Au pays des « ils ne voient rien », un chasseur arrive dans son champ de manioc, il croise l’éléphant qui ravage dangereusement toute sa récolte gardée minutieusement dans son grenier depuis 7 ans. Il le regarde et lui dit: » Je ne t’ai pas vu, continue ton chemin, tu peux encore revenir demain »; en même temps, il aperçoit le caméléon dans son incessant camouflage habituel ; il sort son fusil et l’accuse d’avoir montré le chemin de son champ à l’éléphant-dévastateur. Le caméléon le supplia et lui dit: „ô puissance des armées, l’arme doit rencontrer l’arme et non la chair inoffensive que je suis. Ô Justicier que vous êtes, le caméléon que je suis doit-il payer pour les crimes que l’éléphant aurait commis? Ô Maître du Thémis, d’où tires-tu ta légitimité? Dois-je cesser de vivre parce que mon chemin me conduit à ta récolte que tu n’as pas su bien protéger? Ô sombre justice! La Justice détruit la JUSTICE. Je ne suis qu’un caméléon. Apprenez que le camouflage est ma vie, le mimétisme ma raison de vivre. Je marche lentement pour assurer ma sécurité en faisant attention à moi- même et à ceux qui sont autour de moi. Si je regarde partout, c’est parce que j’ai hâte de savoir et je dois rendre compte de ce que j’ai vu et me méfier de ce qui est à venir. Ô homme, baisse ton arme! L’humanité est une dette. »
Pr Samba DIAKITÉ
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