Corruptions, commissions, retro-commissions, magouilles, complaisance dans le secteur des infrastructures routières au Togo: GER et ENTTP, les entreprises fantômes « tueuses» de routes

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Vue d’une partie de la route Sokodé-Tchamba réalisée par l’entreprise ENTTP (photo ci dessus)

 

Au Togo, n’importe qui peut remporter un marché de travaux publics s’il a des relations haut placées. Dans un passé récent, des marchés ont été confiés à de lugubres individus qui n’avaient pour matériels que des brouettes, râteaux et pelles. Ces entrepreneurs hors norme décrochaient des lots avant de courir dans tous les sens pour rassembler les équipements nécessaires à l’exécution des travaux. Il y en a qui s’inscrivaient à l’école de la location et de la sous-traitance. Un désordre et une pagaille organisée dont les conséquences désastreuses sont visibles sur les routes. Aujourd’hui, le phénomène n’a pas disparu mais a simplement pris d’autres formes. Le bordel est savamment entretenu par le ministère en charge des Travaux Publics et les bureaux de contrôle qui se révèlent plus complaisants et complices.

En effet, les entreprises des BTP ont poussé partout comme des champignons sur toute l’étendue du territoire. Mais, la quantité ne faisant pas la qualité, beaucoup s’adonnent à la médiocrité, au laisser-aller et à l’à peu près.  Des machins créés juste pour permettre à leurs géniteurs de s’en mettre plein les poches. Le Lynx va s’appesantir cette fois-ci sur le cas de deux entreprises notamment Grande Entreprise Routière (GER) et l’Entreprise Nouvelle Togolaise de Travaux Publics (ENTTP). Ces deux structures ont réalisé des travaux d’infrastructures routières complètement bâclés. La voie Sokodé-Tchamba longue d’une trentaine de km réalisée par l’Entreprise Nouvelle Togolaise de Travaux Publics (ENTTP) de Kossivi Naku, l’actuel boss du patronat togolais et celle entre Kabou et Bassar distante de 22 km dont les travaux ont été exécutés par la Grande Entreprise Routière (GER) du sieur Frédéric Leguessim Massamessoh, un homme du sérail.  Concernant la voie Kabou-Bassar, l’entreprise GER n’a pas rendu du tout service à la nation. Des tonnes de ciment ont été littéralement détournées par ses ingénieurs, techniciens supérieurs et magasiniers. Pour la petite histoire, un ingénieur qui se reconnaîtra à travers ces lignes, s’est même permis d’offrir une maison à sa petite amie à partir du ciment et autres matériaux détournés sur le chantier de cette voie Kabou-Bassar. Une partie du tonnage de ciment requis pour renforcer la route étant détournée, il ne reste plus qu’à faire un dosage en deçà des normes en la matière. Conséquence, la route a été certes réceptionnée depuis deux ans déjà mais son état laisse à désirer. La dégradation a commencé déjà. Contacté à ce propos, le DG Leguessim Frédéric n’a ni nié ni confirmé les faits. Il a tout simplement regretté que ce soit maintenant que les langues se délient sur cette affaire de détournement de ciment sur le chantier de la route Kabou-Bassar. « Les travaux ont été réceptionnés depuis deux ans. Pourquoi vos sources n’avaient rien dit à l’époque et c’est maintenant qu’elles signalent cela ? », a-t-il posé comme question. A GER, entend-on dire, tout le monde est patron et personne ne contrôle son prochain. Bienvenue dans le désordre et la pagaille. Or, en matière d’infrastructures routières, il faut du sérieux et de la rigueur. La même situation prévaut à quelques exceptions près à l’entreprise ENTTP où l’on se contente de faire du vernissage et du saupoudrage sur les chantiers juste pour faire sensation.

Dans un pays normal, les deux entreprises GER et ENTTP ne devraient plus postuler à l’offre de marchés publics tant elles ne sont pas à la hauteur des tâches à elles confiées. Mais nous sommes au Togo où l’on ferme les yeux sur tout pour laisser libre cours à la médiocrité. Pour permettre aux amis et copains de bouffer, l’on se fiche des résultats.

Tout part du ministère des Travaux Publics et finit à ce cabinet. Un réseau mafieux qui foule au pied les règles élémentaires d’attribution des marchés publics s’y est constitué et a décidé de ne faire qu’à sa tête au nom de ses intérêts malgré les rappels à l’ordre. Après le ministère des Travaux Publics, les autres dans le coup sont les bureaux de contrôle. Ces bureaux n’existent que de nom. Ils baignent dans la corruption et ne contrôlent rien du tout contrairement à ce qu’ils laissent croire. Ils ferment trop souvent les yeux sur les manquements et les insuffisances des entreprises de travaux publics encourageant du coup la médiocrité, l’à peu près et le laisser-aller préjudiciables à la qualité des travaux. Des milliards à partager entre copains étant en jeu, le phénomène continue et est d’ailleurs très loin d’avoir dit son dernier mot. C’est plus fort qu’eux.

Les bureaux de contrôle appartiennent généralement aux mêmes qui remportent les marchés et ce, à travers un jeu de sociétés prête nom. Ceci entraîne la complaisance criarde dans le domaine. En lieu et place d’un véritable contrôle, les bureaux se transforment en caisses de sourds muets ou se livrent aux constatations. Ils ne sont pas trop regardants sur les manquements des entreprises. Ceci étant, lesdits bureaux de contrôle encaissent les sous sans effectivement faire le travail pour lequel ils sont payés. Allez-y savoir comment les bureaux de contrôle sont choisis pour prester. Tout un système dont la machine huilée depuis des années, fonctionne à plein régime. Faîtes un petit tour à Lomé et surtout en banlieue pour voir les grosses villas que les ingénieurs et techniciens construisent à partir de matériaux détournés sur les chantiers des infrastructures routières. Et pourtant, ils sont payés pour le travail qu’ils abattent à des montants mieux rémunérateurs.

Dans le secteur des travaux publics, le poisson a pourri depuis par la tête.  Le pays étant dans ces conditions contraint à chaque fois de faire un travail de Sisyphe en ce qui concerne la réalisation de ses infrastructures routières. Au Togo, la durée moyenne de vie d’une route n’excède pas 5 ans alors qu’elle est de 15 ans au Ghana voisin. Une situation qui contraint le pays à réhabiliter et reconstruire les voies déjà construites au lieu d’attendre 25 ans au moins pour le faire. Des milliards sont perdus ainsi « cadeau » parce que certains insatiables n’ont pas encore fini d’amasser. Après, c’est pour que ces individus montent sur leurs ergots pour commander des articles dans des presses de la place lorsque les marchés sont attribués aux Chinois, Burkinabè et autres sur lesquels, ils (ces magouilleurs patentés) n’ont pas d’emprise. C’est dans ce contexte que des informations sont distillées dans la presse locale selon lesquelles, les marchés sont trop accordés aux entreprises étrangères au détriment de celles togolaises. Ou encore, les entreprises nationales notamment CECO BTP, MIDNIGHT SUN, GER, CENTRO, ENTTP ont des expertises dans le domaine qui n’ont rien à envier à celles de leurs homologues venues d’ailleurs. Qu’à cela ne tienne. Ce que l’on feint d’ignorer sur ce plan  est que toutes les entreprises togolaises de BTP comptent sur leurs soutiens au ministère des Travaux Publics et dans les bureaux de contrôle à telle enseigne qu’elles ont tendance à verser dans la médiocrité et l’à peu près, assurées de l’impunité. Si non, la plupart n’allaient pas construire des routes comparables aux pistes dont l’épaisseur de la couche est tellement mince qu’au passage de deux poids lourds ou titans, elles se dégradent.  Seules deux dont nous taisons les noms sortent du lot pour offrir des prestations dignes de ce nom. Nous persistons et signons, la corruption, la complaisance et les magouilles dans le secteur des Travaux Publics vont annihiler les efforts du Togo à disposer de routes solides et durables comme chez ses voisins de la sous région. Entre-temps, qui au Togo a intérêt à ce que la route du développement ne passe pas par le développement de la route ?

NB. Debut d’une longue enquête qui va mettre à nu tous les voleurs de la République. Promis chers Lecteurs !

Camus Ali +Taffa Biassi Lynx.info

 

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