La sexualité masculine dévoilée

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Pour en savoir plus sur la sexualité des hommes vivant en couple, le psychiatre et sexologue Philippe Brenot recueille leurs confessions. A la clé, des témoignages étonnants, sincères et toujours émouvants qui bousculent les idées reçues et tracent les nouveaux contours d’une mutation.

Pour en savoir davantage sur le « sexe fort » et sa sexualité, Philippe Brenot, psychiatre et sexologue innove avec une méthode d’investigation « sur la toile ». « Ma vision dans le secret du cabinet était incomplète. Les réponses aux questions posées sur Internet m’ont beaucoup appris » confie le psychiatre, ému par ces hommes qui se mettent à nu. La confession solitaire sur écran lui a ouvert des pans insoupçonnés de la sexualité masculine, qu’il nous présente. L’enquête porte sur l’orgasme, la masturbation, les positions, les fantasmes, l’insatisfaction et bien d’autres champs autour des comportements sexo. Résultat : des tabous qui sautent et des informations précieuses qui, au-delà des faits, pourront peut-être atténuer les malentendus homme/femme dans les couples.

L’orgasme : un ressenti complexe !

Alors que les hommes semblent toujours perçus, comme triviaux pour la majorité des femmes, l’enquête révèle une tout autre réalité. Tout d’abord, à la question : « Avez-vous un orgasme à chaque rapport ? » 68 % des hommes répondent : « Oui ! ».

Ensuite, plus de 50 % d’entre eux ont pu décrire des sensations qu’ils ressentaient. Des informations qui tendent à rapprocher l’orgasme masculin de celui des femmes avec l’existence de 4 phases. A savoir : une montée de la tension, suivie d’une explosion, d’un relâchement dans la jouissance puis d’une perte de contrôle.

« Les nombreux détails qu’ils donnent révèlent une grande sensibilité à ressentir leur corps, ce qui va à l’encontre des stéréotypes des hommes rustres et peu communiquants » soulève Philippe Brenot. Et ce n’est qu’un début !

Le premier rapport : de l’intranquillité

« La sexualité s’apprend » rappelle Philippe Brenot. Le psychiatre est frappé par la proportion « d’intranquillité » face au premier rapport, soit 57 % d’entre eux. D’autre part, 10 % avouent avoir eu une panne sexuelle, et 50 % une éjaculation rapide. Nombreux sont ceux qui avouent être plutôt stressés, et pas si fiers. A la question : « Comment vous êtes-vous sentis ? », on trouve de l’inquiétude avant, de la surprise et de la culpabilité après. Selon l’enquête, 16 % témoignent d’une expérience plutôt difficile, 31 % ont un souvenir neutre et seulement 48 % disent que ça c’est bien passé.

Alors que nombre d’idées reçues soutiennent que la sexualité va de soi, le sexologue s’appuie sur ces témoignages pour amener la question de l’éducation à la sexualité qui permettrait d’aborder le premier rapport avec moins d’anxiété. Selon Philippe Brenot, « Un accompagnement des ados vers une initiation « tranquille » et sécurisante éviterait certainement bien des difficultés sexuelles et relationnelles par la suite ».

La masturbation : une détente anxiolytique

Les chiffres sont parlants ! 87 % des hommes pratiquent cette stimulation sexuelle, 13 % en culpabilisant, et 40 % sans le dire à leur compagne. Et ils sont tout de même 11 % à s’adonner à l’autoérotisme tous les jours.

Un sujet qui reste tabou chez bien des couples. Beaucoup de femmes continuent à se sentir humiliées quand elles surprennent leur conjoint « en flagrant délit », voire trahie quand le support d’excitation est un film porno. Il faut savoir qu’à la question : « Le porno vous stimule-il ? », les hommes répondent « oui » à 85 %.

La principale raison évoquée à cette pratique, au final banale pour un homme, est de l’ordre de la détente anxiolytique. Cette fonction anti-stress est peu connue : elle en serait pourtant le moteur principal.

La fréquence : l’insatisfaction en partage

Pour 63 % des hommes, la fréquence sexuelle est insatisfaisante. « Ça n’a rien à voir avec la partenaire » précise Philippe Brenot. Sans parler de normalité, l’enquête met à jour que la fréquence est perçue comme insuffisante, qu’elle soit de l’ordre d’une fois par mois, ou bien de quatre ou encore d’une fois par jour. Il semblerait que la notion de « manque » soit toujours plus ou moins au rendez-vous, en regard avec la fréquence masturbatoire, plus élevée. Les hommes revendiqueraient en fait le besoin d’une décharge physique et émotionnelle. Un champ que ne remplit pas la masturbation.

Bien que cette insatisfaction, fasse l’objet de bien des plaintes dans le couple, le fait que les hommes se sentent bel et bien piégés en quelque sorte dans le vécu de ce besoin, reste encore méconnu. Autre résultat étonnant de l’enquête : leur sentiment amoureux n’en est pas ou peu altéré. Les hommes paraissent ne pas savoir comment négocier entre un désir/besoin quasi permanent et le respect des femmes dont ils sont amoureux. Cette pression sexuelle bien réelle entraînerait de nombreuses frustrations, souvent difficiles à comprendre, pour les femmes ! D’où les nombreux malentendus que nous connaissons.

Les préliminaires : la crainte de déplaire !

Les pratiques ont changé depuis 50 ans avec un intérêt croissant pour la préparation à l’amour. Si la jeune génération se prête davantage aux caresses, avec moins de pudeur, reste que les peurs de mal faire persistent. A la question : « Craignez-vous de décevoir votre partenaire ? » 52 % des hommes répondent « oui ». Ces derniers semblent vraiment sous pression d’une performance amoureuse.

A la fois plus attentionnés et anxieux de ne pas savoir s’y prendre, ils courent effectivement le risque de déplaire. D’autant plus que la demande des femmes tourne autour d’une personnalité masculine entre tendresse et force : deux rôles qu’ils ne savent pas forcément conjuguer.

Une sexualité masculine plus complexe

En matière de sexualité, il ressort de cette enquête que les hommes ont évolué, ils écoutent davantage leur partenaire et cherchent à mieux comprendre la sexualité féminine. Devenus sentimentaux et affectifs, ils affirment à 60 % qu’un rapport sexuel épanoui est un moment d’intimité partagé. Moins égocentrés, 70 % d’entre eux  savent qu’ils ne sont pas seuls responsables des orgasmes de leur partenaire, qui sont plus actives dans l’accès à leur propre jouissance. Dominés pour 92 % d’entre eux par leur état amoureux, ils lient sexualité et sentiments. Quant à la fidélité, 80 % déclarent que c’est une valeur importante.

Surpris de la franchise et de l’authenticité des hommes qui ont répondu à son questionnaire, Philippe Brenot décèle chez eux à la fois une plus grande capacité à exprimer leurs émotions, et un profond désir de changement qui va dans le sens de l’épanouissement du couple. Toutefois, il s’avère aussi qu’ils sont véritablement désorientés, voire en désarroi, et auraient davantage besoin que les femmes les écoutent et les comprennent. Cette enquête au-delà des chiffres et des révélations parfois triviales qu’elle comporte pourrait bien donner des clés aux femmes pour mieux cerner les contours d’une sexualité masculine, et lever alors nombre de malentendus.

Catherine Maillard

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