« Ils », ce sont les réfugiés Ivoiriens qui ont cru trouver au Togo, une terre d’asile susceptible de les protéger du régime sanguinaire d’Alassane Ouattara et de leur donner la possibilité de se reconstruire. Hélas, notre pays s’est montré incapable d’être à la hauteur de cette noble tâche. Pourtant, dans nos cultures, l’accueil d’un étranger fuyant un malheur est un devoir sacré. C’est un immense honneur et une grande bénédiction ! On offre à l’étranger son meilleur vin de palme ou sa meilleure bière de mil ; on partage le peu de nourriture que l’on a avec lui ; on l’héberge dans sa meilleure case et on supporte même ses caprices qui du reste, ne se manifesteront que s’il est mal éduqué. Voilà ce que nous enseignent nos traditions.
Oh bien sûr, personne ne s’est jamais fait aucune illusion quant à la volonté de nos dirigeants d’accueillir dignement ces réfugiés. Personne ne s’attendait à un élan d’humanisme de Faure Gnassimgbé et de ses acolytes. Au contraire, après le sort qu’ils ont réservé à Lida KOUASSI, on a tout de suite compris que le régime lèche-cûl Togolais était prêt à toutes les bassesses pour rentrer dans les bonnes grâces d’Alassane Ouattara, et bénéficier par ce truchement de la protection des parrains françafricains de ce dernier. On savait donc que les pauvres réfugiés Ivoiriens ne pouvaient en aucun cas compter sur la protection et le soutien du pouvoir Togolais.
Mais ce qui choque, c’est l’attitude de la population Togolaise et des leaders de l’opposition. Tel Ponce Pilate, Ils se lavent les mains en regardant ailleurs pendant que des réfugiés crèvent sous leur nez ! Cela est d’autant plus choquant que pendant de longues années, la Côte d’Ivoire a été un eldorado pour les Togolais qui y migraient pour faire fortune ?
Mieux, en 1993, au plus fort de la crise, les Togolais ont été très nombreux à trouver refuge au Ghana et au Bénin. Il fût un temps où l’on dénombrait 300.000 réfugiés Togolais dans les pays voisins ! Où sont-ils, ces ex-réfugiés Togolais pendant que les Ivoiriens crèvent à Avépozo ? Ont-ils oublié leur propre passé ? Dorment-ils tranquillement chez eux pendant que des enfants ivoiriens vont au lit le ventre vide ? Ont-ils conscience du drame des femmes ivoiriennes, en grève depuis le 28 février 2013, qui en sont arrivées à retirer leurs enfants des écoles pour protester contre leurs conditions de vie ?
Combien de temps allons-nous laisser perdurer cette situation honteuse qui nous déshonore et qui salit la terre de nos aïeux? Qu’attendons-nous pour aller remettre à leur place ces petits fonctionnaires du HCR imbus d’eux-mêmes et pleins de morgue, qui croient pouvoir tout se permettre alors qu’ils sont en territoire Togolais ?
Ce qui se passe à Avépozo est scandaleux. La souffrance ne devrait pas avoir de nationalité. C’est pourquoi nous lançons un appel aux leaders de l’opposition pour qu’ils expriment leur solidarité aux réfugiés Ivoiriens. De grâce, qu’ils sortent de ce mutisme qui pourrait paraître comme une sorte de complicité avec le régime de francafricain de Faure.
N’oublions pas que la route de l’Histoire tourne. Hier c’était nous, aujourd’hui c’est les ivoiriens. Sommes-nous certains que demain, ce ne sera pas de nouveau notre tour ?
Gaëtan Gbati ZOUMARO
Coordinateur CRI-TD