Leçon de Géostratégie Africaine n°84: Suspension de la télévision ‘Afrique Média’ – la France et les Etats-Unis financent-ils Boko Haram ? [ Jean-Paul Pougala]

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 Je vous invite un instant à poser la question de savoir de façon objective si la France et les États-Unis soutiennent ou non Boko Haram ?

Et le quotidien de citer les accusations faites contre la chaine télévision inculquée « Afrique Média » par l’organe officiel camerounais de régulation des médias appelé : Conseil National de Communication (CNC) à savoir, accuser la France et les Etats-Unis de soutenir les islamistes Nigérians de Boko Haram.

Revenons à l’accusation qui vaut la suspension d’Afrique Media. Cette chaine est accusée d’avoir calomnié la France et les Etats-Unis. Est-ce qu’on éteint les répétiteurs d’une télévision ou d’une radio pour une accusation de calomnie ? J’ai l’habitude d’appeler les médias occidentaux de Média-Mensonge, pour la tonne de mensonge qu’ils déversent sur leurs propres populations.

La dernière en date, c’est la difficulté des éleveurs de porcs français dues à une abondance de la viande de porc sur le marché français après les sanctions russes sur la viande en provenance d’Europe. Mais à aucun moment ces médias ne feront le lien et continueront de nous dire que c’est la Russie qui est en difficulté. En Lybie, ces médias avaient accusé le guide libyen d’avoir tué 10.000 de ses citoyens en seulement un mois.

Est-ce que pour cela nous avons un jour demandé leur fermeture ? Ils ont dit que nous avions tous le sida et ont construit autour de ce gros mensonge tout le dénigrement des années 80 contre l’Afrique.

Est-ce pour cela que nous avons demandé leur fermeture ? Ils ont appelé Maquisards, nos résistants qui se battaient contre les camps de concentration au pays Bassa et Bamilekie avec un génocide qu’ils n’ont jamais reconnu alors qu’ils semblent si sensibles au génocide arménien, est-ce pour cela que nous avons cessé de les écouter ? C’est quoi donc la liberté d’expression ?

Puisque la procédure judiciaire est en cours, et pour laisser la justice faire son travail, je ne vais pas parler de Afrique Media. Je vais oublier un instant ce dont elle est accusée. Je vous invite un instant à poser la question de savoir de façon objective si la France et les États-Unis soutiennent ou non Boko Haram ? Et pour y parvenir, je vais me servir comme d’habitude des acteurs qui font face à ce problème.

Et nous allons très vite nous rendre compte qu’à cette question, 2 des 3 chefs États qui combattent Boko Haram semblent répondre par l’affirmative, le Nigeria et le Tchad. Pour finir, si les accusations formulées de façon officielle par les pays africains ne sont pas suffisantes, nous irons aux Etats-Unis, pour écouter un troisième son de cloche, pour voir un peu plus clair sur cette histoire de qui et comment se financent les groupes terroristes islamistes aujourd’hui.

A- LE NIGERIA ACCUSE LES ÉTATS-UNIS ET L’EUROPE DE SOUTENIR BOKO HARAM

Nous sommes le lundi 20 juillet 2015, durant sa première visite à la Maison Blanche, le nouveau président nigérian M. Muhammadu Buhari, déclare face au président Obama que ce dernier soutient Boko Haram. Voici ses propos tels que l’agence Reuters nous a communiqués :

« The US has « aided and abetted » the Boko Haram Islamist militant group by refusing to provide weapons to Nigeria ».

En d’autres termes : « Les États-Unis «aident et encouragent» le groupe militant islamiste Boko Haram en refusant de vendre des armes au Nigeria »

Oui, vous avez bien compris. Le Nigeria vit sous embargo américain sur les armements, embargo respecté et appliqué par tous les Occidentaux, soi-disant parce que ce pays ne respecte pas les droits de l’homme. Les mots du président nigérian sont sans appel : les Américains non seulement « aident » mais encouragent Boko Haram en se cachant derrière une loi dite appelé Leahy Law qui lie les ventes d’armes américaines au respect des droits de l’Homme.

C’est ce qui va expliquer que souvent Boko Haram est mieux équipé que l’armée nigériane. Et c’est tout naturel que souvent, vue la supériorité des équipements de Boko Haram, l’armée nigériane ne pouvait battre qu’en retraite. Les Occidentaux font diversion en renvoyant cette débâcle à la corruption de l’armée nigériane.

Le plus choquant dans cette stratégie du mensonge entretenu nous vient de la chaine publique britannique BBC qui a une méthode à elle de dénigrer le Nigeria et d’éviter cet embargo qui a été déterminant pour permettre à Boko Haram de se développer de façon sereine sur le territoire nigérian, c’est de donner le chiffre de morts nigérians à cause de Boko Haram (10 000 selon leur dernier décompte) et toujours flanquer à côté le nombre de morts dans les rangs non pas de Boko Haram (8 000), et non pas à une bataille régulière mais des hommes et garçons en détention, sous la torture parce que suspectés d’appartenir à Boko Haram.

C’est-à-dire que les Britanniques participent à justifier l’embargo en ne donnant jamais le nombre de membres de la secte islamiste Boko Haram tués par l’armée nigériane, mais en présentant ces morts comme des innocentes victimes tuées par erreurs par l’armée nigériane juste parce que suspectées d’appartenir de Boko Haram.

Pour confirmer que ce sont bien tous les pays occidentaux qui appliquent l’embargo américain sur les ventes d’armes sophistiquées au Nigeria, voici ce que déclare le 7 août 2015, depuis Abuja, le correspondant de la télévision publique britannique BBC, Bashir Sa’ad Abdullahi :

« The US’s stance has effectively stopped other Western countries from selling sophisticated military hardware to the country (Nigeria) ».

Face à ce problème c’est le Président Buhari lui-même qui annonce lors de la remise des diplômes de sortie aux nouveaux officiers de l’armée nigériane, le 6 août 2015 dernier que le Nigeria va construire une usine pour fabriquer elle-même les armes sophistiquées sous licence russe qui lui font défaut. Le président Buhari dit en détail :

« The defense ministry had been told to develop plans for a « military industrial complex, » (…) Nigeria is going to establish a domestic weapons factory in an effort to cut its dependence on imported arms. (…) Nigeria must evolve viable mechanisms for near-self-sufficiency in defense equipment that it usually imports. »

En d’autres mots, le président nous dit d’avoir demandé à son ministre de la défense d’élaborer un projet pour un véritable complexe militaro-industriel pour produire les armes que le pays a des difficultés à importer. Le Nigeria doit s’orienter vers un mécanisme d’autosuffisance en équipements de défense qu’il importe habituellement.

Nous sommes très loin d’un Goodluck Jonathan qui, oubliant l’embargo américain qui empêche son armée de défendre sa population, demandait de l’aide des Américains pour combattre le groupe islamiste. Voici ce qu’il déclare dans une interview du 13 février 2015 au journal américain Wall Street Journal « (Les Américains) sont nos amis. Si le Nigéria a un problème, et bien j’attends des États-Unis qu’ils viennent nous aider »

B- LE TCHAD ACCUSE LA FRANCE DE LIVRER LES ARMES A BOKO HARAM

Nous nous trouvons à Yaoundé, le 4 mars 2015, lors de sa visite de travail au Cameroun avec son homologue camerounais, le ministre tchadien de la Communication, Hassan Sylla Ben Bakari annonce que « 40% des armes saisies par les forces armées du Tchad aux combattants de Boko Haram sont de fabrication française » selon les informations fournies par l’agence d’information Anadolu Agency. Le ministre Bakari ajoute :

« Mon pays montre ces images et continuera de les montrer afin que ceux qui les fabriquent sachent que ces armes ne se retrouvent pas là où elles doivent être »

Et son homologue camerounais M. Issa Tchiroma présent à cette conférence de presse renchérit avec ces mots :

« Aucun pays africain ne fabrique ces armes. Tous les pays africains en achètent auprès de pays comme la France, la Russie, les États-Unis. »

Mais comment les armes françaises ont-elles pu se retrouver entre les mains de Boko Haram au point de constituer les 40% de son arsenal tel que énuméré par les tchadien ? La réponse, comme nous la verrons plus tard, fournie par le quotidien américain le New York Times.

Restons sur les accusations qui ont abouti à la suspension de la chaîne de télévision Afrique Media, que répond la France aux accusations du ministre tchadien de 40% des armes saisies à Boko Haram qui sont françaises ? Rien. Voilà un accusé qui devant un tribunal s’arroge la faculté de ne pas répondre à des accusations soutenues par des faits vérifiables et c’est une chaîne de télévision qu’on veut condamner parce qu’elle en a conclu que ce silence signifie son aveu de culpabilité. Cela est quelque peu étrange.

Chaque pistolet, chaque mitrailleuse comme chaque téléphone portable porte un numéro de série ou n° matricule. Chaque fabriquant tient un cahier de registre contenant les matricules pour assurer la traçabilité de ce qu’on vend. Ceci est valable pour les yaourts, comme pour les biscuits afin de remonter à la source de problème en cas d’empoisonnement des consommateurs par exemple, pour retirer les lots incriminés du marché.

Ceci est encore plus vrai pour les marchés très réglementé des ventes des armes, où les Nations Unies n’autorisent les ventes d’armes qu’aux Etats, ou aux entreprises ayant des autorisations spéciales des Etats de le faire. Ainsi, la France devrait assez facilement nous dire à qui elle a vendu les armes correspondant aux numéros de matricule en possession du gouvernement tchadien.

Pourquoi ne le fait-elle pas ? Est-il légitime pour une télévision camerounaise de s’étonner de ce silence de la France sur la traçabilité des armes qui sont entre les mains d’un ennemi qui a déjà fait plus de 10.000 morts dans le seul Nigeria ? Et que 80 000 militaires nigérians et 14 000 militaires camerounais ne parviennent pas à stopper ?

C- LE NEW YORK TIMES ACCUSE LA FRANCE D’ETRE LE PREMIER FINANCEUR DU TERORISME ISLAMISTE

Nous sommes le 29 juillet 2014. Dans le quotidien américain New York Times paraît un article publié sous la plume du journaliste Rukmini Callimachi présentant une très sérieuse recherche faite sur les financements du terrorisme international avec le titre accusateur:

« Paying Ransoms, Europe Bankrolls Qaeda Terror »

C’est-à-dire, en payant les rançons, l’Europe finance le terrorisme. Cette fois-ci, Rukmini change d’angle de vision. Plutôt que de se demander qui a financé tel groupe islamiste, il pose une autre question : qui a payé la rançon qui sert au financement premier des groupes terroristes islamistes ? Et à la tête de son classement, se trouve la France.

L’auteur de l’article commence son récit au Mali en 2003 et explique comment les Européens ont financé le terrorisme au Mali et ont permis les évènements qu’on a ensuite trop facilement attribué à des fous venus de Lybie. Voici ce qu’il écrit :

« BAMAKO, Mali — The cash filled three suitcases: 5 million euros. The German official charged with delivering this cargo arrived here aboard a nearly empty military plane and was whisked away to a secret meeting with the president of Mali, who had offered Europe a face-saving solution to a vexing problem. Officially, Germany had budgeted the money as humanitarian aid for the poor, landlocked nation of Mali. In truth, all sides understood that the cash was bound for an obscure group of Islamic extremists who were holding 32 European hostages, according to six senior diplomats directly involved in the exchange. »

En d’autres mots :

« BAMAKO, Mali – L’argent comptant remplit trois valises : 5 millions d’euros. Le fonctionnaire allemand, chargé de réaliser cette cargaison est arrivé à bord d’un avion militaire presque vide et a été emmené à une réunion secrète avec le président du Mali, qui avait offert à l’Europe une solution pour sauver la face à un problème épineux. Officiellement, l’Allemagne avait budgétisé l’argent de l’aide humanitaire pour les pauvres, pays enclavé du Mali. En vérité, toutes les parties savaient très bien l’argent était destinée à un obscur groupe d’extrémistes islamiques qui tenaient 32 otages européens, selon six diplomates de haut rang directement impliquées dans l’échange.»

La suite 10 ans après au nord du Mali, de la conséquence de ce financement de 5 millions d’Euros par les européens à un groupe terroriste, on la connait. Avec au final, la France rentrera dans le pays en sauveuse. Le président Hollande dira même que c’est le moment le plus important de sa vie.

Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui dans l’analyse de Rukmini Callimachi est les accusations faites de façon plus précise contre la France. Il établit un tableau des otages kidnappés dans le monde et les rançons payés. Il en ressort qu’entre 2008 et 2014, pour libérer 10 otages, la France a déboursé la somme de presque 60 millions de dollars, et, pour être plus précis, 58,10 millions de dollars. Il en ressort qu’avec seulement 65 millions d’habitants, la France arrive en tête des otages dans le monde.

Pire, avec 17 otages, la France compte autant d’otages que l’Espagne, la Suisse, l’Autriche, le Canada, l’Allemagne et l’Italie réunis. Et l’auteur de se poser la question légitime de cette surreprésentation de la France. Il en ressort que pour se financer, les groupes terroristes ont un bon client qui est la France. Par exemple, l’analyse montre que pour une population totale de 375 millions d’habitants, le Royaume unis et les États-Unis d’Amérique pour la même période de 2008 à 2014 n’ont connu que 5 prises d’otage.

En effet, les terroristes savent d’emblée que ces 2 pays-là ne paient pas de rançon et donc, n’en capturent pas les ressortissants. Ce qui n’est pas le cas de la France qui paie toutes les rançons sans à aucun moment se demander ce que deviendra autant d’argent versé à des terroristes sans scrupule. Et l’auteur de conclure que selon l’administration américaine, la France en payant les rançons est devenu la première source de financement du terrorisme islamiste surtout en Afrique.

C’est aussi cela le revers de la démocratie au suffrage universel. Pour amadouer l’opinion publique, les politiciens français aiment se faire photographier à l’aéroport avec les anciens otages à peine libérés. Il parait que cela crée une forte adrénaline dans l’émotivité populaire française. Et du coup, c’est comme si ces politiciens souhaitaient que l’on capture d’autres Français en otage pour ensuite les libérer et s’afficher à leur côté.

Combien la France a-t-elle payé pour financer Boko Haram pour obtenir la libération de ses nombreux citoyens pris en otage dans le nord du Cameroun ?

Pour lire l’analyse complète de Rukmini, cliquer sur ce lien : http://www.nytimes.com/…/ransoming-citizens-europe-becomes-…

D- QUELLES LECONS POUR LE CAMEROUN ET L’AFRIQUE ?

Je fais partie de ces Camerounais qui se battent contre tous ceux qui parlent mal de mon pays le Cameroun. J’ai accepté de porter le boubou du méchant qui tacle certains Camerounais de la diaspora que je qualifie d’inutiles et de nuisibles parce qu’ils ont osé mal parlé de mon pays.

Mais lorsqu’au même moment, c’est du Cameroun que des décisions déraisonnées sont prises pour mettre à mal et de façon durable l’image de mon pays, j’ai envie de me demander si vraiment cela vaut la peine un tel combat avec des acteurs camerounais qui semblent faire tous leur possible pour lutter contre nos propres intérêts, si ce sont ceux qui devaient profiter de la lutte pour l’image du pays que nous avons engagés sont ceux qui depuis le Cameroun redoublent d’effort pour qu’on parle mal du pays.

Je fais partie de ces Africains qui ont toujours cru et dit que des médias qui publient depuis Paris ou Londres pour l’Afrique sont une imposture. Des radios qui émettent depuis Paris et Londres soi-disant pour informer les Africains sont une mise en scène macabre de la marginalité que ces gens font du continent africain. Imaginez si pour informer les Américains, quelqu’un publiait son journal ou émettait depuis Londres. Ce serait une véritable insulte à la dignité de ce peuple qu’on prétend informer.

Les épisodes comme ceux de la suspension de la chaine de télévision Afrique Media ne sont-elles pas de nature à donner raison à ceux qui préfèrent mettre leur siège à l’étranger pour éviter ce genre de surprise incompréhensible ?

Et pour une fois qu’une télévision panafricaine, c’est à dire qui a vocation à informer et conscientiser tous les francophones du continent africains, voilà qu’on lui met les bâtons dans les roues comme à confirmer que ceux qui émettent depuis Paris ou Londres ou le Vatican ont bien raison de le faire, puisque sur le continent, les autorités vivent encore dans le moyen-âge de l’information.

Et ne sont tout simplement pas en mesure de comprendre que lorsqu’une radio, un journal ou une télévision calomnie quelqu’un, c’est à la victime de porter plainte auprès d’un tribunal civil et c’est à ce dernier de demander à l’accusé d’apporter les preuves de ses accusations. Et un pays dit de droit est un pays où on laisse la justice faire son travail, sans interférence, soit disant pour des raisons de déontologie.

Moi-même, souvent je suis énervé par le ton trop criant et accusateur d’Afrique Media contre la France, car cela ressemble plus à un aveu de faiblesse qu’à un programme d’action pour répondre efficacement au problème qu’on dénonce.

C’est comme le débat sur le Franc CFA, qui laisse croire qu’en changeant la monnaie on va résoudre nos problèmes, oubliant que cela ne changera rien si 80% de l’économie est solidement entre les mains des français et que nos principaux produits de consommation alimentaire sont importés de France du petit déjeuner au coucher avec la tisane.

Je suis aussi énervé de constater qu’ils sont presque tous des créationnistes et qu’ils ignorent tout de la bataille qu’ils mènent si au final ils croient en un Dieu oppresseur blanc.

Mais sommes-nous obligés d’être d’accord sur tout pour apprécier le talent et le courage des uns et des autres ? Afrique Media avec tous ses défauts est une vraie nouveauté dans la scène médiatique de toute l’Afrique. C’est la seule télévision qui se charge de la conscientisation permanente du peuple africain. Ils commettent souvent trop d’erreurs dans leur stratégie de communication, comme le fait de trop parler des attentats de Boko Haram à Maroua en secondant et jouant ainsi le jeu de Boko Haram qui visait l’objectif de créer la psychose dans la population camerounaise.

Moi qui lis et relis Sun Tzu, je sais ce qu’ils ne savent pas, que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire ou tout au moins, pas n’importe quand. Et que dans la guerre qui nous est déclarée, nous ne devons à aucun moment faire comprendre à nos ennemis ce que nous avons compris d’eux et tout ce que nous savons d’eux, encore moins quels sont leurs alliés.

Selon Sun Tzu, on gagne la guerre parce qu’on fournit à l’ennemi des informations erronées sur ce qu’on sait de lui et sur ce qu’on est en train de faire. C’est surtout pour cela que je n’ai jamais écrit le moindre texte sur Boko Haram. Cela aurait été pour répondre à l’exigence du pur voyeurisme des bas instincts d’une population avec un niveau culturel bas, sans pour autant aider à la solution du problème, qui ne se résout ni à la télévision, ni sur les réseaux sociaux. La suspension d’Afrique Media par les camerounais est la preuve que la France n’est pas le problème au Cameroun, mais les Camerounais eux-mêmes.

La France ne peut rien réussir au Cameroun sans la complicité des Camerounais. Et peut-on lui reprocher de faire et soigner ses intérêts ? La bataille doit peut-être consister à réduire notre degré d’ignorance et de naïveté qui nous amène à aller contre nos propres intérêts. Je suis plus inquiet de l’idiotie des Africains qui exécutent et appliquent certains ordres que de la méchanceté de ceux qui les donnent.

Mais en dehors de ces erreurs, nul ne peut nier à Afrique Media son rôle dans l’éducation de masse pour une certaine prise de conscience de la nécessité du patriotisme en Afrique. Malcolm X disait que « nous avons fait un beau projet pour libérer l’homme noir, mais nous avons oublié un détail que ce peuple dormait, ronflait et qu’avant le projet, il aurait fallu au préalable réveiller ce peuple. » Afrique Media est un réveilleur de conscience. Ils ont le courage de toucher les sujets que les autres journalistes africains évitent, pour ne pas se voir ensuite refuser le visa d’un pays occidental que tous rêvent.

E- CONCLUSION

Le quotidien français Le Figaro nous révèle dans son édition du 08/10/2014 le titre : « La DGSE (le service de renseignement extérieur français) veut installer une station d’écoute dans le Sud tunisien, pour mieux surveiller le Sahel. »

Le Figaro écrit : «les discussions achoppent sur un point important: les grandes oreilles françaises refusent de partager les données recueillies par cette nouvelle base technique avec leurs homologues tunisiens, comme ceux-ci l’exigent avant de donner leur feu vert».

La DGSE aurait plutôt proposé aux 007 tunisien ceci : «On vous renverra depuis Paris les données qu’on estime être transférables». Et les Tunisiens de se demander ce que les Français auraient à cacher sur ce qui pourrait résulter de ces écoutes au point d’aller d’abord faire le tri à Paris avant de renvoyer à Tunis ce qu’ils jugent bons pour eux. Selon le quotidien français, les Tunisiens ne sont pas passés par 4 chemins pour mettre en difficulté la non-transparence et les vrais objectifs de la France avec un tel instrument d’écoute en terre tunisienne en leur demandant : «Qu’est-ce que cela vous coûte de nous faire partager le renseignement?»

Le porte-parole du ministère tunisien de la défense le lieutenant-colonel Belhassen Oueslati pour couper court aux attentes de la DGSE française a déclaré sur la radio de Tunis, Shems Fm, le 9 octobre 2014 ceci :

« il n’est point possible de négocier avec qui que ce soit quelque chose qui met à mal la souveraineté du pays et à sa sécurité nationale ».

Après la suspension d’Afrique Media pour s’être posé les mêmes questions légitimes que le ministère tunisien de la défense, je me demande ce qu’auraient répondu les officiels camerounais à une telle requête.

Je conclus cette leçon par une citation de Gandhi que j’adresse à Afrique Media :

« D’abord ils vous ignorent, ensuite ils se moquent de vous, puis ils vous combattent et enfin, vous gagnez »

Rio, le 14 août 2015

Jean-Paul Pougala

(Ex-vendeur d’avocats à la sauvette)

Jean-Paul Pougala

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