Le moustique : portrait d’un tueur en série

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Comme tout bon malfrat, il sévit (surtout) la nuit tombée. Profitant d’un moment d’inattention – une porte entre-ouverte, une fenêtre mal fermée – il n’hésitera pas à s’immiscer, en toute discrétion, jusque dans vos draps pour vous frapper en plein sommeil. Accusé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dans plus de 660 000 cas de décès des suites du paludisme dans le monde en 2010, et encore particulièrement actif en cette nouvelle saison des pluies, le Culicidae dit « Moustique » continue de faire des ravages. Portrait de l’un des ennemis les plus redoutables de l’Homme.

Le moustique : portrait d’un tueur en série

« Il ne faut pas se fier aux apparences », dit-on. Et en effet, si le lion reste le roi de la jungle, le « prédateur » le plus redouté de nous-autres êtres humains ne mesure pas plus de quelques millimètres… Présent depuis plus de 200 millions d’années sur Terre, soit bien avant notre propre venue, il survit – et même continue de se multiplier – malgré tous nos efforts pour l’exterminer. Il nous agace de par son bourdonnement, nous irrite par ses piqûres. Pire, il continue de faire des millions de morts chaque année.

En effet, si l’Homme a (plus ou moins volontairement) réussi à mettre fin à de nombreuses espèces, le moustique en est une dont il ne sait toujours comment venir à bout. C’est qu’il existe près de 3000 espèces de Culicidae, de son nom latin… Bien qu’elles ne soient toutefois « pas plus » d’une centaine à nous nuire et que, de celles-ci, il n’y a encore réellement que les femelles qui nous dérangent. Car ce sont elles, les suceuses de sang : alors que le mâle se contente de butiner, la femelle moustique doit se nourrir de sang – notamment riche en protéines – pour pondre ses œufs.

Le moustique transmet les virus par la salive qu’il sécrète en nous piquant

Alors, comme tout bon prédateur, elle part à la chasse. Attiré notamment par le noir, la chaleur et l’humidité, le moustique femelle est par ailleurs particulièrement sensible au dioxyde de carbone et repère ainsi sa proie, par l’haleine et la sueur qu’elle dégage, plusieurs mètres à la ronde. Discret, si ce n’est pour son bourdonnement, voilà qu’en l’espace de quelques secondes seulement ce véritable vampire aura pompé jusqu’à deux fois son poids dans votre flux sanguin.

En nous piquant le moustique sécrète une salive qui, pour lui sert d’anticoagulant, mais pour nous est à l’origine de démangeaisons… Et (surtout) de la transmission de virus, si sa victime précédente en était porteuse. Il est ainsi accusé d’infecter, chaque année, plusieurs centaines de millions de personnes de maladies potentiellement mortelles, telles que la fièvre jaune, le chikungunya, les encéphalites virales, les filarioses… Sans oublier le paludisme, dont 80% des cas sont recensés en Afrique Subsaharienne, et qui constitue encore une des principales causes de mortalité – notamment infantile – sur le continent.

Plusieurs solutions pour lutter contre la prolifération des moustiques

Alors, que faire pour lutter contre ce fléau ? C’est le véritable casse-tête que de nombreux chercheurs, à travers le globe, espèrent résoudre. Utilisés depuis plus d’un demi-siècle maintenant, les insecticides ne font que démontrer la grande capacité d’adaptation des moustiques, qui ne cessent de s’immuniser contre les différents cocktails concoctés. Sans compter que ces derniers restent particulièrement néfastes pour l’environnement. Alors on envisage d’autres solutions…

Comme l’intégration massive dans le paysage de Toxorhynchites, cette espèce de moustiques qui, à l’état de larve, mangent leurs confrères. Ou encore de mâles transgéniques, qui transmettraient à la reproduction un gène empêchant les larves de se développer – méthode déjà employée par la Malaisie, les îles Caïmans et le Brésil pour lutter contre la dengue. Et plus efficace encore n’est autre qu’un meilleur aménagement urbain pour éliminer toutes sources d’eau stagnante, où les moustiques pondent leurs œufs et ainsi prolifèrent…

Mais en attendant, la prévention est de mise. En cela, les moustiquaires imprégnées – que certains attendent toujours à Ouaga – permettent de réduire de 36% les piqûres par rapport à une moustiquaire normale, et tuent jusqu’à 37% des moustiques alentours. Et, tout récemment, deux étudiants de l’Institut international de l’ingénierie de l’eau et de l’environnement de Ouagadougou auraient trouvé une solution (presque) miracle pour lutter contre le paludisme : leur « Faso Soap », constitué de citronnelle, de karité et autres ingrédients d’origine burkinabè, serait capable de repousser le parasite du paludisme transporté par les nuisibles. De quoi espérer à de plus beaux jours… avec ou sans moustiques.

Jessica Rat

 

 

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