Il fallait quand même oser. Condamné à mort pour répression de manifestations pacifiques d’Al Qaïda ! Al Qaïda pacifique ? Depuis quand ? Qu’on se le dise ! Réprimer des attaques terroristes est un crime. Résister à une attaque étrangère est un crime. Dans quel monde vivons-nous ? Un monde où les voleurs et les assassins se déguisent en juges ? Il n’est même pas nécessaire de s’appesantir sur la mise en scène ayant abouti à la décision d’exécuter Saïf Al Islam. Ils auraient aussi bien pu monter un scénario d’égorgement filmé à la Daesh, ça leur aurait évité de parodier quelque chose dont ils n’ont aucune idée, la Justice.
Saïf al-Islam Kadhafi, le second fils de l’ancien dirigeant libyen, le colonel Kadhafi, s’est vu infliger la peine capitale pour «des crimes de guerre» pendant la révolte de 2011, malgré la demande de son extradition par la Cour de La Haye.
L’une des plus notables figures de l’ancien gouvernement libyen renversé en 2011, Saïf al-Islam Kadhafi, s’est retrouvé devant le tribunal aux côtés d’autres proches de Mouammar Kadhafi, dont l’ancien chef des renseignements, Abdullah Senussi et l’ex-Premier ministre Baghdadi Ali al-Mahmoudi. Saïf al-Islam n’était pourtant pas présent lors de la séance et a témoigné par téléconférence.
Les figurants ont été accusés de «crimes de guerre et de répression de manifestations pacifiques», selon le procureur de l’État.
Le tribunal a été organisé par le gouvernement de Tripoli, qui n’est pas officiellement reconnu et a pris le pouvoir après en avoir chassé le gouvernement officiel de la capitale libyenne.
Ce procès n’a duré que deux jours et ne peut pas être considéré équitable, a estimé l’avocat John Jones, qui a participé à la défense de Saïf al-Islam Kadhafi, dans une interview accordée à RT, à la veille du jugement.
«C’est vraiment une parodie de procès», a-t-il estimé. «Le ministre de la Justice libyen a lui-même qualifié le processus de complètement illégitime. Le parquet n’a pas appelé de témoins à la barre. Ils ont simplement relu les confessions obtenues par la force ou la torture. C’était une cour de miliciens, les juges étaient sous le contrôle complet des milices armées, il n’y avait donc aucun chance que la justice soit rendue de façon équitable», a raconté John Jones à RT mardi suite à l’annonce du verdict.
Il a en outre rappelé que la Cour pénale internationale a demandé, depuis la capture de Saïf al-islam, son extradition vers La Haye. Cependant, la Libye n’a pas satisfait à cette demande, qui a pourtant un caractère obligatoire, car elle est basée sur une résolution correspondante de l’ONU. En outre, le gouvernement libyen à Tripoli a arrêté illégalement des membres de la Cour pénale de la Haye pour un mois, les accusant de livrer des documents «dangereux» et des moyens d’espionnage à Saïf al-Islam.
Le Centre d’information sur la Libye, un organe composé de membres de la Cour de la Haye qui conduisent leur propre enquête contre Saïf al-Islam, a également condamné le verdict prononcé mardi, estimant qu’il avait été rendu illégalement.
«C’est une fausse cour. Sous la table, on essaie de négocier avec moi un accord que je devais accepter pour qu’ils «s’en chargent [les pays coalisés]», avait raconté Saïf al-Islam lui-même à une correspondante de RT en 2011. «Cela montre que cette cour est contrôlée par ces mêmes pays qui nous attaquent chaque jour ! La justice ici en Libye est une farce», avait alors estimé l’accusé.
Le parcours tumultueux de Saïf al-Islam Kadhafi
Avant la chute du gouvernement de Mouammar Kadhafi, lors de la campagne de bombardements de la coalition internationale qui a détruit l’armée régulière et permis aux forces rebelles de prendre le pouvoir, Saïf al-Islam Kadhafi était considéré comme la deuxième personne la plus influente de Libye, même s’il n’occupait pas de poste officiel. Ayant reçu son éducation à Londres, il s’occupait d’investir les réserves du pays – des milliards de dollars – dans des projets à l’étranger.
Avant la révolution, Saïf était perçu comme un des réformateurs clés dans le pays. Il était également très connu dans les hauts cercles de la société britannique, et a même été reçu dans la Palais de Buckingham par la famille royale.
En novembre 2011, Saïf al-Islam avait été capturé par les forces rebelles, alors qu’il essayait de quitter la Libye après l’exécution de son père. Il a été, depuis, détenu par des milices locales, dans la ville de Zentan, lesquelles ont refusé plusieurs demandes du gouvernement de Tripoli de le leur transférer pour le traduire en justice. C’est pour cette raison qu’il n’a pu être présent à aucune séance de la cour.
Parmi les huit enfants de Mouammar Kadhafi, trois de ses fils ont été tués dans les violences de 2011.
Attention : la vidéo attachée à cet article comporte des images violentes.
Encore deux fils, Saïf al-Arab et Khamis, ont péri dans les bombardements du pays, respectivement le 30 avril 2011 dans sa maison et le 29 août 2011 près de Tarhounah.
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