Ce qui s’est passé ce lundi 12 août 2013 à Bamako semble tellement beau pour être vrai au point que cela a surpris plus d’un observateur de la scène politique malienne. Soumaïla Cissé, challenger d’Ibrahim Boubacar Keïta au second tour de l’élection présidentielle tenue seulement la veille, s’est rendu avec sa famille chez son adversaire pour reconnaître sa défaite et lui souhaiter toute la chance de succès à la tête du Mali.
Mali : Nouvelle leçon de démocratie en Afrique
« Je souhaite sincèrement que le président Keïta réussisse son mandat », a indiqué à la presse Soumaïla Cissé, sans attendre la proclamation officielle des résultats du scrutin. Ce beau geste du leader de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) est assez rare pour être souligné, surtout dans une Afrique francophone habituée aux contestations et crises post-électorales.
Ce n’est ni moins ni plus qu’une belle leçon de démocratie qui est ainsi administrée aux autres leaders politiques africains dont la plupart rechignent à s’avouer vaincus dans une compétition électorale.
Bon perdant, bon joueur
Or, accepter aujourd’hui sa défaite électorale ne signifie nullement que l’on ne gagnera pas une élection présidentielle. La preuve, IBK après avoir perdu deux fois une élection présidentielle, est aujourd’hui en passe d’accéder au palais de Koulouba. Avec la reconnaissance de la défaite de Cissé, c’est un véritable boulevard qui s’ouvre pour Kéita dans sa conquête du fauteuil présidentiel derrière lequel il court depuis une décennie.
En cela, l’acte que vient de poser l’ancien président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) est tout à l’honneur de son pays. Avant la crise ne survienne, le Mali a pendant longtemps été considéré comme un bon exemple de démocratie sur le continent. Et avec ce que vient de faire Soumaïla, l’on n’est tenté de croire que c’est la démocratie malienne qui renaît de ses cendres.
La renaissance démocratique est donc en marche à Bamako. Il appartient maintenant à IBK de tout mettre en œuvre pour que les espoirs suscités par son avènement au pouvoir ne se transforment pas à la fin en mirages. En tous les cas, l’histoire retiendra que Soumaïla Cissé, qui s’est comporté en véritable démocrate, a fait sa part de responsabilité en favorisant une élection plus ou moins apaisée. Bravo à lui et bonne chance au Mali !
Grégoire B. BAZIE
Lefaso.net