Mamadou Koulibaly, grand maître du bla-bla !

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Ce n’est plus un secret. Mamadou Koulibaly, le fondateur de Lider (Liberté et démocratie pour la république), a décidé de combler son faible poids sur l’échiquier politique ivoirien, en jouant le rôle de l’opposant babillard. Rôle qu’il campe d’ailleurs à merveille.

Ainsi, Mamadou Koulibaly qui veut à tout prix se tailler un costume de « contre-pouvoir fort » face au régime d’Alassane Ouattara, ne rate aucune occasion pour répandre aussi son verbiage dans les médias en manque de sensationnel.

On le dit, on le sait, notre « Maadou national » n’a pas la langue dans la poche. Il excelle même dans l’art de la diatribe excessive. Pourquoi ne pas s’en servir pour booster sa carrière politique ? Qui est fou ? Dirait l’autre.

Mais hélas pour le leader de Lider. Les ivoiriens ne sont pas dupes, encore moins ignares. Ils savent bien qu’une chose est de parler pour parler, et qu’une autre est de parler pour dire des choses sensées.

Depuis la création de Lider, son parti politique, Mamadou Koulibaly écrit des papiers, fait des déclarations, donne des interviews dans les médias… Tout récemment, il était sur le plateau de RFI (radio France internationale), puis à « Mutations » un quotidien camerounais. Dans son rôle dit « d’opposant qui ne mâche pas ses mots », il intervient sur tous les sujets d’actualité politique. En langage ivoirien, l’on dira que « sa bouche est dans toutes les sauces ». Mais la question essentielle – par-dessus tout – pourrait être la suivante: que dit Mamadou Koulibaly, à part bien sûr ce que tout ivoirien lucide sait déjà à propos de la dictature avérée d’Alassane Ouattara et du bricolage politique auquel ce dernier s’adonne depuis son accession au pouvoir ? Que dit-il, monsieur Mamadou Koulibaly? Cette question est essentielle pour pouvoir répondre à celle-ci : « pourquoi le dit-il ? ».

Que dit donc Mamadou Koulibaly ? Rien de nouveau en effet jusqu’ici. Sauf que cette fois avec le quotidien « Mutations », il se fait fort malicieux de réveiller les démons – presque – endormis du contentieux électoral de la présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire. A la question du quotidien camerounais : « A-t-il (Laurent Gbagbo, ndlr) gagné les élections ? », Mamadou Koulibaly répond : « Si je ne m’en tiens qu’au résultat, je dirai non ». Et vlan ! Certains ont vite fait de conclure que cette réponse a « jeté violemment le froid dans le dos des partisans de Laurent Gbagbo et des militants du Fpi, créant ainsi chez ces derniers une ambiance bien glaciale ». Quant aux autres, ils jubilaient en arguant qu’il « (…) faut lui savoir gré de reconnaitre que Gbagbo n’a pas gagné les élections ».

La messe pouvait être dite à ce stade des choses, venant surtout de celui qui a été l’un des piliers du parti de Laurent Gbagbo. Mais il faut savoir raison garder, faire taire toute passion excessive et inutile pour analyser – froidement – les gesticulations de celui qui – manifestement – tente tant bien que mal de se mettre en évidence sous les feux des projecteurs, lire entre les lignes de celui qui veut se faire voir et entendre, afin de se donner un semblant de consistance politique.

Ainsi donc, Mamadou Koulibaly affirme t-il que Laurent Gbabo n’a pas gagné l’élection présidentielle de 2010. Pouvait-on s’attendre à autre chose de la part de celui qui, sentant la situation quasiment désespérée – dès le début de la crise – a préféré déserter la maison du parti à la rose ? Non, bien entendu. Cela nous amène à rechercher à répondre à la question : pourquoi le dit-il ?

Avant de noyer son chat…

« Avant de noyer son chat, on l’accuse d’avoir la rage », dit l’adage. C’est ce que Mamadou Koulibaly a accomplit, avant de claquer la porte du FPI, et d’aller créer son propre parti. Et c’est à ce triste exercice qu’il continue de se livrer, même après son départ du FPI.

En suivant attentivement ses affirmations au sujet de Laurent Gbagbo, l’on se rend compte – sans l’ombre d’un doute – qu’il ne voyait plus d’un bon œil Laurent Gbagbo, le leader du FPI. Et ce, bien avant même  l’éclatement de la crise post-électorale.

Selon lui : « Gbagbo a laissé faire tout et n’importe quoi, parce qu’il pensait que c’était le meilleur moyen de montrer sa bonne foi(…). Il a commis une succession de fautes graves et n’a pas tiré les leçons de celles qui précédaient. (…) Gbagbo a catégoriquement refusé de mettre un terme à la crise en portant plainte contre la France à la Cour Internationale de Justice, préférant plutôt faire l’apologie de l’armée française en soulignant, à tout va, son action positive. (…) Gbagbo Laurent a été le meilleur défenseur de la France dans la crise ivoirienne. Il a tout donné aux Français. (…)Gbagbo a offert la Côte d’Ivoire à la France ».

Dès lors, pas besoin de passer par quatre chemins pour comprendre que dans l’entendement de Mamadou Koulibaly, Laurent Gbagbo ne pouvait pas gagner l’élection présidentielle de 2010. Mamadou Koulibaly a donc donné une réponse – à propos du vainqueur de l’élection présidentielle de 2010 – qui définit, non pas celle du peuple souverain de Côte d’Ivoire, mais son approche personnelle, son propre point de vue en dehors de toute démarche objective. On pourrait même se demander s’il a voté pour Laurent Gbagbo au soir du scrutin présidentiel de 2010.

En fait, Mamadou Koulibaly n’attendait qu’une « bonne » occasion pour s’échapper. Naturellement, il peut rejeter la faute sur ses anciens compagnons. « J’ai été chassé du Fpi », lance t-il. Mais en réalité Mamadou Koulibaly qui avait des ambitions secrètes – en voulait plus à Laurent Gbagbo. Ce qu’il n’ose toutefois pas reconnaitre. Or ses propos trahissent son refus de l’admettre.

Quoi de plus naturel que Mamadou Koulibaly s’en aille du FPI ? Cependant, imaginez un instant – qu’après son départ – il affirme que c’est Laurent Gbagbo qui a gagné les élections. Cela remettrait – du coup – en cause la logique sous-jacente à son départ. Or, il lui faut contester aujourd’hui la victoire de Laurent Gbagbo s’il veut continuer à conserver le brin de crédibilité que certains daignent bien lui accorder.

C’est clair : si Gbagbo a gagné les élections, cela signifie que les ivoiriens ont toujours fait confiance à Laurent Gbagbo, malgré tout ce que Mamadou Koulibaly lui reproche. Et donc que, ce qu’il reproche aujourd’hui à Laurent Gbagbo et à son parti, n’est nullement de nature à leur faire perdre l’élection présidentielle de 2010. Il ne peut donc pas partir du FPI et, dans la même foulée, reconnaitre la victoire de Laurent Gbagbo à l’élection présidentielle de 2010. Car la réélection de Laurent Gbagbo après le scrutin de 2010, signifie que son bilan, loin de susciter le blâme du peuple ivoirien a, au contraire réussi à créer un véritable plébiscite en faveur de ce dernier. Toute chose qui est de nature à contredire les propos de Mamadou Koulibaly.

Ainsi, peut-il affirmer que Laurent Gbagbo a gagné l’élection présidentielle et réussir à justifier dans le même temps son départ du parti de ce dernier ? Mamadou Koulibaly le sait, cela pourrait heurter le bon sens. D’où ses démonstrations à deux sous pour éblouir l’opinion publique. Mamadou Koulibaly est parti du FPI, il lui fallait absolument trouver un parfait bouc-émissaire. Et il l’a trouvé en la personne de Laurent Gbagbo.

S’en tenir au résultat? Lequel ?

Laurent Gbagbo a-t-il gagné les élections ? Réponse de Mamadou Koulibaly: « Je ne suis pas le juge des élections. Mais si je ne m’en tiens qu’au résultat, je dirais non ». De quel résultat peut-il bien s’agir ? Sans doute, celui que Youssouf Bakayo, président du « groupement électoral » – en solitaire – a balancé à la presse étrangère au QG d’Alassane Ouattara et précipitamment « certifié » par Choi, l’ex-patron de l’Onuci (Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire) ? Car c’est d’ailleurs le seul résultat, qui déclare Gbagbo vaincu. Mais pourquoi diantre, Mamadou Koulibaly que l’on dépeint comme celui qui « crache des vérités » ferme t-il les yeux sur les fraudes massives et les violations flagrantes des droits de l’homme, orchestrées dans les zones contrôlées par une rébellion totalement acquise à la cause du candidat Alassane Ouattara ? Pourquoi n’entend t-il pas les déclarations des différents observateurs africains de l’élection présidentielle de 2010, à propos des graves irrégularités constatées dans les zones sous contrôle rébellion pro-Ouattara ? Pourquoi ne fait-t-il pas cas de la décision du Conseil Constitutionnel de Côte d’Ivoire?

Qui peut aujourd’hui nier le caractère litigieux du fameux résultat de Youssouf Bakayoko? Peut-on le brandir comme la preuve irréfutable qu’Alassane Ouattara est le véritable vainqueur de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire? Aujourd’hui encore, l’on attend de savoir par quel mécanisme Ouattara a été déclaré vainqueur par la communauté dite internationale, hormis bien sûr les bombes françaises. Si bien qu’aujourd’hui encore, le flou qui entoure les résultats dont se sont servis Youssouf Bakayoko et l’Onuci pour désigner Ouattara comme vainqueur de la présidentielle d’octobre 2010, demeure encore entier dans la mémoire collective. Pourquoi a-t-on refusé un recomptage des voix qui aurait pu permettre de faire la lumière sur ce résultat et préféré – à la place – les bombes de la France ?

Trop facile – pour Mamadou Koulibaly – de dire qu’il s’en tient à ce résultat. On aurait bien voulut – dans un souci de crédibilité, surtout pour ses propos – qu’il nous démontre preuve à l’appui, que le résultat auquel il dit s’en tenir est la preuve irréfutable que Gbagbo a perdu les élections. Hélas non.

Certes, il s’est quant même essayé – curieusement – non pas en s’appuyant sur ledit résultat, mais à travers ce que certains ont appelés « une logique simple » : « Gbagbo a lui-même, une nouvelle fois, mis la Constitution ivoirienne de côté pour faire appel à un panel de chef d’État africains afin de trancher la question de la victoire électorale. Il a indiqué que la décision de ce panel s’imposerait à tous et que si le panel déclarait qu’il avait perdu, il quitterait le pouvoir. Et le panel a conclu qu’il a perdu les élections ». Faux !

Premièrement, Gbagbo n’a jamais fait appel à un panel de chefs d’Etats africains pour trancher la question de la victoire électorale. Il a plutôt demandé la mise en place d’un comité d’évaluation pour procéder au recomptage des voix de la présidentielle de 2010.

Deuxièmement, la démarche de Mamadou Koulibaly n’est ni sérieuse, ni responsable. Pour une question aussi délicate que la désignation du vainqueur de l’élection présidentielle de 2010 – question qui a conduit la Côte d’Ivoire dans la situation chaotique que nous connaissons tous aujourd’hui – on voit bien qu’il tente – tant bien que mal – de se cacher derrière des faits dont lui-même n’a aucune expertise.

Une fois de plus, Mamadou Koulibaly a fait, non pas étalage de ses qualités de politiciens, mais de sa propension au verbiage facile et gratuit. A juste titre, un confrère disait de lui : « C’est d’ailleurs le propre de Koulibaly. Il adore tellement parler qu’il finit  toujours par déparler ». Alassane Ouattara est au pouvoir. C’est un fait. Mais cela ne pourrait éluder les circonstances obscures par lesquelles il y est parvenu.

Finalement, l’on se demande s’il faut-il encore accorder du crédit à ce monsieur, naguère adulé lorsqu’il était au FPI et qui une fois parti, n’a pu remporter le moindre siège à l’hémicycle face à un adversaire apparemment peu redoutable ? Faut-il, surtout prêter une oreille attentive à ce monsieur, passé grand maître dans l’art du parler pour parler, du bavardage inutile, bref, du bla-bla, alors que les ivoiriens désabusés et en proie au chômage, à la cherté de la vie, à la pauvreté et à la misère…, attendent justement des actes concrets de la part de l’opposition ivoirienne pour mettre fin à la gestion approximative du régime ouattariste?

Après ce genre de sorties au cours desquelles il ne cesse de tirer à boulets rouges et très souvent sans fondement valable sur ses voisins de l’opposition, notamment sur le FPI, faut-il croire que Mamadou Koulibaly est encore cohérent envers lui-même, lorsque – dans le même temps – il appelle ce parti et bien d’autres à se mettre ensemble pour créer – d’après lui – une « coalition de rupture » ?

Marc Micael La Riposte

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