Dans un discours resté célèbre à travers lequel il tentait de stigmatiser les divergences de stratégie entre les mouvements noirs de droits civiques aux Etats-Unis, Malcolm X a présenté cette différence comme étant une différence de mentalité entre ceux qu’il qualifiait, d’une part, de « nègre des champs » et, d’autre part, de « nègre de maison ».
Selon Malcolm X, le nègre des champs est l’esclave assigné aux travaux agricoles. Ce dernier ne voit que très rarement son maître. Il est soumis au travail forcé, au fouet, au droit de cuissage, à la volonté et au pouvoir de vie et de mort de contremaîtres salariés. Il ne lui est offert aucune possibilité d’échapper à sa condition de servitude et d’oppression. Tandis que le nègre de maison, lui, vit, respire et se règle sur le pas de son maître et de sa famille. Il est majordome, cuisinière, servante ou mieux encore nourrice. Il aurait même la possibilité de racheter sa liberté ou de s’émanciper quand la bonne fortune le met entre les mains d’un maître éclairé, mais n’en veut pas vraiment car elle l’éloignerait de sa protection et ses bienfaits. Il voit même dans le droit de cuissage exercé par son maître ou ses fils une chance de purification de sa descendance, et accepte les châtiments corporels comme une œuvre de redressement moral salutaire pour lui.
Une autre difference de mentalité entre les deux types de personnages dont parle Malcolm X est que le nègre des champs use de la troisième personne du singulier, pour parler du maître. Tandis que le nègre de maison use, lui, de la première personne du pluriel. Ce dernier dira, lorsque son maître a fait un bon repas, « nous avons bien mangé ». Il partage le même mépris, mêlé de terreur et de haine, pour les nègres des champs et leurs rebellions contre l’oppression et, quand il prend à son maître l’envie de les châtier, il dira « nous avons bien fait de châtier ces nègres ».
A écouter les arguments des pro-F CFA, on se croirait retombé dans se contexte américain des années 60 ou du temps de l’esclavage, tant ces pro du F CFA excellent dans un amour excessif, à la lisière d’un masochisme incontôlé pour cet outil de domination du “maître” français. En effet, comment comprendre que malgré les productions intellectuelles importantes faites par plusieurs specialistes, même occidentaux contre l’existence du F CFA, on trouve encore aujourd’hui des responsables, intellectuels et technocrates africains qui continuent de chanter les louanges du F FCA?
Avec des arguments incroyablement légers, ils essaient de nous faire croire que le F CFA est une panacée qui offrirait une garantie de stabilité parce qu’elle est basée sur un régime de change fixe et qu’elle offre ensuite un gage de convertibilité illimitée. Toute chose qui est fausse. Et nous nous emploirons à vous le démontrer dans les publications qui vont suivre.
PREMIERE PARTIE: EN FINIR AVEC LA MENTALITE D’ASSISTE ETERNEL
Le 21 septembre 2016 à la tribune de la 71 ème session de l’Assemblée Générale des Nations unies à New York, j’ai écouté le président sénégalais Macky Sall demandé sur le podium des Nations Unies que des investisseurs étrangers viennent investir dans une Afrique en développement. Cet appel, je l’admets est beaucoup mieux que celui de monsieur Alassane Ouattara qui lui tendait honteusement la main à l’occident pour qu’il respecte ses engagements de promesse d’aide à l’Afrique.
Mais le discours de Macky Sall est tout aussi moins ambitieux que celui de monsieur Ouattara. D’ailleurs, quelque mois plus tard, le même Macky Sall en visite à Paris, affirmait que le CFA est une bonne monnaie.
« Nous avons une institution forte et crédible. Et il ne faut pas la déstabiliser, car, quoi que l’on dise, le franc CFA est une monnaie stable», a-t-il précisé.
Personnellement, je préfère le discours du president ghanéen John Dramani Mahama qui lui dénonce le protectionnisme des occidentaux qui pourtant font pression sur les pouvoirs africains pour ouvrir leurs marches au produits occidentaux.
CAPITALISER LES TRANSFERTS FINANCIERS DE LA DIASPORA ET LA MANE FINANCIERE LOGEE AUPRES DU TRESOR FRANÇAIS
Revenons sur le discours de Macky Sall. Il faut lui rappeler avec les termes de Thomas Piketty qui souligne dans son ouvrage monumental, “Le capital au XXI e siècle” qu’«aucun des pays asiatiques qui ont connu une trajectoire de rattrapage par rapport aux pays les plus développés, qu’il s’agisse hier du Japon, de la Corée ou de Taïwan, ou aujourd’hui de la Chine, n’a bénéficié d’investissements étrangers massifs. Pour l’essentiel, tous ces pays ont financé, par eux-mêmes, les investissements en capital physique dont ils avaient besoin, et surtout les investissements en capital humain –l’élévation générale du niveau d’éducation et de la formation-, dont toutes les recherches contemporaines ont démontré qu’ils expliquaient l’essentiel de la croissance économique à long terme ». Ce n’est donc pas une bonne politique que d’inviter l’étranger à augmenter son investissement dans les pays africains.
Le président Sall dispose de plusieurs autres opportunités dont l’apport des tranfersts financiers de ses compatriots de la diaspoa. Tous les rappors de la Banque Mondial montrent que l’apport financier de la diaspora africaine ves l’Afrique est plus important que l’aide au developpement et même l’investissement étranger. Il suffit donc aux pays africains de capitalizer cet apport financier pour assurer le developpement socio-économique sans avoir à tender la main à qui que ce soit. Au-delà de cette opportunité, le president sénégalais sait qu’il a une mane cachée dans les fameux comptes d’opérations logés auprès Trésor français.
En effet, le président sénégalais sait que les fameux « comptes d’opérations » ouverts auprès du Trésor français, contiennent la moitié des réserves en devises des pays de la zone CFA. Il sait également que les conditions de gestion de ces comptes d’opérations privent les pays de la zone franc le droit d’utiliser plusieurs milliers de milliards de francs CFA. Ces “pertes” sont estimées à environ 10 000 milliards de FCFA en 2012, près de 8000 milliards en 2013, etc. Combien d’investissements de développement tells que les barrages hsydro-électriques, les ponts, d’autoroutes, d’hôpitaux, d’écoles ne pourraient pas être construits par ces sommes faramineuses dans chacuns des 15 pays de la zone franc dont son pays le Sénégal?
En plus les intérêts que procurent ces devises déposées au Trésor français, aucun pays africain n’en connaît le niveau. En d’autre termes, le Trésor français se rémunère lui-même dans la plus grande opacité en plaçant les réserves des pays africains sur les marchés financiers. Ce sont également des ressources qui auraient pu server monsieur Macky Sall à financer les infrastructures, l’éducation, la santé, etc… sans même demander de l’aide à qui que ce soit.
DEUXIEME PARTIE: EN DEFENDANT LE REGIME DE CHANGE FIXE, ON FAIT L’APOLOGIE DES BALANCES COMMERCIALES ETERNELLEMENT DEFICITAIRES
J’ai lu avec beaucoup d’attention les declarations du gouverneur de la BCEAO, Thiémoko Meyhet Koné, selon lequel « les difficultés que rencontrent les [quatorze]pays de la zone ne sont pas liées à la monnaie. Elles s’expliquent par le choc créé par la chute des matières premières».
En réalité, ce que monsieur Thiémoko Meyhet Koné insinue dans sa declaration, est que la croissance économique dépend uniquement du stock de facteurs de production (capital et travail) et de la productivité totale desdits facteurs induite notamment par le progrès technologique. Une telle affirmation sousentend donc que la monnaie n’a pas d’impact necessaire sur la croissance d’un pays, ce qui est scandaleux à entendre.
Et pour toutes ces raisons, Thiémoko Meyhet Koné, tout comme d’autres économistes pro-FCFA, estime que les pays de la zone franc CFA ont besoin du présent accord avec la République française afin de garantir le financement en toutes circonstances des engagements commerciaux et financiers des agents économiques de ces Unions et de crédibiliser le régime de change pour éviter des crises de change répétitives. Car selon lui, cet accourd permet d’assurer la libre convertibilité du Franc CFA.
Les Etats membres de l’UEMOA et de la CEMAC ont opté pour le régime de change fixe «soft», sous la forme de la parité fixe conventionnelle (conventionnal pegged arrangement).
Mais ce que l’on oublie de dire c’est que l’appréciation de l’euro par rapport au dollar a été, depuis plusieurs années, préjudiciable aux économies de ces pays. En effet, de janvier 1999 à mai 2008 par exemple, l’euro est passé de 1,17 à 1,59 dollar, ce qui a automatiquement entrainé une appréciation du franc CFA par rapport au dollar. Cette appréciation du F FCA par rapport au dollar, loin d’être une bonne nouvelle pour les pays de la zone franc, va contribuer à créer des problèmes de trésoreries graves.
En effet, nous savons tous que les prix des principaux produits d’exportation de la zone comme le café, le cacao et le coton sont libellés en dollars, tandis que ceux de leurs plus gros volumes d’importation le sont en euros. Il est donc évident que se faire payer ses exportations en monnaie faible et régler ses importations en monnaie forte ne peut que donner des balances commerciales chroniquement déficitaires.
Et ça, on n’a pas besoin d’une agrégation en économie pour le savoir puis en déduire que la monnaie a une influence certaine sur la croissance économique d’un pays.
Tanoh
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