PRESIDENTIELLE 2015 AU TOGO : Faure sur les traces de son mentor Blaise Compaoré

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 En termes clairs, cette Constitution taillée sur mesure par Gnassingbé père, fait largement l’affaire de son rejeton, aujourd’hui au pouvoir .

Le débat sur la limitation des mandats présidentiels s’invite à présent au sein de la classe politique togolaise. 2015, on le sait, est une année électorale dans ce pays où le pouvoir, depuis plus d’un demi-siècle, reste une affaire de famille. En l’occurrence, la famille Gnassingbé. Galvanisés par le souffle de la révolution burkinabè, les leaders de l’opposition togolaise ont, à leur tour, demandé à Faure Gnassingbé qui a remplacé son général président de père, Gnassingbé Eyadéma, et qui totalise déjà 2 mandats, de mettre fin à toute velléité de briguer un troisième mandat. Chose que Faure Gnassingbé n’entend pas de cette oreille. Car, pour lui, il s’agit avant tout de respecter seulement la lettre de la Constitution togolaise. Si le président Faure s’engage à respecter la loi fondamentale du pays, le hic, c’est qu’il n’hésitera manifestement pas à s’en servir pour tuer la démocratie, en confisquant toute possibilité d’alternance.

Car derrière cet « acharnement » à ne pas toucher à la Constitution, il y a la volonté d’user et même d’abuser d’une faille de la Constitution togolaise qui ne prévoit pas de limitation des mandats présidentiels. En termes clairs, cette Constitution taillée sur mesure par Gnassingbé père, fait largement l’affaire de son rejeton, aujourd’hui au pouvoir .

Pour réussir à inscrire donc la limitation des mandats présidentiels dans la Constitution, l’Opposition togolaise devrait d’ abord ferrailler dur pour obtenir une modification de la Constitution. Mais pour Faure, fervent défenseur du texte fondateur, « le respect des dispositions constitutionnelles est un gage de stabilité ».

Mais ce dont il s’agit ici, c’est plus la question de la légitimité que celle de la légalité. Or, c’est ce même débat qui a secoué le Burkina Faso et qui a emporté, le 31 octobre dernier, le régime de Blaise Compaoré. Faure n’a-t-il pas retenu la leçon ? Serait-il alors sur les traces de son mentor ? Tout porte à le croire, surtout qu’à l’image de Blaise Compaoré, il s’est lui aussi entouré de son clan et surtout, de beaucoup de flatteurs qui l’assurent sans ciller, que le peuple est toujours derrière lui. Décidément, les dictateurs ne tirent jamais leçon de l’histoire.

Ce qu’il faut déplorer dès à présent, c’est le silence coupable de l’UA et de la CEDEAO

Tous ont toujours cette mauvaise habitude de croire que les révolutions n’emportent que les autres. Jusqu’à ce que la colère du peuple les emporte, malgré toutes les précautions dont ils se seront entourés.

Pourtant, alors que les murs de l’Hémicycle ravagé par les flammes de la colère du peuple burkinabè, étaient encore fumants, alors que les carcasses de voitures brûlées jonchaient encore les rues de la capitale burkinabè, Faure Gnassingbé a été envoyé par la CEDEAO à Ouagadougou pour « aider le peuple burkinabè » à sortir de l’impasse. D’aucuns disent même que la CEDEAO l’aurait envoyé pour qu’il constate de visu ce qui est arrivé à son mentor et qu’il en tire toutes les conséquences. Hélas, Faure donne plutôt l’impression de n’avoir tiré aucun enseignement. Il fait preuve d’un autisme et d’un aveuglement suicidaires. A moins qu’il n’ait préféré plutôt chercher à déceler ce qui n’a pas fonctionné dans la stratégie de conservation du pouvoir de Blaise Compaoré.

En attendant, la rue à Lomé s’anime chaque jour un peu plus. Le bras de fer a commencé et l’Opposition promet que le peuple en sortira vainqueur.

Reste une question : quelle attitude adoptera l’armée togolaise quand s’annoncera qui sait, le grand soir ? Saura-t-elle, comme celle du Burkina, rester du côté du peuple ?

Ce qu’il faut déplorer dès à présent, c’est le silence coupable de l’UA et de la CEDEAO. Comme dans le cas du Burkina, ces deux syndicats des chefs d’Etat observent, jusque-là, un silence complice.

Dans tous les cas, si le peuple togolais a soif de liberté, aucun homme fort, dût-il s’appeler Faure, ne pourra l’empêcher de faire sa révolution.

Dieudonné MAKIENI

Le Pays

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