gouvernement.

Comme il fallait s’y attendre, le gouvernement par la voix du ministre de l’économie et des finances M Sani Yaya dans sa déclaration après le vote de la loi, justifie cette modification de la loi de finances initiale, qui consacre une augmentation des dépenses  par rapport au budget initiale, ceci pour prendre en compte les nouvelles dépenses intervenues à la suite des mesures prises par le chef de l’Etat le 16 septembre de cette année, dans le but de « protéger le pouvoir d’achat des laborieuses population et notamment les couches les plus vulnérables et le réajustement de certaines dépenses à l’issue de l’évaluation de leur niveau d’exécution ».

Au total, la loi de finances rectificative votée le 20 octobre dernier ressort en hausse le budget de l’Etat de 5,4% et s’équilibre en recette et en dépenses à 1875,8 milliards de fcfa avec un déficit de 8,4% du PIB contre un déficit initiale de 5,1% du PIB.

Rappelons que le déficit public c’est-à-dire le déficit budgétaire correspond à un solde annuel négatif du budget de l’Etat du fait que, les dépenses sont supérieures aux recettes ou les ressources qui sont constituées par les impôts, les taxes et autres recettes non fiscales de l’Etat. Les dépenses quant à elles, intègrent non seulement les dépenses courantes de fonctionnement à savoir les salaires, l’achat de fournitures et de services de même que les opérations de redistribution, mais aussi les investissements et les dépenses en capital.

Conformément au pacte de stabilité de convergence de l’UEMOA qui définit les indicateurs de convergence de stabilité et de croissance, l’un des critères de premier rang est : le ratio solde budgétaire global dons compris, reporté au PIB nominal ; le critère clé, doit être supérieur ou égal à -3%. Malheureusement, la loi de finances rectificative qui vient d’être votée a aggravé ce déficit déjà très loin de la norme admise et marque ainsi le nom respect de la discipline budgétaire de la communauté.

Face « à la dégradation du contexte économique international et togolais » dont à fait référence le ministre de l’économie et des finances, l’on s’attendait à des mesures de réduction du train de vie de l’Etat, un retour à plus d’ortodoxie financière, une occasion pour le gouvernemen de procéder un tent soit peu, à un assainissement dans la gestion des finances publiques, une volonté clairement affichée par le gouvernement de démontrer sa capacité à conduire une politique budgétaire active permettant de relancer la croissance endogène de l’économie et réduire le taux de chômage et le sous-emploi qui est dans l’ordre de 32 %, au lieu d’opter pour la solution la plus facile, celle qui consiste à surendetter le pays sans commune mesure . Malheureusement, nous constatons au contraire que plus de 44% du PIB soit 836 milliards de fcfa sont consacrés rien que pour la charge de trésorerie gérés dans l’opacité.

A l’inverse, aucune mesure dans le sens des aides publiques massives de soutien des activités économiques de l’industrie locale.

Le déficit record attint aujourd’hui est à l’origine de la faiblesse de la croissance économique et ne peut pas engendrer une reprise de la hausse des ressources publiques. Il devient impérieux de revoir toute la politique publique de l’Etat en réduisant  drastiquement le poids de la dépense publique relevant des fêtes, les réceptions et les voyages inutils, les missions très coûteuses et sans impact sur le quotidiens des togolais et toutes la gabegie financière qui grève le budget de l’Etat.

Le paradoxe ici est que, l’augmentation du déficit public dans certains pays peu être considérée comme un stimulant, une solution budgétaire pour donner un souffle à l’économie par le biais de la relence de la consommation locale, la politique des grands travaux en vue de générer de l’emploi. Malheusement, l’on assiste plutôt à une mauvaise gestion des fonds publics et un sérieux handicap pour l’investissement privé par l’effet d’éviction sur l’épargne nationale.

Plus grave, dans la présentation du ministre de l’économie et des finances, l’on a malheureuse comme l’impression que, l’augmentation du déficit annoncée se traduit par une augmentation de la richesse nationale. Ce qui n’est pas le cas, étant donné que le niveau de la fiscalité ne change pas,  surtout que c’est les impôts futurs qui sont appelés à financer la dette qui ressort de ce déficit du à une augmentation de dépenses publiques de surcroît improductives.

Il aurait été plus judicieux dans les conditions actuelles, de relancer la production nationale par une politique agricole et le développement de l’agro-industrie dans les secteurs où le Togo beneficie d’un avantage comparatif, avec le développement des agropoles de Kara dont la seule étude du sol a coûté 3,5 milliards sans aucne suite à ce jour, et celui de Abatchang dans la région centrale dont la poussière n’a pas fini de couvrir la première pierre posée par le chef de l’Etat im self au lendemain du soulèvement du 19 Août 2017.

Nous ne le dirons jamais assez, «une économie caractérisée par des déficits persistants, connais toujours un taux de croissance faible, qu’une économique caractérisée par une règle de budget équilibrée », et dans le cas d’un déficit persistant, le gouvernement cour le risque de recourir au financement du type PONZI de son budget, ce qu’il interdit aux autres. D’où la nécessité d’une rigueur et d’une discipline budgétaire qui s’impose à l’Etat.

Pour une économie extravertie comme celle du Togo, des déficits persistants du budget de l’Etat conduisent inéluctablement à la hausse de la dette publique par l’effet d’éviction sur les ressources, réduisant ainsi les dépenses publiques productives.

Comme quoi, la politique de développement nationale ne rime pas avec la politique de l’endettement non contrôlée sans vision et sans ambition, qui s’appuie sur le développement des structures endogènes de production de l’économie.

K.A

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