Les « ghettos childs » de Victoire Tomégah Dogbé en quête d’opportunités

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« Celui qui se satisfait du présent n’a pas d’avenir », le pasteur d’origine gabonaise Yvan Castano basé en France ne croyait pas si bien dire lorsqu’il faisait cette déclaration. Le peuple togolais et particulièrement la jeunesse est malheureusement dans la position de « Celui qui se satisfait du présent… » et qui « …n’a pas d’avenir ». Entre démission des aînés incapables de montrer la voie à suivre et d’offrir des opportunités, fausses promesses, diversion et farce maintes fois renouvelées, la jeunesse togolaise ballotée de part et d’autre, est obligée de surfer sur la vague de la fatalité. Elle s’est résolue à l’inaction et au laisser-faire au point de ruminer sa colère en sourdine. Des opportunités pour mieux vivre, c’est tout ce qu’elle réclame.  Si Kofi Yamgnane, Shéyi Adébayor ou Didier Acouetey étaient restés au Togo, ils n’auraient pas réussi leur vie et leurs talents auraient été noyés dans les flots d’alcool, le bon sodabi et la médiocrité ambiante dans le pays. Le Togo manque cruellement d’opportunités pour faire éclore les nombreux talents de sa jeunesse.
 
 Pendant que l’on y est, en matière d’opportunités, retenez seulement que celles qui y sont, restent aussi rares que les larmes d’un chien et  sont tout simplement accaparées par les Gnassingbé et leurs potes détenteurs de richesses mal acquises. Nous étions là à scruter le ciel lorsque le prince et ses collaborateurs sont venus nous blaguer avec leur affaire de programme de volontariat national connu sous le nom de PROVONAT. Un programme conçu pour dit-on, permettre aux milliers de jeunes en chômage d’acquérir une expérience pré-embauche.  Dans ledit programme appuyé par les partenaires dont le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le contrat proposé aux jeunes est d’un an renouvelable pendant 5 ans. Mais que deviendront les jeunes après avoir passé un an ou 5 ans d’exercice sur le terrain ? Personne n’ose répondre à cette question. Tout ce que Victoire Dogbé et son bataclan en charge de ce programme disent, c’est le PROVONAT est conçu pour permettre d’acquérir de l’expérience avant d’entrer dans la vie active. N’y avait-il pas mieux que ça à offrir aux jeunes surtout à ceux des ghettos ?  Des milliards seront encore engloutis dans le PROVONAT qui reste loin d’apporter une solution à la crise de chômage au Togo. Or, la jeunesse togolaise est en quête de vraies opportunités pour s’épanouir. Le saupoudrage et le vernissage ne tiennent et ne tiendront jamais la route, Faure et ses collaborateurs le savent. Mais pourquoi s’obstinent-ils alors à concocter des palliatifs au lieu d’aller à l’essentiel, à créer des opportunités dans le pays ? Ainsi, lassés d’espérer sans fin, beaucoup ont pris la clé des champs pour l’étranger. Ceux-ci ont cessé de croire en leur pays verrouillé depuis bientôt cinq décades par une clique au pouvoir. Au moins si cette dernière pensait un tant soit peu au sort des autres. L’Europe, notamment la France, l’Allemagne, les Pays Bas ; l’Amérique communément appelée «States» et dans une moindre mesure la Guinée Equatoriale, l’Afrique du sud et le Gabon sont les destinations les plus prisées par la jeunesse togolaise, celle qui a décidé de fuir le désespoir, le dénuement et la honte pour survivre. Toutes les portes de sortie étant bouchées par les Gnassingbé, proches et alliés. Ces derniers ne voulant pour rien au monde lâcher prise pour permettre à d’autres de faire leur preuve. Ils se plaisent surtout à ne concéder que des miettes aux autres dans un pays où gagner son pain quotidien et dormir au chaud est devenu un véritable parcours de combattant. Malheureusement, aucune lueur d’espoir ne profile à l’horizon condamnant des milliers de jeunes à la vieillesse forcée ou à la mort sans assurance. Pauvres d’eux ! Des générations entières de jeunes togolais sont ainsi sacrifiées sur l’autel de la gloutonnerie du clan au pouvoir.
 
Les «  ghettos childs » du Togo lancent un cri d’alarme à qui veut les entendre. Sous le règne des Gnassingbé, pas d’issue pour eux jeunes des chaumières et des cases en banco. Les étudiants dont la majorité est issue de foyers modestes, l’ont déjà compris. D’autres jeunes de quartiers populaires et défavorisés sont aussi sur le pied de guerre pour ouvrir les yeux à ceux qui refusent de voir et percer les tympans à ceux qui se font sourds.

Une jeunesse qui a cessé de croire en l’avenir et qui se satisfait de son présent malgré elle en est une dangereuse. D’aucuns finissent par s’étioler dans l’alcool et les autres vices de la vie, prêts à tout pour survivre et dire non à la mort. Un danger permanent, une bombe sociale prête à exploser à tout moment. Sur ce plan, il faut être clair. Ce n’est pas en organisant des journées de réflexion sur la politique de développement du chef de l’Etat, journées dirigées par des jeunes repus jusqu’à l’éclatement et surtout en panne d’idées que l’on pourra aider la jeunesse affamée à se tirer d’affaire. A quoi sert-il d’envoyer des jeunes aux vestes dernier cri et sentant l’aisance comme la bande à Noël Depouk’N pour aller blaguer les jeunes déshérités de la volonté de Faure et ses collaborateurs de faire des sauts qualitatifs pour sortir le pays de l’ornière? Les discours creux et vaseux du genre « Aucun sacrifice n’est trop grand lorsqu’il s’agit de la jeunesse » ou « La jeunesse nationale et celle de la diaspora soutiennent la politique pragmatique du chef de l’Etat », sont du passé. Quelle jeunesse aussi sérieuse peut se permettre de soutenir un régime qui n’a que faire de ses cris de détresse ?  Tous les jeunes proches du pouvoir qui se sucrent à deux mains et à qui l’on fournit des moyens pour descendre dans l’arène débiter des histoires à dormir debout, n’ont qu’à mesurer tout le tort causé au pays.

 Au Togo à l’heure qu’il est, l’on ne sait plus à quel âge prend fin la jeunesse d’un individu tant la majorité des jeunes reste sous la dépendance de leurs parents jusqu’à un âge avancé, plus de 45 ans. D’éternels assistés dont le souci majeur est de quitter le pays pour d’autres cieux. Beaucoup ont déjà leur avenir brisé. Cette  génération sacrifiée est la plus amère sur tous les plans. N’allez surtout pas leur ressasser que demain sera meilleur, ils n’y croient plus du tout. Surtout lorsqu’ils voient des retraités depuis des années occuper encore des postes au sein de ce qui reste encore de l’administration publique au Togo.

Un président qui jure la main sur le cœur œuvrer pour la promotion de la jeunesse et qui au même moment taille des places sur mesure aux vieux os en est un flatteur. Au Togo, le cumul de fonctions est devenu un sport national. Petit rappel, le contre-amiral Adégnon Fogan est DG du port autonome de Lomé, président de la délégation spéciale de la commune de Lomé et président du conseil d’administration du CHU-Tokoin. Tout ça pour lui seul. Quel génie ! Arthème Séléagodji Ahoumey Zunu, le rescapé de la Convergence Patriotique Panafricaine (CPP) d’Edem Kodjo est actuel locataire du Ministère du Commerce et de la Promotion du secteur privé, poste qu’il cumule avec celui de Secrétaire Général de la Présidence. Madame Victoire Tomégah Dogbé est en même temps Directrice de Cabinet du Président et Ministre en charge du Développement à la Base. Massina Palouki, le cousin de l’autre embrasse avec deux mains ses postes de Secrétaire Général du gouvernement et de Directeur Général de l’Autorité de Réglementation des Postes et Télécommunications (ARTP) pour ne citer que ces cas.

De quel génie sont dotés ces personnalités pour cumuler ainsi des postes au moment où de jeunes compétents rasent les murs de Lomé à la recherche d’un emploi ? A chaque manifestation de rue, il s’avère compréhensible que les jeunes s’en prennent aux symboles de l’Etat, le même qui a démissionné face à leur cri de détresse et de désespoir. Nous ne faisons pas l’apologie de la violence mais souffrez que nous reconnaissions le degré de colère des jeunes impatients de voir leur pays changé de fond en comble. « Dans ce pays, il n’y a aucune porte de sortie pour la jeunesse. Tout est verrouillé ici à tel point que, seuls ceux qui ont les bras longs comme on le dit chez nous ici, s’en sortent sans difficulté. Les autres  laissés pour compte  étant obligés de lutter pour la survie au lieu de jouir de la vie. La jeunesse togolaise souffre trop parce qu’elle manque d’opportunités comme leurs frères de la sous région. Quand je vois les jeunes béninois venir ici en week-end dans leurs propres véhicules, j’ai le sentiment de me retrouver dans un ghetto sans fin», lâche Modeste Dansou, un jeune diplômé converti en chauffeur de la femme d’un hôtelier de la place. Pendant combien de temps la jeunesse togolaise va-t-elle continuer à lutter contre son ombre et à ne goûter qu’à l’amertume de la vie ?

M’Paka Gnakou Zimbabwé Lynx.info

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