L’article du sieur Georges David ADA publié le 12 Février 2017 sur www.icilome.com: Un révisionnisme dangereux pour le TOGO et pour le Peuple togolais [ Par K. Kofi FOLIKPO [1]

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L’article sus-mentionné publié sous le lien http://news.icilome.com/?idnews=833246&t=la-preuve-du-choix-du-togo-par-dieu-comme-2eme-isra%EBl par le sieur Georges David ADA et intitulé « La preuve du choix de Togo par Dieu comme 2eme Israël » soulève beaucoup de questions cruciales sur la parenté supposée des populations d’Agu avec les Juifs depuis la Haute Antiquité et sur l’Histoire récente des « Àgùàwó » au sein du Peuple Èʋè (Èwè). Il soulève également des questions cruciales sur le rôle nocif des religions exotiques dites abrahamiques et « monothéistes » dans la lutte d’émancipation des Peuples Africains.

On peut supposer que la rédaction dudit article a été simplement motivée par des considérations politiciennes et partisanes dans l’unique but de se signaler de nouveau comme un vulgaire figurant sur la scène socio-politique togolaise, puisque l’article ne s’appuie visiblement sur aucune considération objective et scientifique. Cet article n’aurait pas mérité que l’on s’y attarde s’il n’était pas un mélange de révisionnisme historiographique dangereux, d’un prosélytisme judéo-centriste incongru et d’un missionarisme chrétien crétinisant qui risquent de pousser dangereusement la Jeunesse Togolaise (et la Jeunesse Africaine en général) désireuse de se ressourcer dans l’Histoire authentique du Terroir Africain et de son Peuple vers un obscurantisme dangereux, hautement inhibiteur et contre-productif.

Vouloir lire forcément aujourd’hui l’Histoire des Peuples Africains à travers la grille idéologique biblique et vouloir interpréter coûte que coûte aujourd’hui le fait politique dans les pays africains à travers le prisme judéo-chrétien sont devenus depuis quelques temps des pratiques étranges qui demandent que l’on y accorde une analyse attentive.

Le phénomène de l’interprétation falsificatrice et fallacieuse des écrits bibliques pour les adapter vaille que vaille aux différents contextes socio-politiques en Afrique a toujours visé à plonger les Citoyens opprimés et paupérisés dans une léthargie de résignation et de messianisme utopique tout en délivrant cyniquement des prêches laudatives et glorificatrices à l’endroit des violents oppresseurs impénitents afin d’être dans leur bonne grâce.

Le phénomène n’est pas nouveau sur la scène socio-politique togolaise. Déjà dans les années 1980, un « éminent » prélat catholique aujourd’hui décédé avait eu l’outrecuidance de prononcer devant les micros et caméras de la télévision togolaise une homélie très fallacieuse et laudative en déclarant que la localité de Pya en pays Kabyè serait le « Bethlehem » pour le Peuple Togolais, que Maman Ndanida serait la « Vierge Marie » togolaise, que papa Gnassingbé serait le « Saint Joseph » qui aurait donné aux Togolais leur « Jésus » en la personne du violent tyran défunt Éyadéma!
La prolifération anarchique et très inquiétante des hordes de sectes chrétiennes bigotes et ultra-fanatiques depuis quelques années au Togo a malheureusement embrigadé mentalement une bonne frange de la population dans ce nombrilisme judéo-chrétien très aliénateur pour les Africains et les focalisant dangereusement sur un messianisme passif au lieu de les encourager à se libérer par l’Action pragmatique.

Cette propension actuelle chez de nombreux nègres consistant à vouloir coûte que coûte trouver leur « filiation » (biologique ou spirituelle) « irréfutable » avec l’Israël de l’Antiquité semble provenir d’une grave crise identitaire chez un large pan de la Jeunesse africaine en général et de la Jeunesse togolaise en particulier. Elle débouche dangereusement sur de véritables absurdités anthropologiques et sociologiques par lesquelles ces jeunes africains et togolais veulent croire qu’il existerait une « race juive » ou une « race israélienne », comme Adolf Hitler et ses théoriciens Nazis l’avaient bêtement propagé de façon démagogique au siècle dernier.

Les Travaux très objectifs et très fouillés des Historiens ISRAÉLIENS très probes tels que Shlomo SAND et Israël FINKELSTEIN viennent pourtant déconstruire la fable racialiste judéo-centriste ou israélo-centriste véhiculée idéologiquement à travers la bible depuis des siècles autour de la boutade d’une prétendue « tribu perdue d’Israël » parmi les nègres.

Nul ne peut dénier les mariages mixtes et les métissages entre les Peuples à travers les âges!
Nul ne peut réfuter que les tribus hébraïques ou juives se sont brassées avec des tribus d’autres Peuples et que cela peut avoir contribué à des échanges culturels et à des emprunts linguistiques ou culturels mutuels. L’Humanité entière n’a pu exister et se procréer que grâce à cela!
Mais lorsqu’on a de plus en plus l’impression que la fumeuse théorie de « peuple élu de Dieu » sert de moyen à certaines personnes pour embrouiller gravement les gens et les maintenir dans l’ignorance rétrograde et suicidaire, il devient nécessaire de donner magistralement un cours clair et concis au grand Public sur certaines choses irréfutables.

Voici donc ce qui est historiquement bien établi au sujet de l’Ethnogenèse du Peuple d’ISRAËL et au sujet de ses rapports avec les Africains depuis la Haute Antiquité, au-delà des affabulations mythiques dans la bible:

1) Les Hébreux, ancêtres des Juifs d’aujourd’hui, étaient un groupe social issu du MÉTISSAGE entre des Hyksos Cananéens (un peuple sémite, marchand et semi-nomade à peau claire) et des habitants sédentaires de KMT (Égypte) dans le delta du Nil. L’immigration des Hyksos en Terre égyptienne par vagues successives commença durant le règne des Pharaons Nehesi et Meredjefare (ou Merdjefare) au début de la Période dite intermédiaire en Égyptologie, c’est-à-dire entre 1648 et 1550 avant l’ère chrétienne!

2) Selon plusieurs Travaux sérieux en Linguistique, en Histoire, en Archéologie et en Égyptologie, l’Ethnonyme « hébreux » est dérivé du terme « Hebera » dérivé à son tour du terme « Habiru » et signifiant « Maraudeur/Vagabond » en Akkadien (une langue parlée jadis en Mésopotamie du 3e au 1er Millénaire avant l’ère chrétienne et devenue aujourd’hui une langue désuète, morte). Une telle désignation renvoie sans doute au mode de vie nomade mené par ces peuples sémites, en opposition aux peuples sédentaires voisins de la Mésopotamie (royaume des Sumériens et des Akkadiens) et de l’Égypte des peuples Kamites.

3) Le groupe social des Hébreux (auquel des personnages mythiques tels que Abraham avaient appartenu) était donc un GROUPE MÉTIS issu d’immigrants Hyksos allogènes sémites à peau claire et d’autochtones sédentaires égyptiens à peau foncée!

4) On peut donc comprendre pourquoi les Hébreux présentés dans les récits bibliques tels que Abraham ont fini par adopter les us et coutumes égyptiens comme la circoncision qui n’était pas pratiquée jadis au sein des peuples sémites durant la haute Antiquité!

5) Et on peut comprendre également comment cette acculturation a conduit une partie des Hébreux à adopter le culte foncièrement kamito-égyptien autour du Concept sacré de la TRIPLE TRINITÉ (désigné avec le terme YEƲE et conservé comme tel jusqu’aujourd’hui en Eʋegbe) en tant qu’Expression de l’Ordre Divin fondamental dans l’ensemble de la Création.

6) Ce métissage biologique et social a même permis à certains descendants aristocrates Hyksos à devenir des Souverains (Pharaons) et à régner sur l’Égypte pendant 108 ans!

7) Les Hébreux, descendants métis des Hyksos allogènes et d’Égyptiens autochtones, sont entrés avec le temps en conflit avec d’autres composantes de la société égyptienne, et plus particulièrement avec le Haut Clergé égyptien pour des questions de culte et de succession royale.

8) C’est ainsi qu’à partir du temps de règne du Pharaon Kamose de la 17e Dynastie (vers 1550 avant l’ère chrétienne) une politique hostile aux descendants des immigrants Hyskos (donc y compris les Hébreux) a vu le jour et s’est poursuivie avec le Pharaon Ahmose I, successeur du Pharaon Kamose.

9) Une première conséquence de cette hostilité envers ces descendants des Hyskos consista à les expulser vers la péninsule du Sinaï et dans la région dénommée Midian où certains s’organisèrent en de petites communautés semi-sédentaires autour des valeurs cultuelles rudimentaires empruntées à leurs parents égyptiens avec lesquels ils sont entrés en conflit.

10) C’est ainsi que virent le jour les toutes premières communautés cultuelles du YAHVISME primitif hébraïque dans le Sinaï et dans la localité de « Shasu Yevhe » dans la région du Midian. Le Yahvisme primitif hébraïque, ancêtre cultuel et religieux du Judaïsme qui donna à son tour la naissance au christianisme d’aujourd’hui, n’est rien d’autre qu’un emprunt travesti et galvaudé du culte kamito-égyptien de la TRIPLE TRINITÉ (YEƲE) et dont la forme populaire est connue aujourd’hui sous l’appellation de l’ Ennéade.

11) C’est également dès cette époque que les Pharaons égyptiens avaient intensifié leur politique de colonisation des contrées hellènes (la Grèce et ses îles) afin de pousser une partie de ces communautés allogènes d’Égypte à aller s’implanter comme colons égyptiens sur les îles de la Grèce actuelle telles que l’île de la Crète où naîtra plus tard la Haute Culture Minoenne, dans la parfaite continuité civilisationnelle de l’Égypte pharaonique. Les objets de culte sacrés typiquement africains tels que le « Labrys » ou « Hache de Crète » (Sofiagã en Eʋègbè) sont ainsi arrivés au Temple sacré de Knossos sur l’île de Crète!

12) L’hostilité envers les descendants métis des Hyksos, envers de nouveaux immigrants allogènes non-égyptiens et envers les peuples voisins des Égyptiens s’est particulièrement exacerbée durant le règne de Ramsès II de 1279 à 1213 avant l’ère chrétienne. Cette hostilité s’expliquait par les crises socio-économiques provoquées par des changements climatiques inattendus (baisse des crues du Nil entraînant le ralentissement des activités économiques) et aggravées par de nouvelles immigrations massives d’autres populations allogènes.

13) Le Pharaon Ramsès II (ayant régné de 1279 à 1213) était obligé dans ces conditions d’expulser vers Canan les Hébreux qui ne voulaient pas se plier aux mesures d’austérité imposées à l’ensemble des populations égyptiennes en raison des problèmes socio-économiques qui frappaient le pays tout entier. C’est cette expulsion qui est mentionnée dans les récits bibliques comme étant l’Exode des Hébreux vers Canan à partir de l’Égypte.

14) À la suite de leur installation à Canan et dans les autres régions environnantes un ensemble de clans hébreux essentiellement MATRILINÉAIRES qui continuaient de pratiquer une forme abâtardie de ce Yahvisme primitif s’était donné le nom ISRAËL et avait voulu s’opposer au droit de suzeraineté des Pharaons égyptiens. Cela obligea le Pharaon Merenptah (Successeur de Ramsès II) à mener une campagne militaire contre ces populations cananéennes et à désorganiser gravement leur fondement social axé essentiellement sur le culte abâtardi du Yahvisme primitif . L’Histoire inscrite sur la Stèle du Pharaon Merenptah en fait largement mention. Et c’était dans ces conditions de désolation généralisée que le mythe de « peuple élu de Dieu » est créé autour de l’an 1208 avant l’ère chrétienne, car il y avait eu parmi ces clans hébreux considérés par les Souverains égyptiens comme des frondeurs téméraires quelques groupes de survivants malgré la terrible férocité militaire des Égyptiens.

15) Avec la montée en puissance du royaume de Babylone plus tard en Mésopotamie, toutes ces communautés d’origine hébraïque qui se définissaient culturellement et socialement à travers leur référence commune au Yahvisme primitif vont subir malheureusement une attaque militaire de la part du roi babylonien Nabuchodonozor II qui déporta une bonne partie de la population en captivité et interdit formellement la pratique du Yavhisme primitif emprunté maladroitement aux Égyptiens auparavant.

16) C’est ainsi qu’une élite embryonnaire originaire essentiellement de la région de JUDÉE tenta de maintenir la solidarité communautaire en mettant en avant la rédaction de la Torah (bible hébraïque) dès l’an 550 avant l’ère chrétienne pour camoufler la pratique clandestine du Yahvisme primitif. Le JUDAÏSME est né ainsi!

17) Cette nouvelle religion (le JUDAÏSME) qui est un mélange hétéroclite du Yahvisme primitif avec des mythes locaux et avec des pratiques magico-cultuelles des différents peuples de la région déboucha sur l’émergence de différentes sectes très fanatiques et mutuellement concurrentes telles que la secte des Pharisiens, la secte des Sadducéens, la secte des Esséniens, la secte de Judas le Galiléen.

18) Cette cacophonie s’est accentuée plus tard avec le fanatisme religieux des Macchabées qui étaient un clan hébraïque fermement opposé à l’hellénisation des peuples d’origine hébraïque éparpillés dans tout le bassin méditerranéen depuis l’Antiquité, et surtout avec le prosélytisme bigot des Zélotes qui menaient un activisme patriotique judéo-centriste contre la domination romaine de l’époque.

Au regard de toute cette description ci-dessus, on conviendra avec nous qu’il est vraiment malsain de vouloir recommander aux Africains aujourd’hui de chercher leur salut spirituel et culturel dans une telle copie diffuse des plus pâles copies hétéroclites d’une religion exotique et aliénatrice dont la Source pure et originale remonte à leurs propres Ancêtres et continue d’exister dans leur propre Culture ancestrale jusqu’aujourd’hui de manière voilée et cachée!

Concernant tout ce qui est raconté dans la publication du sieur Georges David ADA au sujet des Ancêtres-fondateurs KULI et VLOE d’Agu-Nyɔgbo, on peut concéder en toute honnêteté que chaque Cité et chaque Communauté humaine ont le droit légitime d’avoir des mythes fondateurs!
Le mythe-fondateur de la Cité de Rome par exemple rapporte que les fondateurs mythiques Romulus et Rémus seraient des jumeaux abandonnés dès leur naissance par leur génitrice et doivent leur survie à une louve qui les aurait allaités jusqu’à leur adolescence. Le mythe-fondateur du peuple-frère Fon au Bénin par exemple rapporte que l’Ancêtre mythique serait issu d’une « copulation mythique » entre une Panthère (Agàsú) et une princesse Adja dans le royaume médiéval d’Adja-Tado.

Mais faire un amalgame et une confusion entre Mythe-fondateur et Histoire conduit dangereusement les jeunes générations à l’Amnésie intellectuelle et à l’a-historicité suicidaires!
La vraie signification du Toponyme/Ethnonyme « Nyɔgbo » en Pays AGU n’a rien à voir avec cette interprétation pseudo-linguistique « Nyɔ Agbó ». Elle se trouve plutôt dans la vraie Histoire du Peuplement ancien de ce terroir jadis habité par les groupes sociaux « Nyangbo » (ou « Nyɔgbo  » ou encore « Anyɔgbo »), « Botso » (ou « Bosso » ou encore « Boso »), « Guang » (dont les « Akpafu »), « Tafie » (ou « Tavie »), « Akebu » (ou « Kebu ») etc. qui y vivaient de façon éparse bien avant l’arrivée des « Ga » (« Gã » ou encore « Guin ») en provenance de l’ouest (Accra, Teshi, Ningo, Labadi, etc.) et des « Adja-Eʋe » (Ewe) en provenance de l’est (Ŋɔtsie, Hàhòmegbé, Tegbe, etc.).

Les « Nyangbo » (ou « Nyɔgbo »), les « Botso » (ou « Bosso » ou encore « Boso » qui sont une branche des « Guang ») et les « Tavié » (ou « Tafie » ou encore « Tafi ») existent encore jusqu’aujourd’hui comme Communautés sociolinguistiques quasi-intactes quoique bilingues (c’est-à-dire ayant leur propre Langue en plus de l’Eʋègbè!) dans la Région de la Volta au Ghana voisin, jusque dans les montagnes d’Akwapim au Ghana voisin! Certaines familles très anciennes d’Agu-Nyɔgbo-Dzidzɔle et d’Agu-Nyɔgbo-Agbetikɔ ont longtemps conservé des liens étroits de parenté et de fraternité avec les clans Nyangbo (Nyɔgbo) et Botso (Bosso) vivant du côté du Ghana dans la Région de la Volta!

L’anecdote mythique rapportée par le sieur Georges David ADA au sujet d’assiettes de pâte et de sauce qui seraient conservées jusqu’aujourd’hui comme autre vestige « mystérieux » ne revêt pas la signification d’une supposée « abondance divine », comme sa narration voudrait le faire croire!
Il s’agit plutôt d’un conte mythique visant à camoufler des faits historiques liées aux rivalités nées des prétentions hégémoniques d’antériorité migratoire entre les clans « Botso » (ou « Boso ») et les clans « Nyɔgbo » quand il s’est agi de choisir un Chef coutumier commun pour l’ensemble des clans! Ces prétentions hégémoniques ont connu un épilogue déterminant à l’époque coloniale pour déboucher sur l’attribution du statut administratif de « canton » à une agglomération et de « village autonome » à l’autre agglomération par l’Administrateur colonial européen qui n’estimait pas nécessaire de s’aventurer sur le terrain très compliqué de l’Histoire du Peuplement ancien du Terroir Togolais.

Pour ce qui concerne l’appellation « Nyɔgbo » (ou « Nyangbo »), elle vient de la désignation du LAMENTIN (« Ànyɔ »/ »Anyɔgbo ») qui est un Mammifère aquatique herbivore aimant être très utile aux Humains. Cet animal était jadis considéré par la Communauté autochtone de ce Terroir montagneux comme une Créature animale sacrée et vénérée à ne jamais tuer (donc un Animal-totem sacré pour cette Communauté autochtone autrefois!), car il indique aux Humains à travers les traces de ses déplacements les sources d’eau douce nécessaire pour la survie des Humains durant leurs mouvements migratoires ou pour leurs activités ménagères ou agricoles!
Les Adeptes initiés aux cultes hautement sacrés entourant cet Animal-totem très sacré qu’est le Lamentin (Nyɔgbo ou Anyɔgbo) étaient/sont appelés « Nyɔgbo-si » ou « Anyɔgbo-si » en Pays Eʋe (Ewe).

On peut donc comprendre à travers cette brève explication autour des rapports complexes entre le Lamentin, les Ressources hydrauliques et les Humains comment la vie spirituelle, cultuelle et sociale ces Communautés accordaient jadis une importance capitale à l’Équilibre écologique nécessaire à travers la protection scrupuleuse de la Faune, de la Flore, du Sol et des Ressources hydrauliques avant l’invasion dévastatrice européenne à travers le missionarisme judéo-chrétien abrutissant et à travers la paupérisation prédatrice de la colonisation violente: il y avait dans ces Communautés pré-chrétiennes et pré-coloniales l’interdiction stricte de tuer certaines espèces animales, de couper certains arbres, de défricher certaines forêts considérées comme sacrées parce que se trouvant à certains endroits précis ou accomplissant certaines fonctions écologiques précises, de puiser de l’eau à certains endroits avec certains ustensiles ou de laver dans le lit des cours d’eau avec du savon et d’autres produits chimiques …
Pour ce qui concerne l’Ethnonyme « AGU », il remonte historiquement à la période du séjour des Eʋe (Ewe) dans l’enceinte des murailles protectrices (Àgbògbòmè) de la Cité-État de Ŋɔtsié jusqu’au début du 17e siècle de l’ère chrétienne et désigne l’AURORE MATINALE se pointant toujours au Levant.

Ce terme, utilisé jusqu’aujourd’hui pour désigner géographiquement le Levant (l’Est) où l’Aurore matinale annonce le lever du jour, servait à désigner l’ensemble des clans Eʋe qui vivaient du côté Est de la Cité-État de Ŋɔtsié à cette époque. Ces clans avaient continué d’utiliser ce terme pour continuer de se forger une Identité communautaire durant leurs migrations successives en petits groupes dans les montagnes environnantes jusqu’en Pays Akposso, en Pays Akebu et en Pays Adele avant de se sédentariser définitivement dans leur Terroir actuel (le Mont AGU et ses versants et vallées environnantes) où vivaient déjà de façon éparse des clans « Nyangbo » (ou « Nyɔgbo »), des clans « Ga » (« Gã » ou « Guin »), des clans « Boso » ou « Botso » (une branche des « Guang ») et bien d’autres Peuples.

On peut donc comprendre qu’il y a toujours eu au sein des Peuples Africains une véritable Ingénierie sociale qui repose sur une dynamique de recomposition sociale et qui consiste à intégrer habilement et judicieusement des éléments nouveaux dans les structures sociales, culturelles et économiques pré-existantes et à réactualiser en permanence l’Identité communautaire tout en prenant toujours soin de ménager habilement les sensibilités des uns et des autres pour préserver la cohésion sociale.

L’Anthropologie et l’Histoire nous apprennent que les Peuples ont toujours pris leur Ethnonyme (leur Nom communautaire) soit à travers leur pratique cultuelle et religieuse, soit à travers leurs activités socio-professionnelles, soit à travers leur mode de vie (« positif » ou « négatif »), soit à travers un événement historique marquant, soit en référence à la position géographique de leur lieu d’habitation ou soit encore en référence au Patronyme d’un Patriarche ou d’une Matriarche qui faisait fonction de Chef de toute la Communauté! Les contorsions pseudo-linguistiques du sieur Georges David ADA qui voudrait nécessairement établir un lien d’étymologie ou d’emprunt linguistique avec le Berbère au sujet du terme « AGU » sont donc des conjectures spéculatives sujettes à caution!
Concernant l’histoire du sieur Georges David ADA au sujet de l’empreinte mystérieuse d’une main sur le rocher situé au lieu dénommé « Asi Atɔ » sur le Mont AGU, tout vrai Natif d’Agu connaissant très bien son Terroir natal comme le sieur ADA peut affirmer l’existence effective d’une telle empreinte manuelle et sa destruction par les Allemands. Ce Natif bien enraciné dans ce Terroir attestera également qu’il existe d’autres empreintes mystérieuses similaires et d’autres manifestations mystérieuses en divers endroits sur le Mont AGU, comme par exemple une autre empreinte démesurément longue d’un pied sur un rocher dénommé « Gbogboé » près d’Agu Kebo-Kpeta sur le Mont AGU.

Mais vouloir faire de tels vestiges mystérieux le point de départ d’une « théorie créationniste israélo-centriste » pour trouver forcément une « filiation divine » ou « génétique » entre les Juifs de l’Antiquité et les « Àgùàwó » d’aujourd’hui (qui constituent d’ailleurs une branche très hétérogène au sein du Peuple Eʋé/Éwé qui est lui-même déjà hautement composite!), serait une manière pseudo-scientifique de vouloir justifier fallacieusement la pseudo-théorie racialiste et judéo-centriste autour d’une prétendue « tribu perdue » mythique des Israélites de l’Antiquité à laquelle certains nègres souffrant actuellement de graves crises identitaires veulent s’identifier par tous les moyens.
L’existence de tels vestiges mystérieux s’explique simplement par les oeuvres et les exploits de certains illustres Ancêtres Africains défunts dotés de grands Pouvoirs magiques et occultes pour des oeuvres de guérison, de protection de leur Peuple contre des calamités naturelles ou pour la survie de leur Communauté face aux agressions extérieures.

Le Terroir Togolais regorge éminemment de tels vestiges mystérieux dans les Monts de la Kozah, dans les Monts d’Aledjo-Kadara, sur le Plateau de Dayes, dans les Monts Akposso, Adele et Akebou qui n’ont pas besoin d’être reliés à des montagnes en Israël par un Géographe imaginaire avant que toute leur signification historique et socio-culturelle ne soit cernée à leur juste valeur!
Il est très bien connu dans l’Histoire des Peuples Africains qu’il existait dans les bons vieux temps de vrais Thaumaturges et Grands Mages qui aimaient démontrer aux gens qu’ils possédaient de grands Pouvoirs magiques et occultes capables de provoquer des miracles qui peuvent rester comme témoignages de leur faits d’exploit pour la postérité!

Et de tels vestiges mystérieux existent également chez d’autres Peuples non-africains, comme l’Histoire des Thaumaturges français, suisses et allemands du Moyen-Âge européen en donne une preuve édifiante jusqu’aujourd’hui à travers leurs lieux sacrés de pèlerinage tels que Einsiedeln (Suisse) et Lourdes (France)!

Le cas le plus emblématique qu’on peut citer comme exemple dans le contexte ouest-africain est celui du Chef de Guerre Asanti Omkofo Anokye: à la suite de sa défaite cuisante et inattendue durant sa campagne militaire contre ses voisins Dagomba et Eʋe celui-ci a planté en terre avec une grande colère son épée de guerre qui serait doté de Pouvoirs magiques selon la légende et que personne n’a réussi à déterrer jusqu’aujourd’hui dans l’enceinte de l’hôpital de Kumasi au Ghana! 

Il semblerait qu’un bulldozer n’aurait même pas réussi à le déterrer à maintes tentatives!
Ce Chef de Guerre aurait par ailleurs craché sa salive mêlée de noix de kola mâchée contre un mur dans les mêmes circonstances et les traces sont restées indélébiles jusqu’aujourd’hui!
Des détails sur les exploits de ce Grand Mage et Chef de Guerre Asanti peuvent être lus sous le lien http://ww.theakan.com/Okomfo_Anokye_greatest_Akan_shaman.html
On retenir de tout ce qui précède qu’on n’a pas besoin de rattacher tous ces vestiges mystérieux du Terroir Togolais à une quelconque « filiation hébraïque » ou « judéo-chrétienne » pour leur accorder toute l’attention que cela mérite!

Quant aux affabulations du sieur ADA sur l’étymologie du nom TOGO, on peut se faire l’économie des efforts pour ne pas entrer ici dans un débat futile et inutile car tout Togolais à l’esprit ouvert est censé connaître assez bien l’origine du Nom TOGO en référence à la localité de Togoville et que l’origine de ce Nom n’a rien à voir avec le Mont AGU.

Conclusion.

On peut donc affirmer sans trop se tromper que l’intention et la démarche du sieur Georges David ADA à travers son article s’inscrivent malheureusement dans la logique révisionniste de la falsification historiographique et culturelle qui demeure une puissante arme idéologique et psycho-sociologique de destruction massive entre les mains des religions dites abrahamiques dans leur propagande d’endoctrinement mortifère et d’asservissement mental des Peuples.
Dans le cas spécifique togolais qui nous préoccupe ici, ces religions exotiques dites abrahamiques et les partis politiques qui leur sont affiliés font simplement semblant d’oeuvrer pour la fin du violent régime d’oppression, de prédation et de paupérisation. En réalité ces la grande partie de ces congrégations exotiques et les partis politiques qui leur sont affiliés sont des alliés objectifs de ce régime de terreur puisqu’ils tirent leurs profits de la situation de misère et de désespoir généralisée créée sciemment par ce régime au sein des populations laborieuses du Terroir Togolais.
La preuve en est donnée par le fait que ces congrégations religieuses exotiques et les partis politiques qui leur sont affiliés ne prêchent jamais et n’appliquent jamais la Théologie de la Libération qui demeure aussi une Doctrine chrétienne (puisqu’elle plonge ses racines lointaines dans les Enseignements des Esséniens) et qui enseigne la nécessité de combiner le Verbe véridique avec l’Action pragmatique en faveur des opprimés et des déshérités, comme le Vrai Yeheshua historique (devenu « Jésus » par falsification idéologique) l’avait toujours publiquement montré et démontré de son vivant.

[1] Contacts:
K. Kofi FOLIKPO
PYRAMID OF YEƲE
CH-5400 Baden (SUISSE)
Web (personnel): https://independent.academia.edu/KofiFolikpo
E-Mail: Kofi.Folikpo@hotmail.com

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Bibliographie:

1. BASSA, Komla Obuibé: Populations des montagnes atakoriennes (Ghana-Togo-Bénin). Discours de l’autochtonie et mise en place du peuplement entre le XVIe et le XIXe siècle. Thèse de Doctorat d’Histoire. Université d’Aix-Marseille, 2004.

2. BURCHARDT, Max: Die altkanaanäischen Fremworte und Eigennamen im Ägyptischen. Leipzig: Hinrichs Verlag, 1909.

3. BURCHARDT, Max (& PIEPER, Max): Handbuch der aegyptischen Königsnamen. Leipzig: Hinrichs Verlag, 1912.

4. EKPE, Kokou: L’histoire des « Àguàwó ». Contribution à l’Histoire des Ewe du Sud-Togo. Mémoire de Maîtrise-ès-Lettres. Université du Bénin (Lomé/Togo), 1986.

5. FINKELSTEIN, Israël (& SILBERMAN, Neil A.): Keine Posaunen vor Jericho. Die archäologische Wahrheit über die Bibel. Deutscher Taschenbuchverlag, 2004.

6. GAVUA, Kodzo: A Handbook of Eweland: The northern Ewes in Ghana. Accra: Woeli Publishing Group, 1997.

7. GAYIBOR, Nicoué L.: Histoire des Togolais: Des origines aux années 1960. Tome 3: Le Togo sous administration coloniale. Paris/Lomé: Éditions Karthala/Presses de l’Université de Lomé, 2011.

8. PAKU Erhardt Kofi: Togo ŋutinya tso 1482 vaseɖe 1980. Lomé: Éditions Haho, 1984.

9. RAPP, Eugen: Sprichwörter der Guang von Boso und Anum in Ghana (Guang-Studien, Nr. 5). Basel: Basel Mission Archives, 1971.

10. SAND, Shlomo: De la nation et du « peuple juif » chez Renan. Paris: Éditions: Les liens qui libèrent (LLL), 2009.

11. SAND, Shlomo: The invention of the Jewish People. London/New York: Éditions Verso, 2009.

12. SPIETH, Jakob: Die Religion des Eweer in Süd-Togo. Leipzig: Dieter’sche Verlagsbuchhandlung, 1911.

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