Le 4 mars ou un plébiscite fracassant pour le FRAC

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De la même manière que le 27 avril 1958 a été un plébiscite pour le mouvement nationaliste, de même le 4 mars 2010 les Togolais mettront massivement un terme à la dictature dynastique vieille de plus de quarante ans.
L’alternative de cette élection est claire et simple.

Faut-il continuer avec un système voyou et mafieux qui a fini par incorporer, insidieusement, trois individus-piliers tels que Yawovi Agboyibor, Léopold Gnininvi et le « dauphin » illuminé d’Eyadéma, Agbéyomé Kodjo ? Ou alors faire le choix de l’alternance et du changement, incarné par le FRAC (Front républicain pour l’alternance et le changement) ? Dans sa composition sociologique, voire ontologique, ce front traduit « le plus ardent désir » de tous les Togolais de conjuguer leur force pour bâtir un Togo moderne, juste et fraternel.

La victoire du FRAC est inéluctable sur le système RPT que les barons eux-mêmes qualifient de « vomi », de « corrompu » et de « bandit ». On se pose alors la question de savoir pourquoi c’est en ce moment stratégique précis que Agboyibor, Gnininvi et Agbéyomé choisissent de s’allier au clan Gnassingbé ?

Agboyibor, à force de confondre intelligence et ruse, c’est-à-dire cogestion, retour de l’ascenseur et fange, s’est pris dans les mailles de ses propres filets. Après avoir vilipendé avec raison sur tous les toits Gilchrist Olympio comme obstacle à la solution de la crise togolaise, il en est réduit aujourd’hui à quémander son soutien et à insinuer qu’il l’aurait même obtenu. Au nom d’un « deal » inavouable, Agboyibor serait prêt à reconnaître une victoire frauduleuse de Faure qui ferait appel de nouveau à lui pour des charges gouvernementales. Il a déjà perçu une avance et espère le solde de tout compte au lendemain du 4 mars. C’est à ce jeu obscur du Bélier-noir que le patron du CAR Dodji Apévon doit mettre fin s’il ne veut pas que les Togolais jettent son parti dans les oubliettes de l’histoire.

Gnininvi non seulement continue à prendre son pied dans « la chambre à coucher » de Faure, mais il y a fait pénétrer aussi sa nymphe Brigitte Adjamagbo. Celle-ci aurait pu rejoindre le FRAC si elle avait l’accord de son mentor qui est, quant à lui, lié par le même « deal » qu’Agboyibor. Mais la « revendeuse d’épreuves » préfère attendre sagement son tour au pied des alcôves présidentielles, fredonnant pour tromper son impatience des airs apaisant le maître des lieux.
Agbéyomé, l’auteur du brulot « Il est temps d’espérer » étonne par son cheminement politique sinueux depuis 2002. Comme son frère-ennemi Dahuku Péré, il avait toute sa place au sein du  FRAC. A la différence d’Agboyibor et de Gnininvi, il n’aurait pas de « deal » avec Faure mais avec Kpatcha le prisonnier politique du RPT. Son instabilité psychologique serait-elle liée au massacre de Fréau jardin dont la lumière n’est jamais faite à ce jour, aux séquelles de son séjour à la prison de Kara ou à la forte emprise de son gourou de pasteur qui lui a fait croire à son destin politique messianique pour le Togo ?
Ce qui caractérise politiquement ces trois natifs du Yoto, – qu’on peut désormais nommer le Trio ou les Larrons de Yoto (qui mérite vraiment mieux !) – c’est leur faible poids électoral aussi bien dans leur préfecture d’origine que dans l’ensemble du pays. Leur mission secrète et inavouée dans cette élection est de permettre à Faure de justifier une victoire frauduleuse en invoquant la dispersion des voix de l’opposition. En réalité, les Togolais n’ont rien à craindre d’eux en cas d’élection transparente, et la sanction dans les urnes le soir du 4 mars sera proportionnelle à leur collusion avec le RPT.

Comme son père, Faure ne peut gagner  une élection transparente au Togo. Sa base électorale réelle ne dépasse pas les 10 % des voix que l’affaire Kpatcha et les dissensions au sein du clan, de l’armée et du RPT continuent d’éparpiller inexorablement. Malgré cela, Faure compte passer en force en s’appuyant sur un noyau dur des FAT formé de Titikpina, Laokpessi, Yark, Bali, Kpelenga, – le redoutable Colonel Kadangah de la FIR  jouant un jeu obscur – ainsi que sur des éléments de la CENI tels que Taffa Tabiou et ses thuriféraires. Leur plan est de prendre tout le monde de vitesse en annonçant le soir du 4 mars la victoire de Faure afin d’obliger dans la confusion et la précipitation la Cour constitutionnelle à valider la fraude électorale. Rappelons qu’au 2 février dernier, la même Cour avait invalidé la candidature de Kofi Yamgnane pour des raisons plus politiques que juridiques.

Mais cette imposture ne passera pas. En effet c’est Jacques Chirac qui a mis en branle personnellement les réseaux françafricains tels que Omar Bongo (doyen des chefs d’Etats africains), Mamadou Tandja (CEDEAO), Olusegun Obasanjo (UA), Abdou Diouf (OIF), Louis Michel (UE), etc. pour soutenir l’imposture en avril 2005. Aujourd’hui ni la France sarkozyste, ni l’Union européenne ne sont disposées à soutenir ou à accompagner une présidentielle calamiteuse au Togo.

Le FRAC est déterminé à défendre sa victoire sur place et par tous les moyens. Il a le soutien de la France et de la communauté internationale. Une partie de l’armée silencieuse n’est pas prête à cautionner de nouveau l’imposture. Cependant une vigilance accrue s’impose dans les bureaux de vote aux scrutateurs.

Le FRAC doit exiger auprès de la CENI la publication dans la presse écrite des schémas d’implantations des bureaux de vote sur toute l’étendue du territoire, afin de connaître leur nombre effectif et de permettre aux observateurs nationaux et surtout internationaux qui ont financé le scrutin, de même que les médias indépendants, de décider librement le choix des bureaux de vote à superviser.

Autant le FRAC doit rester ferme en cas de vol de sa victoire, autant il ne doit pas non plus tomber dans la griserie de la victoire si celle-ci est acquise. On doit alors pouvoir faciliter à Faure son départ vers le Burkina Faso où il pourra retrouver son ami Dadis Camara, et aussi ses esprits pour se reconstruire et aller de nouveau à la conquête du pouvoir si tel est son destin.

Paris, le 23 février 2010
Waste Aregba, Bordeaux
Tido Brassier, Paris
Comi Toulabor, Bordeaux

 

 

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