De l’Art de la guerre selon Assimi Goïta ! [Par Max Dorcinville]

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Assimi Goïta  et ses  compagnons sont en train d’écrire un art de la guerre à la fois asymétrique et hybride qu’il faudra enseigner un jour dans les écoles militaires et de guerre d’Afrique !

Deux coups d’État en l’espace de neuf mois ! Le Général Napoléon Bonaparte a trouvé plus fort que lui !

La guerre asymétrique et hybride a existé de tous temps jusqu’à la guerre conventionnelle ou moderne ! A part les USA qui sont les seuls à avoir utilisé une arme nucléaire en 1945 contre le Japon, il semble que l’on soit à la veille de l’âge de la guerre nucléaire !

Dans la lignée des grands chefs de guerre tels que Chaka Zoulou ou encore Soundiata Keita voire Samory Touré? On n’oublie pas Toussaint Louverture que redoutait déjà  le Premier Consul Napoléon qui aura eu tort de se défaire de ce vaillant général qui aurait pu servir ses ambitions territoriales en Amérique du Nord !

Ce qui est remarquable chez nos Colonels, c’est leur intelligence des situations et leur sens politique bien au-dessus de la moyenne ! Hommes de terrains et d’engagements, fiers et discrets ! Mais efficaces !

Dès leur prise de pouvoir, Assimi Goïta  et ses compagnons ont compris un impératif absolu : Ne pas s’enfermer dans un tête-à-tête solitaire avec le pouvoir français avant de s’assurer une alliance fiable et aussi puissante que les adversaires virtuels. Une sorte de contrepoids pour équilibrer le rapport de forces !

Cet allié sera la Russie, vieille partenaire et soutien indéfectible dans les luttes anti coloniales! Il fallait éviter une erreur fatale à des patriotes comme Laurent Gbagbo !

Ensuite, le pacte entre les cinq  Colonels d’une part et entre les Cinq et le peuple malien de l’autre,  représentant de Celui qui l’a créé ! Au demeurant, ils paraissent si soudés que l’on dirait qu’ils sont chacun un élément d’un Tout : la clé de voûte de la stratégie militaire et politique.

Sur le plan intérieur, l’appui populaire sera la force psychologique sinon motrice pour terrasser les forces étrangères et marginaliser les « collabos »  de l’intérieur voire les mettre en déroute et hors d’état de nuire !

Sur le front diplomatique, ce sera l’apothéose avec  le discours sans concession du Premier ministre par intérim à la tribune de l’ONU où nul n’aura échappé à l’éperon des Colonels maliens. Du Nigérien au Bissao-Guinéen  en clouant au passage le numéro « Un » de l’organisation internationale non sans se rappeler au bon souvenir du pouvoir français.

L’ultime habileté consistera à opposer le Bissau -Guinéen Ombalo et la CEDEAO en semblant prendre parti pour cette dernière comme si les Maliens avaient la mémoire courte !

Mais l’art de la guerre réside aussi et surtout dans l’art d’anticiper le court, le moyen et le long terme, l’après -soi, l’héritage, la poursuite de l’œuvre entamée et jamais achevée ! Autrement dit, la conquête d’une indépendance réelle, œuvre de longue haleine avant la passation inévitable du relais !

Comment rendre l’acquis irréversible et contraignant pour les successeurs quels qu’ils soient ?  Poser cette problématique, c’est poser celle des institutions dont la force résidera dans l’autorité morale des hommes qui en seront les gardiens !  Comment en finir avec les séquelles de la colonisation au premier rang desquelles, des élites incompétentes et corrompues et stopper la néo- colonisation rampante ?

Un constat s’impose à cet égard : la démocratie représentative  imaginée en Occident est en crise, voire en perte de vitesse. Les institutions faites par l’Occident pour lui-même semblent condamnées ! Elles ont perdu leur indépendance et leur prestige par conséquent !

Si pour le président Biden, on va vers un nouvel Ordre mondial, pour nous, il s’agit d’un monde nouveau qui tarde à naître ! La démocratie représentative n’a pas réussi à faire ses preuves sur le continent gangrené de toutes parts des tares congénitales de nos indépendances à reconquérir !

Heureusement que l’on compte encore des patriotes, car sans patriotes, point de luttes patriotiques !

Ces soixante-dix dernières années ont vu se distendre de façon inquiétante, les liens entre les élites dirigeantes assoiffées de pouvoir sans limite et les populations ! Des élites sans perspectives pour leur pays, impuissantes à relever les défis économiques et sociaux agissant juste par procuration ! Pour la plupart d’entre elles, l’ancien maître est « incontournable »! Une démission impardonnable, voire une capitulation avant l’heure, pire une désertion !

Rendre les acquis irréversibles, c’est verrouiller les constitutions en interdisant par exemple, la présence de bases militaires étrangères,  en  adoptant le principe d’une politique monétaire indépendante et souveraine, en  soumettant à référendum la dénonciation de tous accords de sujétion avec l’ancienne Métropole.

Il faudra envisager la renégociation de nombre de traités qui passent par pertes et profits la dignité de l’homme noir et ses intérêts vitaux.

Les populations devront être associées au processus de façon systématique et  par voie référendaire ! Il s’agit de créer un mouvement historique et politique de nature à rendre le pouvoir réel au peuple organisé sur des bases à définir !  L’État devra se contenter d’un rôle d’arbitre et de porte -parole du peuple !

Oui, il est temps de penser des structures en adéquation avec nos réalités et s’engager dans la construction d’un état fédéral authentiquement africain fondé sur la démocratie villageoise autrement dit, sur une démocratie participative !

Max Dorcinville

 

 

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