Les femmes et le plaisir

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Nous sommes persuadés que l’homme a toujours eu du plaisir dans la sexualité depuis la nuit des temps, mais que ce n’est qu’aujourd’hui, à la fin du XXe siècle, que la femme de notre civilisation européenne accède à l’orgasme : il s’agit là d’une de nos plus tenaces idées reçues, et pourtant rien n’est plus faux. L’Histoire montre que les femmes ont toujours voulu et su avoir du plaisir.

 Déjà les tablettes babyloniennes parlent de femmes qui courent les aventures, et dont les voisins jasent ; qui trompent leurs époux en cachette ou ouvertement, souvent grâce à l’aide de bonnes amies, certaines abandonnant même leur foyer pour un homme. Des prêtresses écrivent préférer la sodomie afin de ne pas risquer de se retrouver enceintes ; une jeune fille adresse une prière fervente à la déesse pour que son amant dure plus longtemps, et la fasse ainsi jouir.

Jouir sinon rien

En Grèce, les femmes profitent de ce que les hommes ne connaissent pas leur corps (elles ne sont examinées que par des femmes) pour affirmer qu’elles aussi ont une semence, que celle-ci participe pour moitié à la fabrication de l’enfant, et que cette semence n’est émise que quand elles ont un orgasme : si leurs maris veulent un enfant, il faut donc qu’ils les fassent jouir ! Et quand ils sont trop déficients, elles se prêtent entre amies « de ces objets dont la douceur est un rêve, et qui ont une rigidité que les hommes n’atteignent jamais » (texte du IIIe siècle av. J-C). Les Romaines de l’Antiquité n’aiment ni les grossesses, ni les enfants : pour avoir des rapports sans risques, elles n’hésitent pas à faire castrer leurs plus beaux esclaves.

Les femmes du Moyen-Âge ont une liberté qui dépend de leur rang social : la reine de France, Aliénor d’Aquitaine, peut imposer ses amours à son mari le roi Louis VII qui, lui, ne peut absolument pas la contraindre. Il en sera de même tout au long de l’Ancien Régime, et, par exemple, une aristocrate protégée par le roi Louis XIV à la cour de Versailles peut faire embastiller son mari ou le faire renvoyer dans son domaine de province quand elle veut profiter sans réserve de son amant. Quant aux jeunes filles, les théologiens du Moyen-Âge jugent qu’à partir du moment où elles pensent aux hommes et aux rapports, il est normal qu’elles se caressent, ou se servent d’objets imitant le sexe de l’homme, afin de calmer leurs ardeurs et de rester chastes : sinon, la nature est tellement forte qu’elles tomberaient dans le grave péché de fornication en ayant des rapports avec un homme sans être mariées.

Le plaisir inassouvi

Brantôme, dans les « Dames galantes » donne une multiplicité d’exemples de femmes de la Renaissance sexuellement libres, draguant, recherchant leur excitation grâce aux gravures de positions amoureuses ornant les livres de l’Arétin, chevauchant leurs maris ou leurs amants pour mieux en jouir, se servant d’objets, seules ou avec d’autres femmes, se moquant des hommes qui s’épuisent alors qu’elles ne sont pas encore assouvies.

D’ailleurs les théologiens chrétiens de cette époque et de l’époque classique disent toujours qu’il faut qu’une femme jouisse pour être plus sûre de se retrouver enceinte. Donc, que le mari doit tout faire pour qu’elle y parvienne, sous peine de péché, quitte à recommencer si sa femme n’a pas eu d’orgasme alors que lui a déjà éjaculé ; ou à la caresser, si les rapports se montrent inefficaces. Et si rien n’y fait, la femme elle-même doit se caresser pour jouir, sinon elle aurait eu un rapport sans avoir tout mis en oeuvre pour qu’il y ait grossesse, ce qui est un péché.

Lynx.info : Sciences et Santé

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