Les dessous de François Compaoré surnommé « petit président » au Burkina Faso quand Blaise Compaoré avait le vent en poupe

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François Compaoré est né le 11 janvier 1954 à Ouagadougou. Il est le frère cadet de l’ex président Burkinabé Blaise Compaoré qui a dirigé l’Etat Burkinabé du 15 Octobre 1987 au 31 Octobre 2014.

Depuis la prise du pouvoir par son grand frère en 1987, il a toujours été au cœur de la gestion de l’Etat. A partir de 1989, François Compaoré devient officiellement le Conseiller Economique à la Présidence du Burkina-Faso. À ce titre il est chargé de mission auprès des Institutions Internationales.

François Compaoré est un personnage atypique sur l’échiquier politique Burkinabé. Introverti et très réservé, il était méconnu du public jusqu’en 1998 année de l’assassinat du journaliste d’investigation Norbert Zongo.

C’est grâce à ce journaliste que le public a entendu parler de François lorsque ce dernier a commencé à publier des articles sur l’affaire David Ouédraogo qui était le chauffeur de François Compaoré. Norbert Zongo avait fait état de l’assassinat de ce dernier par tortures par des militaires dans les locaux du Conseil de l’entente qui est le quartier général du Régiment de la Sécurité Présidentielle. Selon les récits dans les enquêtes menées par Norbert, il est ressorti que c’est une affaire du vol d’argent d’une somme de 19.870. 000 francs CFA (Dix-neuf millions huit cents soixante-dix mille francs CFA) qui avait eu lieu le 04 décembre 1997 au domicile de François Compaoré. François Compaoré aurait donc conduit tous les employés de la maison dans les locaux du RSP. Pour extorquer l’aveu aux accusés, les militaires leur auraient infligé des tortures jusqu’à ce que David Ouédraogo y ait laissé la vie.

A partir de ces faits, Norbert Zongo n’a cessé de réclamer justice pour David Ouédraogo en exigeant que « le petit président » réponde devant la justice. Norbert commentait sa position, en disant que l’existence du vol ou pas n’était pas son problème. Pour lui, François doit expliquer à la justice pourquoi, il n’a amené ses employés à la gendarmerie conformément aux lois d’un Etat de droit et pourquoi au camp militaire ?

Le 13 décembre 1998, Norbert Zongo a été assassiné par les éléments du RSP. Suite aux enquêtes menée par une Commission d’Enquête indépendante, un lien de cause à effet a été établi entre l’affaire David Ouédraogo et l’Assassinat de Norbert. C’est à partir de cet instant que tous les Burkinabé ont réussi à mettre un visage sur « le petit président ».

Grace au lien familial avec le président Blaise Compaoré, la justice n’a jamais pu faire véritablement son travail afin de mettre aux arrêts François Compaoré. Mais l’assassinat de Norbert Zongo et de ses 4 compagnons lui est resté coller et il doit en répondre au moment opportun.

Personnage discret, François Compaoré a la réputation de tout contrôler et de décider de tout. C’est un véritable homme de l’ombre de Blaise Compaoré qui a patiemment construit des réseaux pour devenir l’homme le plus puissant du Burkina Faso. Depuis l’assassinat de Norbert Zongo, il a connu une ascension fulgurante pour se protéger contre la justice.

C’est quelqu’un qui a compris très tôt que dans un pays aussi pauvre comme le Burkina Faso, l’argent pouvait mettre les gens au garde à vous, quand bien même, il n’est pas aimé.

En 1994, il épouse Sallah, la fille d’une dame d’affaire du nom de Alizeta Ouédraogo alias Alizeta Gando. Cette alliance s’est avérée très vite opportune pour les deux familles pour bâtir un empire économique au Burkina Faso. Grace à cette union, François Compaoré profite de la politique des privatisations initiée par le Programme d’Ajustement Structurel pour accorder un monopole de fait à sa belle-mère pour l’exportation des cuirs et peaux. Ensuite, il s’associe de façon non officielle pour avoir le monopole de plusieurs secteurs économiques très rentables, tels que le BTP et le secteur des promoteurs immobiliers notamment les crédits baux. En très peu de temps, le couple devient multi- milliardaire. C’est ainsi que madame Alizeta Gando est surnommée la « belle-mère nationale ».

Avec le réseau mis en place, il s’est incrusté dans toutes les sociétés d’exploitation d’or au Burkina Faso. Les sociétés sont obligées de lui octroyer gracieusement des actions et d’accepter qu’un de ses proches ait un œil sur les mouvements des dites sociétés. Faute de quoi, ces entreprises peuvent se voir retirer leurs licences d’exploitation. En plus, les recrutements, paiement des salaires et d’autres services au sein des sociétés d’exploitation d’or sont assurés par l’une des entreprises de François.

Le ministre du commerce d’alors qui quémandait la bienveillance du régime à son égard, a accordé des monopoles de faits à des proches de François Compaoré en matière d’importation du ciment, du riz et des motocyclettes.

Au début des années 2000, lorsqu’il a pu constituer son empire économique, François Compaoré a étendu son emprise sur la sphère politique. Il a commencé à s’immiscer dans les nominations des ministres et parfois même des premiers ministres. On lui découvre à cet instant le talent du créateur des associations à but non lucratif mais avec un fond très politique. Ainsi, à partir de 2005, il fait fusionner toutes les associations dont il était parrain pour donner naissance à une grande association nationale du nom de FEDAP/BC pour soutenir son grand frère dans ses actions politiques. Depuis la création de FEDAP/BC, on a compris dans ses manœuvres qu’il nourrissait l’ambition de devenir le candidat du CDP, le parti au pouvoir afin de succéder à son grand frère après 2015.

Devenu très riche, François ne pensait qu’au pouvoir politique. Au début de 2010, sa volonté de neutraliser les résistants à son ascension le conduit à virer les premiers ténors du parti CDP pour les remplacer par une génération, en l’occurrence ses propres amis. Ceci entrainera la disgrâce de certains ténors comme Salif Diallo, un proche ami de Blaise, Roch Marc Christian KABORE, ex premier ministre et ex président de l’assemblée Nationale et Simon Compaoré l’ancien maire de la ville de Ouagadougou. Ces trois leaders finiront en 2013 par démissionner pour créer leur propre parti, le MPP. On peut dire qu’à cause de lui, le président s’est séparé de ses fidèles lieutenants.

Le personnage atypique qu’est François Compaoré résulte de son caractère d’homme froid, effacé mais qui vise le pouvoir absolu. Sa boulimie du pouvoir et de l’argent l’aurait rendu partisan des pratiques sataniques et fétichistes. Ainsi, en 1997, les informations révélaient qu’il aurait sacrifié des albinos dans son domicile dans le but de fructifier sa richesse et protéger le pouvoir de son frère.

L’affaire dite « des Albinos » est restée mystérieuse .Mais après sa fuite, les manifestants, semblent-ils, ont trouvé des images qui ont traits aux sacrifices d’albinos qui ont eu lieu à son domicile. Mais depuis son exil, il s’en défend en disant que c’était des œuvres d’art plastiques réalisées par sa fille à l’école Française Saint Exupéry de Ouagadougou.

Pour terminer, plusieurs dossiers trouvés à son domicile laissent entendre qu’il suivait de près les dossiers judiciaires sur David Ouédraogo et de Norbert Zongo. Le moins qu’on puisse dire, c’est que François Compaoré a été au cœur de toutes les dérives du régime Compaoré. D’aucuns pensent que la population lui en veut et l’en voudra toujours plus que Blaise Compaoré lui-même.

Dossier réalisé avec la collaboration du juriste burkinabé, résidant à Paris, Ibrahim Ilboudo

Fabbi Kouassi

Togo-online

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