Il faut vite sauver la Télévision Togolaise (TVT), l’une des vitrines du pays pour ne pas dire tout court la vitrine. La première chaîne togolaise n’existe plus que de nom. Infrastructures obsolètes, journalistes démotivés, moyens financiers insuffisants, la Télévision Togolaise a tout d’une chaîne archaïque et dépassée mais rien d’une télévision moderne tournée vers l’excellence. Depuis des mois, 99% des ordinateurs de la maison sont tombés en panne suite à un coup de foudre. Toutes les divisions de la première en sont concernées. La division des actualités par exemple ne dispose même pas d’ordinateurs pour un travail rapide et efficient des journalistes. Les seuls ordinateurs mis à la disposition de cette division sont affectés aux chefs et au secrétariat comme si les journalistes n’en ont pas besoin. Or, dans une rédaction digne de ce nom, l’outil informatique est indispensable. La rédaction de la TVT aurait pu être équipée en ordinateurs de sorte que chaque journaliste en dispose. A l’ère des TIC, l’internet demeure un luxe à la chaîne publique du Togo au point où les informaticiens recrutés pour les besoins de la cause se transforment en « petits patrons » derrière lesquels il faudrait courir matin, midi et soir pour être connecté.
A la TVT, l’on exige du journaliste surtout des présentateurs, l’impossible. Ce qui a un sérieux impact sur le rendement de ceux-ci. Dire que c’est cette chaîne qui couvre toutes les activités du gouvernement au quotidien et ce, à zéro franc mais avec à chaque compte rendu une épée de Damoclès sur la tête du journaliste. Ce dernier ne sachant pas quelle partie de son papier pourrait susciter le courroux d’un ministre ou d’un baronnet du régime qui décrocherait son téléphone pour s’en plaindre au Directeur ou au rédacteur en chef. La pression est permanente sur ce plan.
Dans quelques mois, si tout se passe bien, la TVT sera sur satellite. Alléluia ! 39 ans après la création de cette chaîne, l’heure est ainsi au renouveau avec à la clé une numérisation des équipements. Une résurrection pour cette télévision publique dont les jours étaient comptés à en croire des connaisseurs de la chose. Mais attendant la mue tant attendue par le directeur Kuessan Yovodévi et ses agents, la TVT se meurt sous les yeux de Faure et ses affidés qui en profitent pour soigner ce qu’il reste de leur image sombre.
Certes, le fonds manque le moins à la TVT et les infrastructures datables au carbone 14 ne sont pas pour rendre la tâche facile à Yovodévi et ses ouailles obligés de végéter dans des insuffisances à chaque fois renouvelées. La plus vieille des télévisions du Togo ferait mieux si les autorités du pays l’aidaient à se doter d’équipements modernes et sophistiqués. S’il est vrai que la TVT est morte depuis et ne fonctionne plus que d’une façon artisanale, il n’en demeure pas moins qu’une refonte s’avère nécessaire une fois cette chaîne sur satellite. Le programme, la production, les émissions, l’actualité, les reportages, tout est à revoir pour susciter l’intérêt des téléspectateurs. La TVT fait des efforts certes, pour réaliser des émissions mais celles-ci à peine nées, disparaissent des écrans comme un feu de paille. Ce qui n’est pas sans provoquer l’ire des téléspectateurs qui se détournent de plus en plus de la chaîne mère au profit d’autres, concurrence oblige. Et même, lorsque ces émissions existent, elles ne sont que des copies conformes à quelques exceptions près. Les concepteurs d’émissions ou les producteurs pensant réaliser des émissions qui leur rapportent des subsides et non celles qui accrochent et intéressent le public. L’originalité n’étant pas aussi au rendez-vous.
Si la Télévision Togolaise continue à émettre encore sur environ 90% de l’étendue du territoire, c’est grâce aux efforts des ingénieurs et techniciens dont l’agilité et le savoir-faire ressemblent à la magie. Le matériel dont dispose la chaîne de Yovodévi à ce jour n’existe plus sous aucun ciel dans la sous région. Et même à Lomé, certaines chaînes privées notamment La Chaîne du Futur ou la Chaîne de Faure comme d’aucuns l’appellent, ont des équipements à faire pâlir d’envie plus d’un agent de la TVT. « Notre directeur veut bien faire la télé mais les autorités ne l’aident pas dans ce sens. Tout est encore rigide dans la boîte ; les conservatismes prenant le pas sur l’ouverture, la modernité et l’excellence » laisse entendre un employé sous couvert de l’anonymat.
La TVT peut et doit s’arrimer sur les exigences de l’heure en matière de télévision au risque d’être tout simplement enterrée vivante. Son coma a été long jusque-là. Il urge que les plus hautes autorités s’y penchent sérieusement. La montée sur satellite et la numérisation des équipements promises par le prince, si elles ne sont pas encore des promesses d’ivrognes, tomberaient à pic pour préserver l’ancêtre des télévisions togolaises d’une série d’écrans noirs. Pour l’heure, Kuessan Yovodévi et ses 200 agents toutes catégories confondues se battent toujours comme de beaux diables pour éviter le pire. Mais jusqu’à quand ?
Malika igomzikpé Lynx.info