Son appel à l’opposition ivoirienne
Mamadou Koulibaly, président de LIDER,appelle à une opposition coalisée pour la rupture en 2015
Le président de Liberté et démocratie pour la République (LIDER), Mamadou Koulibaly, a volé dans les ailes du chef de l’État, Alassane Ouattara, hier lundi 6 mai, au cours d’une conférence-débat au Plateau.
LIDER, qui soufflait sa deuxième bougie, en a profité pour faire le bilan de la gouvernance de l’actuel président ivoirien, deux ans après sa prise du pouvoir. Dans une série de cinq conférences-débats, Mamadou Koulibaly intervenait sur »les propositions de LIDER pour une Côte d’Ivoire meilleure ». Plusieurs sujets brûlants de l’actualité en Côte d’Ivoire ont été évoqués par cet ancien militant et vice-président du Front populaire ivoirien (FPI, parti de Laurent Gbagbo), dont l’insécurité, le foncier rural, les élections générales de 2015, le recensement de la population, la justice. Pour le leader de LIDER, le principal problème à l’ouest du pays, outre le foncier rural, reste la présence dans la forêt du Mont Péko, de »la star du régime Ouattara », Amadé Ouérémi. «Voilà la star! L’intouchable terroriste, maître sans conteste d’une partie du territoire national avec la bénédiction du président de la République, chef suprême des armées, ministre de la Défense, président du Conseil national de la sécurité, président du Conseil national de la Défense.
Si Ouattara ne sort par Amadé Ouérémi de la forêt du Mont Péko, c’est qu’il est complice d’Amadé Ouérémi. C’est une déduction logique», a martelé Mamadou Koulibaly, estimant que le chef de l’État est «incapable» de mettre fin au règne de ce chef de guerre qui sévit dans l’Ouest. Le cinquième conférencier de cette série de conférences-débats s’est aussi prononcé sur «le vote électronique» annoncé par le président Ouattara en 2015. A l’entendre, l’option du vote électronique dans un pays «qui n’a pas de courant», est un gros risque pour les électeurs et les candidats aux futures élections générales. L’une des propositions essentielles pour LIDER, c’est la réforme du foncier rural, qui à l’entendre, devrait se faire en même temps que le désarmement. «L’État fait des offres ridicules aux géomètres chargés de faire la réforme du foncier rural. Il faut donner la terre aux paysans, on les a trop volés comme ça», a crié le patron de LIDER. Avec ce brin d’humour auquel il a habitué ses auditoires, l’éminent économiste a invité le pouvoir à «désacraliser les domaines soi-disant stratégiques comme le pétrole, l’électricité, l’eau», soulignant le fait que le régime Ouattara gagnerait à investir dans le secteur privé, qui est plus pourvoyeur d’emploi, au lieu de s’intéresser essentiellement aux dépenses publiques.
«Une opposition coalisée pour la rupture en 2015»
De façon solennelle, le Pr Mamadou Koulibaly a lancé un appel aux forces politiques de l’opposition au rassemblement contre le régime d’Alassane Ouattara. Mais pour lui, cette opposition qui sera tout aussi forte que le pouvoir, devra mener le débat pour la restauration de la démocratie et le retour définitif de la normalité dans le pays. Ainsi, pour lui, l’opposition devrait se mettre ensemble pour former une sorte de grand parti, pour que «le mandat de Ouattara ne s’arrête qu’à un seul, cinq ans».
De fait, cette opposition devrait faire des propositions concrètes au pouvoir, dont l’adoption d’une «nouvelle constitution pour un régime parlementaire où les députés qui travaillent ne sont pas aux ordres ou à la botte du président de la République». Cette proposition, dira-t-il, viendra mettre un terme «au concentré de pouvoir du président de la République qui fait trop de mal aux Ivoiriens». Une autre proposition de LIDER, s’il est écouté par les autres partis de l’opposition, c’est l’enrayement de l’impunité, avec l’avènement d’une justice impartiale et transparente. «Le président Ouattara et son ministre de la Justice ont affirmé qu’il n’y a pas de prisonnier politique en Côte d’Ivoire. `
La réalité, c’est que les politiciens sont entassés dans les prisons ivoiriennes. Il faut qu’il y ait une justice, que l’opposition connaisse le statut des prisonniers », a-t-il déclaré, revenant sur le cas Laurent Gbagbo. Il s’est offusqué de voir l’ancien président incarcéré à la Haye, alors que son principal adversaire, Alassane Ouattara, ne l’est pas. «On ne peut pas attraper l’un et laisser les autres tourner. Gbagbo est à la Haye, pourquoi Ouattara n’y est pas ? Si la justice reste en l’état, c’est la justice internationale elle-même qui est dans une situation délicate», a-t-il asséné devant plusieurs ambassadeurs européens, posant la problématique de l’impunité sous M. Ouattara.
Pour lui, la justice internationale «doit faire quelque chose», parce qu’à l’entendre, quelle que soit l’issue de la procédure engagée contre Laurent Gbagbo, « il faut que des décisions soient prises, il faut plus de clarté ». C’est en cela que M. Koulibaly a «sonné le tocsin de la mobilisation de l’opposition», un «plaidoyer» pour que l’Ouest soit libéré et que l’État de droit soit restauré en Côte d’Ivoire. «L’opposition coalisée doit obliger Ouattara à libérer l’Ouest, à libérer la Côte d’Ivoire d’Amadé Ouérémi. Sinon, en 2015, on risque tous de se faire massacrer», a-t-il craint. Notons qu’avant lui, des thèmes relatifs à la réconciliation nationale, à la bonne gouvernance, à l’émergence et aux conditions de vie des habitants de la Côte d’Ivoire, ont été débattus.
Hervé Kpodion L’inter
«Le vote électronique coûte plus cher et n’est pas transparent»
A peine annoncée par le chef de l’etat Alassane Ouattara que l’idée d’un vote électronique est vilipendée dans l’opposition. «Un pays où vous n’avez pas de courant, vous voulez faire le vote électronique ! Ou même avec le vote papier, quand il y a plusieurs candidats, les électeurs s’embrouillent ! Le vote électronique coûte plus cher que le vote papier. Et puis, avec le vote électronique, il n’y a plus de transparence du tout. Un pirate qui accède au système d’exploitation, lui, il ne va pas modifier le bureau de vote de Treichville, bureau 4, Youpougon bureau 10…. Lui, il modifie le résultat global des résultats de l’ensemble de la Côte d’Ivoire par un clic. Et vous n’avez aucun moyen de vérifier. Le vote électronique, même dans les grands pays développés, la question de la transparence, du coût et un contrôle est posée», a expliqué, hier, le leader du parti Liberté et démocratie pour la république (Lider), lors d’une conférence publique dans un hôtel d’Abidjan. L’ancien président du parlement en appelle à un front anti-Ouattara, dénonçant « le mensonge au sommet de l’Etat». Le leader de Lider dit redouter également le spectre d’une explosion entre « les deux Côte d’Ivoire qui se côtoient». L’une qui s’empiffre des deniers publics avec « un pipeline branché sur l’argent de l’Etat ». D’autre qui survit grâce à son petit business. C’est la « frange des abstentionnistes» lors des élections. Dégoutée du jeu politicien, elle pense que «tous les politiciens sont les mêmes». Koulibaly, avec sa virulence habituelle, s’insurge contre «le bourrage des prisons». «Le président Ouattara l’a dit. Le ministre de la Justice le répète : il n’y a pas de prisonniers politiques en Côte d’Ivoire. Alors, tous les hommes politiques, les femmes politiques qui sont bourrés dans les prisons là, ce sont des prisonniers de quoi ? Ou, ce sont des prisonniers de guerre, dans ce cas, on n’a qu’à leur appliquer le droit de la guerre. Ou, ce sont des prisonniers de droit commun, on n’a qu’à appliquer le droit qui va avec les prisonniers de droit commun. Sous un autre régime, les gens du café cacao sont restés comme ça en prison pendant très longtemps sans jugement. On ne peut pas construire un pays sous une justice de ce genre-là», s’est-il indigné, indiquant qu’avec le cas Laurent Gbagbo, du nom de l’ancien président détenu à La Haye, « c’est la justice internationale elle-même qui se met dans une situation délicate ». « Plus le temps passe, plus le doute est scellé, nous sommes nargués et on a peur pour cette démocratie. Quelle que soit l’option, il faut que des décisions soient prises, que la communauté internationale soit claire et ferme », a-t-il assuré, prévenant qu’en cas d’impunité d’un camp ou de justice à deux vitesses, le pays ne se divise « en camps commandés » où règnera la loi des armes et du plus fort. Dans la tête de Mamadou Koulibaly, ce sera le rôle d’une opposition forte de demander des enquêtes sur tous les crimes commis y compris celui, récent, de Nahibly. Sa Mission sera, surtout, de remettre les compteurs politiques à zéro, en créant les conditions « ’une présidentielle apaisée et transparente » avant la présidentielle 2015. Notamment, en recomposant la Commission électorale, en actualisant la liste électorale, en définissant un statut de l’opposition et en révisant la constitution en faveur d’un régime parlementaire, afin de mettre fin à «l’hyper présidence». Tout un programme donc.
B. H.
Le Nouveau Réveil