Quand Alassane Ouattara dit qu’il a des financements pour reconstruire la Côte d’Ivoire, sous quel angle le voyez-vous ? Les institutions financières internationales, c’est la formule pour la Côte d’Ivoire actuelle ?
Me Cheikh Kouressy Ba : Alassane Ouattara ne reconstruira rien du tout, et il le sait mieux que quiconque pour être un des pions du système inique qui régente le monde ! Il n’a aucun financement et n’en aura pas ! Ceux sur qui il comptait naïvement n’ont pas la tête à ça, leur priorité étant manifestement, dans un contexte de morbidité générale, à trouver de l’argent frais pour voler au secours de nations européennes en faillite tels la Grèce, le Portugal, l’Irlande. Le chouchou de la communauté internationale escomptait que ses parrains lui apporteraient 13 mille milliards de francs Cfa, il n’a pu obtenir, avec des regrets, que… 197 milliards ! Assortis de conseils du genre : faites comme Gbagbo qui ne s’est jamais endetté durant la décennie qu’a duré la crise, malgré la partition du territoire en deux, le maintien d’une seule frontière (avec le Ghana), les détournements par la rébellion des richesses agricoles et minières du pays via les Etats voisins et une certaine organisation internationale, les conditionnalités des institutions anti-vie de Bretton Woods qui ont été tant et si bien respectées qu’elles ont permis à un pays en guerre, gérant 37% de son territoire et assurant tant bien que mal les besoins des 100% de sa population sans tendre la main à quiconque, de voir le bout du tunnel et d’arracher au FMI et à la Banque Mondiale le point de décision !
Madame Doris Ross ne s’y est pas trompé en rendant hommage à la politique économique exemplaire de Gbagbo et à sa saine gestion des finances publiques par ces mots : « Le FMI est strict avec la Côte d’Ivoire mais aussi objectif », cette appréciation venant après les deux prix décernés au pays pour récompenser la meilleure gestion des finances publiques dans un pays en crise.
Le gouvernement de Laurent Gbagbo a réussi, en dépit de toutes les contraintes liées à la guerre, à relativiser et marginaliser le rôle et la place des institutions internationales dans la marche de nos économies. Les socialistes ivoiriens ont montré le chemin à l’Afrique qui veut se libérer : compter sur soi-même et mettre en valeur ses propres ressources. Une des causes principales de la guerre qui a été faite à la Côte d’Ivoire patriotique est à chercher d’ailleurs dans la volonté de porter un coup d’arrêt à cette nouvelle forme de gestion autocentrée avec pour mamelles la refondation et l’économie sociale de marché.
Pour qui veut se persuader que la solution aux problèmes de la Côte d’Ivoire est endogène et ne se trouve pas dans le recours aux institutions internationales ou dans le carrousel de la dette bilatérale, il n’est que de se renseigner sur le bilan de la présence du « brillant » Ouattara à la tête du pays entre 1990 et 1993. Dans cet intervalle il est aux commandes et il a les coudées franches puisque Houphouët-Boigny, malade, se soigne à l’étranger. Le pays n’est pas divisé, il n’est pas en guerre, il n’y a aucun embargo d’aucune sorte, pas d’occupation militaire de l’étranger, donc pas d’effort de guerre.
Notre tête d’œuf, as des théories macro-économiques, poussera pourtant le riche pays dans l’abîme de la faillite avec une rapidité stupéfiante ! Formaté par ces institutions, il était venu appliquer à la lettre un plan-miracle dont la Côte d’Ivoire a mis vingt ans pour se relever ! Vous vous en rendrez compte aisément en passant en revue les statistiques relatives aux agrégats, que je tiens à votre disposition, et en les comparant avec les résultats de la gestion Gbagbo également disponibles.
Cela dit, les fanfaronnades de Ouattara n’émeuvent plus personne car on connait l’homme. Après son grotesque simulacre de travestiture ou simulsacre d’investiture de Yamoussoukro qui a coûté pas moins de 21 milliards de francs dans un pays dévasté par la guerre, il était attendu au tournant. S’exprimant sur une des télévisions de ses sponsors, cette chaîne qui a enfilé les mensonges 24 heures sur 24 six mois durant pour accompagner le coup d’Etat sanglant de la France et de l’Onu qui l’a porté au pouvoir, il s’était permis de tancer Laurent Gbagbo en lançant ces mots : « le président Gbagbo a utilisé l’argent de l’Etat pour se maintenir au pouvoir, moi je vais développer ce pays ! ». Allez demander aux Ivoiriens ce qu’ils en pensent !
Interview réalisée par Camus Ali Lynx.info