Le scénario-catastrophe au Togo: Un faux coup d’Etat militaire

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. Ce que vous lisez est purement imaginaire, mais « l’imagination permet parfois de prévenir certaines calamités », comme l’a écrit un penseur de renom, mon père…

« Vous écoutez Radio France Internationale. Il est 6H 30 minutes à Lomé, 7H30 à Cotonou et 8H30 à Paris. Cette nuit, un coup d’Etat militaire a balayé la jeune démocratie togolaise, suite aux violentes manifestations réprimées, qui  ont fait 28 morts parmi les militants de l’opposition togolaise, et un gendarme tué. Plusieurs opposants ont fui vers les pays voisins,mais beaucoup d’autres n’ont pas eu cette chance et ont été arrêtés et déportés à la prison civile de Mango, une localité située à 650 km environ au Nord de Lomé.. Selon les toutes dernières informations parvenues à notre rédaction, c’est un officier des FAT, inconnu du grand public, le capitaine KOLIKO KOTOLAYAME, qui a pris le pouvoir à Lomé. Il a décrété l’Etat d’urgence, dissout toutes les institutions de la République et les partis politiques. Toutes les chaînes de télévision et les stations de radio privées du Togo sont fermées. On est sans nouvelles du Chef de l’Etat, Faure GNASSINGBE. La France, les Etats-Unis, l’Union Européenne, l’Union Africaine, la CEDEAO, l’UEMOA condamnent, avec vigueur ce coup d’Etat, et exigent le retour immédiat et sans conditions à l’ordre constitutionnel….Les frontières terrestres, maritimes et aériennes du Togo sont fermées. Des chars et des véhicules de transport de troupes, bourrés de militaires armés jusqu’aux dents, quadrillent la ville de Lomé, et le couvre feu est instauré de 17H à 7heures du matin par la jointe militaire »…

« A Lomé en effet, un énigmatique Comité de Rectification de la Démocratie (CRD), dirigé par un non moins énigmatique capitaine KOLIKO KOTOLAYAME, a  pris le pouvoir. Les deux radios d’Etat et la télévision d’Etat ont été investies, la nuit dernière, sans aucune résistance, et le capitaine KOLIKO s’est adressé à la nation, à 5h 15 GMT, ce matin. Dans son court message, il a plus fustigé l’opposition que le pouvoir, accusant les leaders d’opposition d’incohérence, d’incompétence et d’insouciance, à quelque mois des législatives. Les quelques griefs contre le pouvoir tiennent en une phrase et en quelques mots : laxisme, valse hésitations et gestion approximative de l’économie togolaise. Parlant de la répression qui a coûté la vie à 29 de nos compatriotes, le capitaine a renvoyé dos à dos le pouvoir et l’opposition, en expliquant qu’à force d’organiser marches sur marches, meeting sur meeting, l’opposition a mis à fleur de pot les nerfs des agents des services d’ordre et que c’est la mort d’un gendarme atteint d’un pavé (lancé par un manifestant) à la tempe, qui déclenché la fusillade causant la mort de 28 manifestants…

La population de Lomé est sous le choc et les habitants sont terrés chez eux, et les rues sont toutes désertées… »…

 Le même jour :

« Il est douze heures trente à Lomé et à Abidjan, et 14 heures trente à Paris. L’actualité de ce jour est dominée par ce coup d’Etat au Togo, perpétré par un certain capitaine K. KOLIKO. Nous entrons immédiatement en ligne avec notre correspondant à Lomé, Peter DOGBE :

« Peter, le capitaine KOLIKO vient tout juste de terminer sa conférence de presse et vous avez assisté à cette conférence de presse. Qu’à t-il dit exactement ? »

Peter DOGBE :

« Le capitaine KOLIKO KOTOLAYAME a vivement critiqué et déploré l’assassinat du gendarme tué par un manifestant, et a justifié la réplique des forces de l’ordre, qui  ont ouvert le feu et tué 28 manifestants de l’opposition. Il a  parlé de légitime défense. Puis, il a lancé des critiques acerbes contre l’opposition, qui ne sait rien faire d’autres, qu’organiser des marches et des sit-in, à longueur d’années, ignorant superbement le rôle véritable des partis d’opposition. Parlant du CST (Collectif Sauvons le Togo), il a traité ses animateurs, (je cite), « d’amuseurs de galerie » ; et lorsqu’on lui a demandé si son coordinateur, Me Zeus AJAVON, se trouve ou non aux mains des militaires, il a répondu par l’affirmation, et a laissé entendre que l’avocat sera poursuivi pour le meurtre du gendarme  (tué par un de ses manifestants), comme co-responsable de ce meurtre, étant donné que c’est lui qui a organisé la marche qui dégénéré ; le pouvoir aussi en a eu pour son compte, puisque le nouvel homme fort du  pays a fustigé l’immobilisme du régime et sa propension à faire du « sur place », selon ses propres termes .

« Ici, RFI, vous suivez l’édition de la mi-journée. Toujours à  propos du dossier togolais, nous venons d’apprendre la suspension du Togo de toutes les instances de la CEDEAO, de la Francophonie et de l’Union Africaine, et la CEDEAO menace le  Togo de sanctions économiques et les auteurs du coup d’Etat de sanctions ciblées ».

Trois jours après le coup d’Etat, tous les dirigeants de la CEDEAO s’activent pour un retour à l’ordre constitutionnel au Togo et à la libération de tous ceux qui ont été arrêtés (dont des opposants, comme Jean Pierre FABRE, Zeus AJAVON, Jil-Bénoît AFANGBEDJI, Abass KABOUA, Claude AMEGANVI, Isabelle AMEGAVI etc.) de même que le retour au bercail de tous ceux qu’ont passé les frontières du Ghana et du Bénin, et qui vivent dans des conditions précaires. Selon les rumeurs, on s’achemine vers des compromis entre la CEDEAO et les putshistes, pour aboutir à une issue heureuse. Selon des indiscrétions, un plan de sortie de crise est concocté par la CEDEAO, et on s’acheminerait vers une amnistie exigée par les putchistes s’ils rendent le pouvoir…

Au septième jour du coup d’Etat, les militaires ont autorisé la visite aux prisonniers, par leurs proches, et une délégation de trois membres du CICR. Dans la prison de Mango, les portes se sont refermées sur les détenus dans un concert de pleurs et de cris des parents, amis et épouses des victimes du coup d’Etat…

La même nuit, dans la cellule N°6 de la prison de Mango où Zeus AJAVON et onze autres détenus cohabitent, le plus vieux prisonnier de cette cellule, un fou débonnaire, entame la conversation avec Zeus AJAVON :

 « Alors, Maître Zeus, pourquoi on vous a enfermé avec moi ici ? Qu’avez-vous fait ? »

« Je ne sais pas pourquoi je suis ici. Je ne veux être ni Président, ni Ministre, ni député, ni Maire de Lomé… Je ne suis même pas politicien… », répondit l’avocat.

« Mais … Maître, c’est bien vous le Coordinateur du « Collectif Sauvons le Togo » qui fait des marches et des meetings à Lomé là-bas ? » reprit le fou.

« Euh… Oui, mais je ne veux rien d’autre », laissa tomber l’ex-coordinateur du CST, d’une voix lasse…

Au quinzième jour du coup d’Etat, l’Assemblée Nationale, au grand complet, vota une loi d’amnistie générale pour les militaires putschistes.

Le lendemain, le retour tant attendu à l’ordre conditionnel est effectif…

A 20heures GMT, le Président FAURE GNASSINGBE s’adressa à la Nation et prononça un  discours à la  Nation,  où il  prôna les vertus du pardon, de la réconciliation et il insista sur le travail que doivent abattre les Togolais pour remettre le  pays sur les rails. Il a invité tous les togolais à rentrer au bercail, pour que chacun apporte sa pierre à la construction nationale. Tous les prisonniers sont libérés, après que chacun ait signé une lettre pour demander la grâce présidentielle.

A la  prison civile de Mango, le fou qui partageait la cellule de Zeus AJAVON, interpella l’avocat…

«  Ah, Maître, vous allez retrouver l’air libre. Je suis content pour vous. Mais, vous avez claironné partout que, je vous cite : «  Nous avons une panoplie de moyens et si on nous pousse à l’insurrection, nous n’hésiterons pas ». Comment se fait-il que vous vous êtes retrouvé en cellule avec moi ? »

 La tête basse, l’avocat de KPATCHA GNASSINGBE franchit la  porte de la prison, respira un bon coup d’air et laissa tomber :

« Oh, mon cher ami, je blaguais ; mais ce n’est pas une raison pour m’enfermer dans cette cellule infecte » ; puis, il se mit à pleurer à chaudes larmes, en montant dans le gros camion militaire qui devait les ramener à Lomé, avec 49 autres prisonniers…

Comme le camion militaire démarrait, le fou cria très fort cette question à l’avocat :

« Maître Zeus AJAVON, si les femmes togolaises avaient montré leur nudité en faisant une marche le 30 Août dernier, votre épouse aussi aurait montré son derrière aux cameras du monde entier ? »…

Tout le monde éclata de rire…

Dr IHOU

 Ancien Ministre de la Santé et de la Population Consultant en géopolitique et stratégie sécuritaire.

 

 

 

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