De nos Correspondants Ghys Fortune et Dombe Bemba
Malgré l’indignation de l’Union européenne et le rejet par le peuple,Sassou et ses sbires ont…
Pas d’engouement, timidité, indifférence totale de nombreux Congolais, bourage des urnes selon plus d’une personne, voilà ce qui a caractérisé la journée du scrutin présidentiel du 12 juillet 2009 qui, somme toute, n’a été qu’un échec avec des bureaux de vote qui sont restés pratiquement vides toute la journée. Que diront alors les fanatiques bornés de Mpila? Les faits sont clairs et tout le monde a vu.
Le ridicule ne tue pas au Congo ! Jamais une élection présidentielle n’avait été aussi morose, timide et sans impact réel sur l’opinion. Quoi qu’en disent aujourd’hui tous les médias publics et les manipulateurs des chiffres et des statistiques : «Les gens ne se sont pas rendus en masse pour voter !».
Que personne ne se laisse tromper et rouler idiotement dans la farine tel un petit adolescent de 7 ans, l’élection présidentielle qui venait d’être organisée par le Gouvernement, le dimanche 12 juillet dernier a laissé un goût amer dans la gorge des fameux 2.200.000 vrais ou faux électeurs Congolais. Le vote du 12 juillet 2009, a été un grand fiasco politique. Une simple mascarade électorale très bananière et outrageusement honteuse.
Pour de nombreux témoins que nous avons interrogés à la Mairie de Ouenzé, peu avant que le Président candidat Sassou Nguesso n’accomplisse son devoir, « Ce simulacre d’élection n’honore nullement notre pays et toute sa classe politique, Pouvoir et Opposition confondus. Fadaise !» s’est exclamé Roger Bondongo, un habitant de Ouenzé.
De quelle grande victoire dès le 1er tour parle-t-on déjà ? Et, de quelle manière cette victoire a-t-elle été obtenue ? Et, face à quel challenger de poids ?
A en croire, les oracles officiels et surtout les premières tendances disponibles, la victoire dès le 1er tour du candidat Denis Sassou Nguesso a été assurée et garantie de la manière la plus rapide possible. Le contraire aurait étonné !
Les vraies raisons de ce fiasco qui défraie la chronique de Bétou à Pointe-Noire
Tous les analystes prudents avaient supputé et prédit cet échec, depuis quelques mois. Ils n’ont pas été entendus et suivis.
Quelques bonnes raisons avaient pourtant été évoquées, ici et là, avant ce vote de la honte: le manque de transparence, la non maîtrise du fichier électoral, l’exclusion des partis membres du Front de l’opposition, la détérioration du climat politique, les chants guerriers, la prétendue désobéissance civile et ses conséquences chez certains citoyens apeurés, etc.
A cela, il convient d’ajouter, nécesairement l’appel au boycott de ce vote lancé par 6 candidats de l’Opposition, le refus de l’Union Européenne d’envoyer ses observateurs électoraux au Congo, la psychose généralisée qui s’est abattue sur Brazzaville et qui a vu nombre de ses habitants quitter précipitamment la ville, au lendemain du 1er juillet 2009, etc.
Au regard de tout ce qui précède, il ne serait pas exagéré d’affirmer que toutes les conditions objectives et subjectives de l’échec, du chaos d’une telle élection présidentielle, étaient réunies et conjuguées pour expliquer le grand fiasco électoral que le Congo vient de vivre. Intolérable !
Comme d’habitude, le peuple Congolais est le plus grand perdant de ce complot honteux
La fuite en avant et la recherche forcenée d’une victoire à la Pyrrhus par le Gouvernement de la République et son candidat Denis Sassou Nguesso «Eléphant», ont profondément dévalué cette élection très fade, monocolore, sans enjeu et dont les dés étaient pipés, d’avance.
Le 12 juillet 2009, aux environs de 22 heures, les premières tendances communiquées à la presse et recueillies, à Brazzaville et dans les autres localités, par l’équipe de reportage de «Talassa», répondent bel et bien au fameux hold-up électoral, donc, au but ultime du Pouvoir de Mpila à savoir: «Faire gagner, coûte que coûte, le candidat Denis Sassou Nguesso, dès le 1er tour, avant 10 heures!».
Cette victoire facile et connue d’avance ne résoudra en rien nos péchés, nos magouilles et nos malheurs communs (…).
Faute de challengers sérieux, ce résultat très facile vient d’être atteint, sans peine et sans péril, par le camp des Eléphants qui ne pourront nier qu’ils se sont taillés à la Victoire à la Pyrrhus ! Il n’est plus un secret pour personne, le candidat Denis Sassou Nguesso et tous ses Eléphanteaux infiltrés et dilués au sein de la CONEL, de la Cour Constitutionnelle et des autres micro-organismes, ne s’attendaient qu’à la victoire de leur Boss et ce dès le 1er tour.
Une victoire à La Pyrrhus : à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire !
Avec beaucoup plus de maturité et de bon sens, on aurait pu corriger le tir en amont ? Pourquoi avions-nous perdu, brusquement, le sens de la mesure et de la pondération ?
A qui la faute ? La réponse est bien claire : la faute incombe à l’ensemble de notre classe politique falote, maffieuse et accrochée aux prébendes et autres intérêts maffieux.
Et, dans tout ce chaos, quel a été le sort réservé au « pauvre » peuple Congolais ?
Soyons-en sûrs, le peuple Congolais a été, une fois de plus, le plus malheureux, le plus grand perdant et sans doute le plus …con ! Quel gâchis inutile ?
A la vérité, à la place d’une élection libre, démocratique et transparente, le peuple Congolais a eu droit à une véritable mascarade électorale.
Pour s’en convaincre, de nombreux échecs et ratés ont été signalés dans la plupart des Bureaux de vote à Brazzaville : le cas de nombreux citoyens et notamment du candidat indépendant, M. Anguios Engambé Nganguia qui, à la grande surprise de tous, n’ont pas retrouvé leurs noms sur les listes électorales.
Un autre cas insolite : la carte d’électeur du très regretté SG du PCT, Ambroise Edouard Noumazalay a été rattrapée et retirée de justesse par un des leurs.
Engourdissement, morosité et passivité de la part de nombreux citoyens qui n’ont pas mordu à l’hameçon !
La plupart des Congolais n’ont pas mordu à l’hameçon de Mpila nonobstant les mega meetings, Werrason et les millions de marinières, de pagnes !
Le gâchis ! Trop de milliards de CFA ont été engloutis pour presque rien de consistant en terme de participation des électeurs et de suffrages exprimés dans les urnes. Excepté le bourrage des urnes qui est devenu une spécialité congolaise depuis quelques années, rien ne laisse penser à la présence des foules devant les bureaux de vote comme jadis !
Ne nous trompons plus d’époque, les nouvelles technologies de l’information et de la communication permettent aujourd’hui à tout le monde de vérifier, de filmer, de comptabiliser tout le flux migratoire des électeurs devant n’importe quel bureau de vote ; soit-il à Bétou, à Zanaga, à Pokola, à Liranga, à Mayéyé ou Mbanza Makondi.
Après le vote du 12 juillet dernier, tous les citoyens sérieux et non fanatisés sont unanimes pour reconnaître qu’il n’y a pas eu des foules devant les Bureaux de vote, pas d’engouement de la part des électeurs ; pas d’enthousiasme et surtout cette volonté manifeste de voter pour tel ou tel autre candidat.
La machine électorale étant déjà grippée dès le départ le risque d’un échec planait sur la tête du Gouvernement.
L’Opposition et la Société civile avaient-elles tort sur toute la ligne ? nul ne pourrait avec exactitude à cette question car le grand coupable de ce qui vient de nous surprendre n’est autre que le gouvernement de la République qui n’aurait pas compris à temps que les choses devraient être managées d’une autre manière.
Que la victoire –même dès le premier tour avant 10 heures !- d’un quelconque candidat, soit-il celui du Pouvoir avait sans doute besoin d’une certaine forme ; d’une certaine manière, d’une certaine «propreté» dans la façon d’agir et d’atteindre le but visé. C’est ce qui a fait faussé le jeu et compliqué l’équation. Et, en retour, nombre de Congolais, très avisé, ont vite compris la ruse, le flou et la fourberie qui accompagnaient ce jeu électoral floué et esquinté dans tous les sens.
Les milliards jetés ici et là, pour captiver et mobiliser des millions d’électeurs n’ont pas suffit. Des tonnes de tee-shirts, de pagnes, de chapeaux, de survêtements, de foulards, sans oublier les méga meetings et autres cérémonies de réjouissances populaires n’ont pas permis de drainer des foules devant les Bureaux de vote, tant à Brazzaville qu’à l’intérieur du pays où la participation des électeurs n’a pas répondu aux attentes.
En clair, la plupart des Congolais se sont contentés tout simplement de multiplier le nombre de pagnes, de tee-shirts, de joggings, de chapeaux, de montres, de posters et autres bibelots de campagne.
Car, ils n’avaient pas de cartes électorales ni de cartes d’identité.
Pour certains jeunes, seule, la volonté de s’imbiber d’alcool, de manger et de se balader, nuit et jour, à bord des véhicules dernier cri du candidat Sassou Nguesso, les animait.
Dès lors, cet électorat artificiel regroupant, très souvent, de nombreux jeunes badauds, des Chégués et autres SDF originaires de la République Démocratique du Congo, ne pouvait être une garantie pour tous les candidats sérieux à cette élection qui vient de montrer ses limites et ses monstruosités.
Craindre le fort taux d’abstention et les réactions des uns et des autres…
A coup sûr, quoi qu’en disent les oracles officiels et les rapports douteux de certains sbires du Pouvoir, le taux d’abstention est très élevé comme l’ont affirmé de nombreux observateurs que nous avons interrogés, ici et là, à Pointe-Noire.
L’histoire politique retiendra qu’un jour, notamment, le 12 juillet 2009, une élection présidentielle mal préparée et vidée de tout sens, s’était déroulée au Congo dans l’indifférence presque totale de nombreux Congolais.
Or, le Congo n’est pas à sa première élection présidentielle ? Qu’est ce qui expliquerait, aujourd’hui, ce refroidissement de la plupart des électeurs, malgré les beaux discours et les promesses ponctuées par une distribution des millions de marinières et autres «Mabonza» ?
Les Congolais ont-ils adressé un message aux acteurs politiques congolais qui ne cessent des les trahir et de les manipuler comme des moutons de Panurge ? C’est ce qui semble se lire dans la plupart des réactions recueillies par nos envoyés spéciaux lors de cette élection «insolite et atypique».
De même, l’histoire retiendra aussi qu’en 2009, pour avoir opté, coûte que coûte, pour la manipulation du corps électoral, la partialité de la CONEL et sans oublier l’exclusion des vrais challengers de taille donc les candidats de l’Opposition, le Gouvernement de M. Denis Sassou, – au pouvoir depuis 25 ans – avait fini par ôter à cette pseudo élection, toute sa crédibilité, sa saveur et tout son enjeu.
L’appel au boycott de l’Opposition a fonctionné…
A l’inverse, pour l’avoir compris la plupart des Congolais vertueux et non manipulés ont boudé ce vote sans électeurs : ils ne se sont pas rendus en masse dans les bureaux de vote afin d’exercer leur droit civique.
Après une campagne électorale à deux vitesses et un processus électoral assez tortueux et très contesté, les Congolais commencent petit à petit à prendre conscience car, ils ont été plus d’une fois déçus, assassinés et instrumentalisés par nos principaux leaders politiques, sans foi et sans éthique, qui ne pensent qu’à leurs propres parents biologiques : enfants, nièces, neveux, belles sœurs, cousines sans oublier les petites maîtresses qu’ils engraissent, ici et là.
Voilà pourquoi, le dimanche dernier, certains Congolais, les lycéens, et les laisser pour comptes, n’ont pas mordu bêtement et idiotement à l’hameçon tendu par Mpila et ses obligés.
Ceux qui se sont abstenus ont-ils eu tort ?
Plusieurs organisations non gouvernementales (Secours catholique, la Fédération des Congolais de la diaspora, l’organisation Peuples solidaires et l’association Survie.) estimant que les conditions d’une élection libre et transparente n’étaient pas réunies et que l’issue du scrutin ne faisait aucun doute avaient appelé la communauté internationale, en particulier la France,
« Il est illusoire de s’attendre à autre chose qu’un simulacre d’élection avec des résultats déjà connus à l’avance étant données les conditions de préparation » du scrutin, affirment les ONG.
« Nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu’elle reste vigilante et relève, publiquement et de façon impartiale, toutes les failles » de la « réélection annoncée » de Denis Sassou Nguesso, expliquent-elles. Cet appel « s’adresse particulièrement à la France, qui entretient des liens toujours ambigus » avec le Congo-Brazzaville, « cas d’école de la Françafrique », estiment les organisations. Et de suggérer:
« La France pourrait s’inspirer des positions qu’elle avait prises au moment des élections au Zimbabwe en 2008: elle avait condamné par avance des élections faussées. » Les ONG affirment qu’une manipulation des résultats avait permis à Denis Sassou Nguesso de se faire élire en 2002, avec 89% des voix. Elles précisent qu’il n’était arrivé qu’en troisième position avec 17% des voix en 1992, « lors du seul scrutin déclaré libre et transparent par l’ensemble de la communauté internationale ».
Nous y reviendrons largement sur ce sujet dès le retour à Brazzaville de nos envoyés spéciaux.
Ghys Fortuné Dombe Bemba correspondants du Lynx au Congo