Togo. Faire revivre nos campagnes : Une des clés du développement !

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NB : Cette réflexion est  destinée aux tenants du pouvoir actuel et à tous les prétendants au pouvoir …

Une des clés du développement est l’Agriculture (et l’Elevage), avec, comme fondation, l’agro-organisation de nos campagnes.  Nous venons de commander une étude  portant sur cinquante (50) villages de la Préfecture d’Amou et les conclusions sont stupéfiantes :

71% des habitants, en moyenne, ont plus de 60 ans ;

Les jeunes aux bras valides, qui travaillent la terre, ne représentent  que 12 % de tous les bras valides  des villages (en moyenne) ;

Les jeunes qui s’adonnent à d’autres activités génératrices de revenues (taxi-moto, commerce, prostitution, démarcheurs de vente de terrain, chauffeurs …) représentent 68% des jeunes résidant dans ces villages) ;

Près de 20% de jeunes « ne font rien », c’est –à-dire qu’ils ne travaillent pas la terre, ne font aucune activité génératrice de revenus, et vivotent, aux dépens de leurs parents (leur mère surtout) ;

78% de ce que consomment les habitants de ces villages, en termes d’alimentation et d’eau, sont apportés par des femmes…

Comme on le voit, les jeunes désertent les villages, pour s’entasser dans nos villes, et ceux qui restent dans  les villages, ne veulent plus travailler la terre,  non seulement pour se nourrir, mais aussi, pour s’enrichir, avec les produits de leurs champs. Au premier rang de leurs griefs, l’archaïsme des outils de productions (houes, coupe coupe, pioches coutelas, paniers etc.…), la mévente des produits agricoles, les prix trop bas des produits vivriers et d’exportation, la monotonie des campagnes, le peu de considération qu’ont pour eux le reste de la population, l’absence de bonnes écoles et de structures sanitaires dans les campagnes et….

A les entendre et en essayant de les comprendre, vivre aujourd’hui dans la campagne, ne donne aucun espoir de vie décente et revient presque « à s’enterrer vivant », selon les mots très amers d’un jeune homme de 32ans !

A notre  indépendance, en 1960, l’autosuffisance  alimentaire était une évidence dans nos régions : autosuffisance quantitative et qualitative. Outre les abondantes cultures vivrières,  les cultures de rente (café, cacao, kapok, coton, palmiste…)  faisaient la richesse  des producteurs. Maisons en dur, voitures, moulins, vespas… les  paysans se le permettaient avec facilité, et d’années en années, ils devenaient de plus en plus riches. Aucun agriculteur n’avait songé à l’exode rural ! Il faisait bon vivre dans nos campagnes. Aujourd’hui, c’est la paupérisation complète et la terre, « qui ne trompe jamais » semble faire exception à la règle … Plutôt, ce sont les paysans qui ne font plus confiance à la terre, pour notre malheur.

Comment régénérer nos campagnes ?

Il faut reconnaître que nous ne sommes plus deux millions, comme en 1960, mais nous sommes six millions aujourd’hui. La démographie n’explique pas notre déchéance, puisque le Togo a une superficie de 56.600 Km2 pour une population de six millions quatre cent mille (6,4M) habitants, alors que les Pays-Bas ont une superficie de 33.000km2 et est peuplé de seize millions six cent mille (16,6M) habitants !

Ces Hollandais sont les citoyens européens les plus riches, toutes conditions sociales confondues, devant les champions allemands !

Nous avons plus de bras valides aujourd’hui, qu’en 1960, mais nous produisons moins aujourd’hui qu’hier ! Les raisons de cette descente aux enfers ont pour noms : la paresse, la mal gouvernance agricole, et la déforestation…

Régénérer nos campagnes, signifie, fixer les jeunes sur la terre fertile, génératrice de revenues importants pour le paysan moderne. Aucun jeune ne veut plus et ne peut plus vivre dans des cases rudimentaires, sans électricité, sans puits dans la cour, sans une petite radio et même une petite télévision dans sa maison. C’est pourquoi, il faut combler le déficit  énergétique du pays et vulgariser et entretenir une hydraulique villageoise performante. Il faut électrifier toutes nos villes et beaucoup de nos villages. Mais où trouver  les ressources nécessaires ? Les ressources sont là, à trouver dans le potentiel agricole de notre pays.

Pour ce faire, il nous faut produire, dans les cinq ans :

300.000 tonnes de coton graine par an (contre 80.000 tonnes  aujourd’hui) ;

600.000 tonnes de cacao (contre 20.000 tonnes aujourd’hui) ;

500.000 tonnes de café (contre 18.000 tonnes aujourd’hui) ;

100.000 tonnes de palmistes (contre  8000 tonnes aujourd’hui)

250.000 tonnes de soja (contre 200 tonnes aujourd’hui) ;

100.000 tonnes d’arachide (contre 5000 tonnes aujourd’hui).

A titre de comparaison :

le Bénin a produit, en 2004 -2006, un record d’environ 427.000 tonnes de coton grainr, pour 332.000 hectares de superficie emblavée ;

la Côte d’Ivoire a produit en 2012, 1,2 million de tonnes de cacao fève (1er prang mondial) ;

le Ghana a produit en 2012, près de 900.000 tonnes de cacao.

Comment faire pour avoir dans cinq ans, une telle production de produits de rente et de produits  vivriers à la hauteur de nos ambitions ?

IL FAUT SUSCITER LA VOCATION D’AGRICULTEURS CHEZ LES JEUNES !

Je propose, pour se faire,  la création de VILLAGES AGRICOLES PILOTES (VAP)…

Un Village Agricole Pilote (VAP) est une communauté de vingt (20) agriculteurs (agricultrices), choisi(e)s par concours (niveau BEPC), et regroupé(e)s dans un village créé  par le gouvernement, sous forme de prêts-bails aux nouveaux agriculteurs   Cent (100) hectares de terres (cinq par agriculteur) seront mis en valeur par nos vingt élu(e)s, qui payeront le prêt à chaque récolte, selon les modalités de paiement retenues au départ , entre la Banque Agropastorale (BAP), qu’il faut créer d’urgence, et les producteurs. Il faudrait cinq VAP par région économique, soit, au total, 25 (vingt cinq) Villages Agricoles Pilotes.

Les VAP seront construits sur des modèles de 20 maisonnettes modernes électrifiées, avec forage d’eau (2 chambres-salon, WC ; douche).

C’est ici que nos ingénieurs agronomes seront sollicités sur le terrain pour apporter leur expertise au projet. Chaque VAP produira du coton, du riz, du café, du cacao, du soja etc. … en fonction  des régions. Sur les cent hectares, cinq (5) doivent obligatoirement être réservés aux productions vivrières, pour nourrir les agriculteurs et leurs familles présentes aux VAP. Un VAP peut décider de ne cultiver exclusivement que des cultures vivrières, par exemple, 50 hectares de culture de maïs et les 50 autres hectares de culture d’haricot,  de mil ou d’ignames…

Pour ne pas être plombé par les aléas climatiques, ces VAP doivent bénéficier de l’expertise d’ingénieurs agronomes israéliens, sollicités en renfort, dans le cadre général d’une coopération TOGO-ISRAEL.  J’avais suggéré la collaboration de cinquante (50) experts Israéliens, pour deux ans…

Ces VAP vont susciter l’émulation des jeunes, qui comprendront qu’être Agriculteur, c’est comme être instituteur, dans la mesure où l’Agriculteur va bénéficier de l’Assurance-malade, comme le fonctionnaire, et qu’il peut même cotiser, pour sa retraite à 60 – 65 ans.

Parallèlement aux activités agricoles, l’élevage minimal doit être greffé à ces structures ; mais l’élevage  intensif fera l’objet d’une publication  ultérieure. Parallèlement  aux VAP, les villages existants feront l’objet de soins particuliers, pour qu’ils soient électrifiés dans la mesure du   possible, et qu’ils bénéficient d’une hydraulique villageoise extensive.

L’autre volet de cette résurrection des campagnes consiste à inciter les paysans à constituer des coopératives agricoles, comme je l’ai indiqué récemment, (et comme le gouvernement le fait maintenant), dans un article. Ces coopératives doivent être de taille moyenne et bénéficier de l’assistance des ingénieurs agronomes Togolais et israéliens. Dans cette direction, des coopératives de producteurs de palmiers à huile doivent être rapidement mises en place, pour que, dans cinq ans, l’usine de production d’huile de palme soit opérationnelle. Nous pourrions produire facilement trois millions de litres d’huile de palme par an, un million  de litres d’huile de palmiste, sans compter ce qu’on peut faire des autres éléments d’un palmier à huile…

Par ailleurs, la production intensive de « gari », à base de manioc, doit être entreprise, pour que, en deux ou trois ans, nous exportions du gari au Nigeria  (les Nigérians sont des  consommateurs frénétiques de « Eba » ou « pinon », en mina, au Gabon, en Guinée Equatoriale , au Cameroun  en Europe et aux USA (pour la diaspora africaine surtout). Idem pour le coprah, que nous ne produisons plus, alors qu’en 1960, on en produisait beaucoup. Planter  et entretenir des cocotiers sur le littoral, est à notre portée…

Le Togo a presque tous les atouts, et nous ne voulons pas en profiter ! Pour quoi importer de l’alcool médical à 95°C pour nos hôpitaux et cliniques, alors qu’un palmier à huile de 20 ans d’âges (limite d’âge)  peut être abattu (et remplacé par une jeune pousse) peut produire 40 à 50 litres d’alcool à 95°C ? Pourquoi  importer du coton hydrophile pour nos hôpitaux et cliniques,  quand nous allons produire 300.000 tonnes de coton ? Pourquoi importer du coton-tige, alors qu’une petite entreprise fabriquerait facilement ces produits ?

Pour faire renaître nos campagnes et les faire vivre et survivre, il faut redynamiser notre Agriculture. Et pour ce faire, il faut créer cette fameuse Banque Agro Pastorale. C’est la Banque Agricole française qui a booster l’Agriculture en France. Il en sera de même au Togo, si on la gère  bien. Elle permettra aussi de mécaniser notre Agriculture, à court et à moyen terme pour accroître nos productions vivrières et d’exportations. Parallèlement, une industrie légère se développera avec  nos productions agricoles. A court et à moyen terme, la campagne peut générer deux cent mille (200.000) emplois directs et indirects, mis à part le volet pastoral que nous développerons  dans une autre rubrique.

Mais, il y a un mais : les aléas climatiques peuvent plomber notre Agriculture, une ou 2 ou 3 années !  C’est pourquoi, il faut faire appel à nos amis israéliens, pour qu’ils nous montrent comment ils ont pu fleurir le désert !

Par Dr David IHOU

 

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