« Côte d’Ivoire : 10 ans d’erreurs françaises ! » Voilà l’important thème qui a réuni autour de Jean-Luc Pujo, animateur de la rencontre, Charles ONANA, journaliste d’investigation, auteur du livre : “Côte d’Ivoire le coup d’Etat”, maître Jean Balan, avocat des victimes françaises des douloureux événements de 2004 à Bouaké, Abel NAKI, responsable du mouvement CRI-PANAFRICAIN, et Mme Mireille SAKI, auteur de: ” La charte de l’impérialisme, une charte de la servitude “. Quatre invités importants donc ce samedi 25 mai 2013, dans la salle Loungue du Café le FALSTAFF, sis place de la Bastille à Paris, pour un 24ème café littéraire hyper-républicain.
Ouvrant la série des interventions, le journaliste d’investigation Charles ONANA, a démontré avec beaucoup de dynamisme, les causes profondes de la haine des dirigeants politiques français envers Laurent GBAGBO, l’opposant historique arrivé au pouvoir alors que personne ne l’attendait à ce rendez-vous.
Pour lui, Laurent GBAGBO qui s’est positionné comme l’alternative politique à la fin du règne de Félix Houphouët Boigny, englué dans un système opaque de monopartisme et monolithique avec la France, tenait avant tout à imprimer sa marque sur son pays après toutes ces années de règne sans partage du PDCI, le parti de feu Houphouët Boigny.
L’hostilité des dirigeants français à l’égard de Laurent GBAGBO est donc née du fait que fiévreux à l’idée de perdre les privilèges de la relation de proximité qu’ils vivaient avec Houphouët Boigny au lendemain du changement politique en Côte d’Ivoire, Ils ne voyaient pas d’un bon œil en effet, l’arrivée d’un dirigeant politique atypique qui réclamait la réécriture des principaux contrats économiques avec le colonisateur.
Et comme pour son malheur Laurent GBAGBO n’appartenait à “aucun réseau parisien”, CHIRAC et plus tard SARKOZY ont refusé de laisser en place un dirigeant politique que personne ne cernait. Le journaliste Charles ONANA fera dès lors l’inventaire de la longue liste des artifices et autres prétextes fallacieux utilisés par la France: tentatives de coups d’état, rébellion, affaire Kieffer, bombardement militaire de Bouaké en 2004, pour renverser après 10 années d’harcèlement, Laurent GBAGBO le 11 avril 2011 à la suite du contentieux postélectoral qui l’a opposé à Ouattara Alassane.
LE CARNET DE ROUTE DE L’ARMEE FRANÇAISE…RENVERSER GBAGBO.
A la suite de Charles ONANA, maître Jean Balan, avocat des victimes françaises des douloureux événements de 2004 à Bouaké, dira d’emblée : “Ma conviction intime est qu’on voulait se débarrasser de GBAGBO Laurent…” Expliquant en effet les événements consécutifs à la tentative avortée du président Laurent GBAGBO de libérer son pays en 2004, le juriste fera noter que la fulgurance de la riposte française après la mort des soldats français à Bouaké : destruction à la hache des aéronefs ivoiriens, bombardement du palais présidentiel de Yamoussoukro et du Plateau, n’était rien d’autre qu’un scénario bien ficelé pour opérer un coup de force contre GBAGBO. Pour lui, la réalité est celle-ci : “Les soldats français tués en Côte d’Ivoire lors des événements de 2004 ont été sacrifiés…C’était le prétexte d’un coup d’Etat. C’est indiscutable. C’était le carnet de route de l’armée française…”
L’avocat au barreau de Paris est d’autant plus convaincu qu’il ne comprend toujours pas les raisons pour lesquelles le dossier solide qu’il a constitué et qui identifie clairement la chaine de commandement dans cette affaire et met l’ex-ministre de la défense à l’époque des faits, Michelle Aliot Marie en cause a buté sur le refus de la justice française d’aller au bout des enquêtes. “J’accuse formellement Aliot Marie d’avoir menti. Je sais désormais qu’en France, il ya une catégorie d’hommes politiques qui sont très protégés” dira en conclusion, dépité, l’avocat des victimes.
Pour sa part, Abel NAKI, le responsable du CRI-PANAFRICAIN indiquera au public que la mobilisation des patriotes de la diaspora ne faiblira pas, “Parce que Laurent GBAGBO a gagné les élections en Côte d’Ivoire…” Qui plus est qu’il a été investit par le conseil constitutionnel. Cela devrait suffire poursuivra t-il, pour éteindre toute forme de contestation suscitée et nourrie par Sarkozy au profit de son ami Ouattara : “Le bombardement de la résidence du président Laurent GBAGBO par l’armée française où il se trouvait avec les membres de sa famille et certains de ses proches collaborateurs, s’identifie tout simplement à un coup d’Etat mais aussi à une tentative d’assassinat, comme ce fut le cas pour le guide de Jamahiriya Libyenne, le colonel Kadhafi.” Martèlera Abel NAKI, invitant les résistants Africains à une mobilisation constante pour la libération de Laurent GBAGBO.
Mireille SAKI auteur du très documenté livre : ” La charte de l’impérialisme, une charte de la servitude “quatrième oratrice du jour enfoncera le clou en dénonçant les pactes de servitudes abusivement appelés traités de coopération signés entre la France et certains pays Africains. S’appesantissant sur le cas de la Côte d’Ivoire, elle révélera que c’est le 19 février 1842 que la France conclura son premier traité avec la Côte d’Ivoire. Une situation qui montre clairement que depuis cette date, la Côte d’Ivoire est sous tutelle de la France. “La France n’est pas prête à quitter la Côte d’Ivoire de sitôt…” dénoncera t-elle. Aussi, invitera- elle la nouvelle génération à poser sereinement le diagnostic de cette situation pour en tirer les conclusions les plus utiles.
Pour finir, les uns et les autres ont appelé à la libération du président Laurent GBAGBO injustement détenu à la Haye. A cet effet, et devant le retard dans le verdict de l’audience de confirmation des charges. Maître Norbert Tricaud, conseil du Sénateur Jean Pierre Bemba, détenu également à la Haye dénoncera le manque de sérieux dans les accusations portées contre le président Laurent GBAGBO. En grand connaisseur des rouages de la CPI, il dira : “Dans l’affaire GBAGBO contre le procureur, l’accusation s’est ridiculisée. La nullité des preuves et autres documents comme la vidéo du Kenya attribuée aux partisans de GBAGBO montre bien qu’il n’y a rien de sérieux et de solide contre GBAGBO. Ce qui se passe à la Haye n’est pas le procès de Laurent GBAGBO mais celui de la CPI. L’objectif de toute cette agitation c’est qu’ils veulent tout simplement liquider politiquement Laurent GBAGBO…” clamera l’avocat du dirigeant Congolais.
Augustin Djédjé