Putréfaction idéologique : le PS français soutient la « justice des vainqueurs » et la « justice à sens unique » de Ouattara

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Sur le plan idéologique, il est de notoriété publique qu’un gouffre insondable sépare le Parti socialiste français du socialisme scientifique. Mais ceux qui ne veulent pas désespérer de ce parti – il en existe encore – continuaient de vivre sur l’illusion qu’il n’avait pas encore opéré de reniements sur l’attachement à la justice et aux droits de l’Homme proclamé dans sa Charte éthique et sa Déclaration de principes. Comme si la conception du monde du socialisme scientifique admettait l’érection métaphysique de cloisons étanches entre tels ou tels aspects de la théorie et de la pratique.

 Jean-Christophe Cambadélis, député de Paris et « secrétaire national à l’Europe et à l’international » du Parti socialiste, a fait voler ces illusions naïves en éclats. Dans une interview accordée à Christophe Boisbouvier sur les antennes de Radio France internationale (Rfi), le vendredi 15 février 2013, ce théoricien social-démocrate a apporté la preuve que, sur les questions de la justice et des droits de l’Homme comme sur beaucoup d’autres, le parti de François Hollande a atteint un état de putréfaction idéologique avancée.

Point n’est besoin de s’attarder outre mesure sur les professions de foi mensongères de Jean-Christophe Cambadélis sur la « réconciliation » en Côte d’Ivoire. Dès le déclenchement de rébellion fomentée par l’impérialisme français en septembre 2002 avec le concours servile de son homme de main Blaise Compaoré pour installer Alassane Dramane Ouattara au pouvoir en Côte d’Ivoire, le Parti socialiste a soutenu mordicus les rebelles jusqu’au renversement du président Laurent Gbagbo par les forces spéciales dépêchées par Nicolas Sarkozy, le 11 avril 2011. Ni hier ni aujourd’hui, ce parti n’a œuvré par des actes à la réconciliation en Côte d’Ivoire. Il a toujours jeté de l’huile sur le feu.

Sur cette question, la théorie et la pratique du Parti socialiste français sont donc frappées d’une tare rédhibitoire. Le soutien massif de Cambadelis à Alassane Dramane Ouattara et à Soro Kigbafori Guillaume pour réaliser la réconciliation en Côte d’Ivoire trahit le caractère démagogique de sa phraséologie. La réconciliation ne peut être l’œuvre de deux hommes qui en sont quotidiennement les machiavéliques fossoyeurs.

Ci-après, l’extrait de l’interview de Cambadélis consacrée à la Côte d’Ivoire qui nous intéresse davantage.

« Christophe Boisbouvier. En échange de sa participation aux prochaines élections locales, le Front populaire ivoirien (Fpi) de Laurent Gbagbo demande l’amnistie pour tous les prisonniers du parti. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Jean-Christophe Cambadelis. Il y a des fautes et elles doivent être jugées. On verra après si le temps de l’amnistie sera venu, ce que je souhaite.

Christophe Boisbouvier. Certains disent que cette justice est à sens unique ?

Jean-Christophe Cambadelis. Dans le processus qui a traversé la Côte d’Ivoire, c’est souvent à sens unique. Nous avons-nous connu cela dans d’autres phases historiques en France. Il y a évidemment les vainqueurs, mais l’idée fait son chemin et que le président Ouattara a cela en tête. Il faut penser à une réconciliation. » (Radio France internationale, 15 février 2013)

La question de l’amnistie révèle que Jean-Christophe Cambadélis est frappé d’amnésie. Il convient donc de lui rappeler que le Parti socialiste n’a pas désapprouvé l’amnistie générale au profit des rebelles imposée à Linas-Marcoussis au président Laurent Gbagbo et au peuple ivoirien par le gouvernement de Jacques Chirac, sous la houlette de Pierre Mazeaud, le constitutionnaliste français de service, le 24 janvier 2003. (Cf. Accord de Linas-Marcoussis). Aujourd’hui, le Parti socialiste se contente d’un mièvre et hypothétique « On verra après si le temps de l’amnistie sera venu (sic), ce que je souhaite. » Pour les rebelles criminels en mission commandée pour le compte de l’impérialisme français et de son valet Ouattara, le temps de l’amnistie était venu. Pour les dizaines milliers d’Ivoiriens qui vivent les affres de l’exil forcé ou croupissent dans les goulags de Ouattara, on attendra « si le temps de l’amnistie sera venu. » C’est un reniement idéologique honteux pour le Parti socialiste.

Crétinisme et volonté délibérée de propager l’obscurantisme se le disputent dans les propos de Jean-Christophe Cambadélis sur les questions fondamentales de la « justice à sens unique » et de la « justice des vainqueurs » cyniquement exécutées en Côte d’Ivoire par Alassane Dramane Ouattara. Les contorsions intellectuelles auxquelles il se livre pour blanchir Ouattara – il est même dans sa « tête » – ne reposent sur aucun fait indubitablement établi par l’Histoire. Cambadélis ne détermine pas le « processus traversé par la Côte d’Ivoire » et ne désigne pas le coupable qui est mis en cause dans le bout de phrase « c’est souvent à sens unique.» Plus grave, il évoque subrepticement « d’autres phases  historiques en France » au cours desquelles la « justice des vainqueurs » et la « justice à sens unique » étaient mises en œuvre avec l’aval des socialistes français. Quelles sont « ces phases historiques » ? Cambadélis n’aura pas inventé le tripatouillage de l’Histoire pour des desseins inavoués. Dans ce domaine, il ne fait que grossir les rangs du révisionnisme.

Quid de la revendication par le Parti socialiste de « l’abolition de l’esclavage » et « des grandes batailles politiques et intellectuelles pour la liberté et la justice, de l’affaire Dreyfus à l’abolition de la peine de mort. » ? Quid de la proclamation des valeurs de la « Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948» ? Quid de l’attachement du Parti socialiste « aux grands principes de la Justice », à la « protection des libertés tant publiques qu’individuelles. La justice (…) une valeur et une institution (…) garante de la réalité des droits de chacun » qui « doit être accessible, indépendante et égale pour tous » ? (Déclaration de principes du Parti socialiste français). A l’évidence, des mots, rien que des mots qui s’effacent devant les intérêts de la bourgeoisie impérialiste française.

Alassane Dramane Ouattara, Soro Guillaume et les chefs de guerre aux mains à jamais maculées de sang peuvent jouir de la « justice à sens unique » et s’empiffrer impunément sous les lambris du régime installé par les bombes de l’impérialisme international. Ils bénéficient de l’onction et du parapluie idéologiques du Parti socialiste. C’est un véritable blanc-seing donné à Ouattara par le parti de François Hollande, là où même les organisations humanitaires (Amnesty international, Human rigths watch, le Comité international de la croix rouge, la Fédération internationale des droits de l’Homme, etc.) exigent une justice égale pour tous en Côte d’Ivoire.

Sous le rapport de la justice et des droits de l’Homme dans la crise qui déchire la Côte d’Ivoire depuis 2002, Jean-Christophe Cambadélis a étalé la putréfaction idéologique du Parti socialiste français, cet adepte impénitent de la social-démocratie à l’eau de rose.

Deuxer Céi Angela. L’œil du juste

 

 

 

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