La France en faillite. L’Elysée brade ses vins

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Près de 1.200 bouteilles (soit un dixième de la cave du palais présidentiel) de grands crus seront vendues, jeudi et vendredi à Drouot. Parmi les plus prestigieuses, un Château Latour de 1961, un Petrus de 1990 et des Romanée de 1985. Au total, cette vente devrait rapporter environ 250.000 euros.

Les mauvaises langues y verront là le symbole d’une France « en solde », agenouillée par la crise mondiale et qui n’a d’autre choix que de vendre ce qui lui reste de plus cher: son vin. Les autres croiront sans doute le gouvernement: cette vente « permet un renouvellement de la cave par autofinancement. »

Parmi les plus prestigieuses figurent un Château Latour de 1936 reconditionné en 1997 ; un autre Latour de 1961, estimé 2.200 euros, autant qu’un Petrus 1990. Globalement, les estimations vont de 15 à 2.500 euros par « flacon. »

1.200 bouteilles vendues, sur les quelque 12.000 que compte la cave de l’Elysée : le ménage est tout relatif. En clair, acheter des vins plus modestes, mais que l’on hésitera moins à ouvrir lors des réceptions. L’excédent, lui, sera reversé au budget de l’Etat. La conscience socialiste, probablement, ou alors juste du populisme… Encore une fois, c’est une question de point de vue.

Rigueur oblige, la cave avait déjà été mise au régime par Emmanuelle Mignon. L’ancienne conseillère (jusqu’en 2009) avait décidé de réduire de quelques dizaines de milliers d’euros les achats annuels de vins en ne servant plus que des seconds vins aux visiteurs lambda. Du coup, seuls les monarques et les chefs d’État continuent à se voir offrir de grandes étiquettes. Une histoire qui rappelle la vente aux enchères de la cave de l’Hôtel de ville de Paris par Bertrand Delanoë.

L’année dernière, l’Élysée dépense toujours chaque année 250 000 € de vins, selon le député René Dosière. Un héritage de l’âge d’or de la cave, dont la bienfaitrice fut Bernadette Chirac. L’épouse de l’ancien chef de l’État, (elle adore les grands pauillacs), maîtresse de maison installée au Palais, se montrait très exigeante sur les vins servis.

« Tous ces vins furent servis à la table du président de la République et ont, pour certains, accompagné de grands moments de l’histoire de la Ve République », indique le communiqué de Drouot.

« On se désolera de voir qu’on n’a plus rien » s’exclame le collectionneur Michel-Jack Chasseuil, à fondateur d’une association qui rassemble quelque 40.000 bouteilles parmi les plus prestigieuses ayant jamais existé – un « Louvre du vin », selon lui – , a écrit au président François Hollande pour exprimer tout son mécontentement.

« Si les bouteilles de l’Elysée, véritable patrimoine de notre pays, peuvent en effet rapporter une telle somme, cela représente un détail dérisoire par rapport au budget de la France, compte-tenu du prestige que représentent ces vins aux yeux du monde entier. » Il déplore de voir ces bouteilles « partir aux milliardaires du monde entier et on se désolera de voir qu’on n’a plus rien ».

Raffael Enault

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