Komla Kpogli dit tout ! «Pour Gnassingbé 2 tout est question d’apparence, de tromperie, de ruse et de violence ouverte ou diffuse»

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La vérité est que l’intelligence a quitté le Togo

Lynx.info : Question d’ordre personnelle. La famille Gnassingbé dirige le Togo depuis quarante-huit ans. Avez-vous une idée de ceux ou celles qui dirigent quant à elle la famille Gnassingbé ?

KPOGLI Komla : Les Gnassingbé au pouvoir dans le territoire du Togo sont de cette « élite indigène qui collabore à l’exploitation de l’Afrique ». Une « élite » fabriquée de toutes pièces par les colonisateurs en vue de maintenir l’Afrique et ses peuples dans le rôle de pourvoyeurs de matières premières de toute sorte et de consommateurs des produits finis venant des Métropoles.
Si le père Gnassingbé 1er a régné par le fer, le feu et l’argent, le fils Gnassingbé 2 qui est la continuité de son géniteur utilise, précisément après le viol initial de 2005, le fer et le feu en ultima ratio. Tout est question d’héritage. Mais le successeur, aussi bien entouré que son prédécesseur, joue avec son époque. Il utilise des armes plus discrètes mais tout aussi redoutables : Aussi souvent que possible, Gnassingbé 2 renouvelle sa cour en y faisant venir des jeunes diplômés et qui savent manier le novlangue qui est l’art d’adopter un langage convenu et rigide dans le but de dénaturer la réalité ; il laisse les réseaux maçonniques et autres sectes prospérer et se voit remercier en retour ; il positionne des snipers qui veillent nuit et jour sur internet et les réseaux sociaux ; il utilise énormément le pouvoir de l’argent qui corrompt absolument ; il bâtit des réseaux de clients un peu partout ; il repère, recrute et fait monter des jeunes dans les quartiers, dans les villages et des villes à qui il offre des facilités de voyages et des opportunités dites d’affaires et il fait de ces jeunes qui « réussissent » et qui voyagent à Changaï, Hong Kong, Dubaï…des aimants devant attirer dans leurs escarcelles d’autres jeunes désirant eux aussi « réussir » ; il laisse une coudée assez franche à certains jeunes fidèles au sein de l’armée qui, profitant de leurs positions, disposent de sociétés de sécurité, de crédit à la consommation, de l’immobilier, de trafic de drogue, de communication… ; il a réussi à caserner des « journalistes » qui sont devenus ainsi des mercenaires de la plume et de la parole au profit de leur père nourricier, Gnassingbé 2.

Gnassingbé 2 sait adopter un langage courtois et larmoyant s’il le faut. Mais cette flexibilité tactique de Gnassingbé 2 répond à une rigidité stratégique qui est de ne pas perdre le pouvoir tant que ne survient pas une insurrection populaire bien organisée.

La durée au pouvoir d’un homme politique est la preuve de sa force sur ses adversaires selon Nicolas Machiavel. Cette loi s’applique-t-elle à Faure Gnassingbé ?

Dans une réflexion publiée en mai 2014, nous disions que Gnassingbé 2 dispose des moyens énormes de son pouvoir de nuisance. Nous énumérions alors certains de ces moyens. Mais ce qui fait véritablement la force de Gnassingbé 2 c’est la désorganisation collective chapeautée par une « Opposition » qui, par principe, analyse très mal la situation des africains du Togo dans un cadre africain resté colonial, étant entendu que les luttes pour l’indépendance des territoires africains furent court-circuitées par une épidémie de proclamations festives organisées par les Métropoles en faveur d’une « élite indigène » montée de toutes pièces. Là où les luttes armées aboutirent à l’indépendance, très tôt, des coups d’état, des rébellions et des irrédentismes ethnico-religieux montés en épingle décapitèrent la marche naturelle vers le progrès autonome. Dans cette ambiance, la force de ceux qui sont au pouvoir est essentiellement due aux maîtres à qui ils jurent loyauté à toute épreuve. La désorganisation collective cumulée à la détestation des esprits lucides et au manque de formation politique facilite le reste.

Chez nos confrères de Jeune Afrique, Faure Gnassingbé dit qu’il ne veut pas s’éterniser au pouvoir. L’analyste politique que vous êtes y croit-il ?

Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Comme nous le disions tantôt, Gnassingbé 2 et sa cour savent parfaitement manier la langue de bois et le novlangue.
Mais, au-delà de ce constat de base, il faut dire que nous avons de gros problèmes au Togo. Puisque selon les chiffres mêmes des offices de Jean-Pierre Fabre, Gnassingbé 2 recueillerait 43,9% des suffrages exprimés contre 52,20% pour lui-même. Ce qui signifie que presque 4,5 sur 10 togolais qui s’étaient déplacés pour « voter » le 25 avril 2015 sont pour que le RPT continue à chaperonner le pays, après 50 ans de traversée de désert sous les Gnassingbé. Ceci est très grave et montre l’état de la conscience populaire face aux enjeux. Cette situation extrêmement préoccupante démontre que le travail de formation et de conscientisation n’est pas totalement fait et que pas mal d’africains du Togo restent à convaincre sur le caractère absolument handicapant du système en place et ses alliés.

Pour aller plus loin, ces chiffres issus, précisons-le, des services de Jean-Pierre Fabre, constituent une remise en cause de certaines croyances dont les causes ont besoin d’être analysées sereinement en vue d’en formuler les remèdes. Car, là, il s’agit d’une remise en selle du RPT et de Gnassingbé 2. Quelle en est l’origine ? Qui en portent la responsabilité ? Comment ? Pourquoi ? Au-delà de l’achat de consciences, de bourrage d’urnes et fraudes en tout genre, opérés par le RPT et Gnassingbé 2, il faut absolument se poser ces questions.

Selon vous, Faure Gnassingbé est-il conscient qu’on ne peut diriger un pays avec plus de la moitié des électeurs qui est restée chez elle le jour du vote ?

Avec votre raisonnement, peu de régimes politiques au travers du monde tiendraient. Il y a bien de pouvoirs mal élu et peu populaire qui gouvernent leur pays. Là n’est pas la question avec Gnassingbé 2.
Pour Gnassingbé 2 tout est question d’apparence, de tromperie, de ruse et de violence ouverte ou diffuse. Etant donné que son pouvoir étant la négation même de la volonté populaire, à l’instar de celui de son père dont il est le continuateur, il est évident qu’il se contrefiche totalement de ce que font les togolais le jour du vote-spectacle trompeur ou pas.

Le troisième mandat que les Etats-Unis et la France refusent de voir en RDC avec Kabila Joseph voire au Burundi se fait au Togo avec un silence de la France. Comment vous l’expliquez ?

Ce qui guide la politique internationale telle que les Occidentaux la pratiquent depuis la nuit des temps, c’est ce qu’on appelle les intérêts. Partant de ce principe, aussi bien là où les pays que vous venez de citer revendiquent bruyamment le changement, que là où ils se taisent ou plaident en faveur de « la stabilité », ils poursuivent le même objectif. L’idée directrice de l’action ou de l’omission de ces pays et des autres qu’on nomme les « puissances émergentes » est la même. Il s’agit d’une constance : conserver le système de prédation et même l’améliorer, avec ou sans l’utilisation des populations et surtout de leur désir de changement afin d’obtenir ou pas des changements de personnes dans la continuité du système.

Sur votre page Facebook, le monde entier lit ceci : « Quand Bolloré va bien, les africains se portent très très bien ! Quand Bolloré est rassasié, les Africains, le ventre vide, peuvent estimer avoir très bien mangé ». Mais, au Togo Bolloré construit des écoles et dispensaires….

Les vrais bandits savent que le moyen le plus efficace de faire perdurer et élargir leur entreprise criminelle se trouve dans la redistribution d’une partie des fruits de leur rapine. C’est ainsi que bandits gagnent la sympathie et même la protection du public qui en est la victime.
L’empire Bolloré, c’est un chiffre d’affaires de 10,6 milliards d’euros en 2014.
Présent en Afrique depuis 50 ans, Bolloré confisque littéralement les secteurs des transports (routiers, maritimes, ferroviaires), de l’énergie, de la communication, de la construction, de l’exploration des mines, de la distribution des produits de consommation, de la logistique en matière de santé, de la gestion des produits agricoles comme le café, cacao…Bolloré c’est aussi de gigantesques terres agricoles acquises en Afrique où les paysans sont chassés manu militari ou contre de maigres sommes d’argent dans des opérations d’achats obtenus par des manoeuvres dolosives, le tout protégé par les textes de l’OHADA que les africains considèrent naïvement comme une harmonisation africaine du droit des affaires, alors même que l’ancien ministre de la coopération Jacques Godfrain dit lui-même qu’il en est l’inventeur. Jacques Godfrain dit lui-même que l’objectif de son bébé OHADA consiste à faciliter le capital français voire occidental opérant dans les territoires africains. Malgré cela, des africains disent que ce sont eux qui l’ont inventée pour les intérêts africains. Passons !

Donc quand Bolloré prélève quelques millièmes de ce qu’il vole en Afrique pour offrir quelques bâtiments scolaires et sanitaires en Afrique, c’est qu’il s’achète les africains avec une infime somme de leurs propres frais. Et ceci est tout bénéfique pour lui, car Bolloré apparaît ainsi aux yeux des africains naïfs et sans ambition comme un bon samaritain envoyé par le bon « Dieu des blancs » pour servir de l’eau à des « peuples primitifs », assoiffés dans le désert.
La générosité du voleur qui relève une infime partie, déductible d’ailleurs des impôts qu’il paye à son pays natal, de ce qu’il ravit à ses victimes par le biais de ce qu’on appelle naïvement ou cyniquement des dons de Bolloré n’est rien d’autre qu’une injure à l’intelligence humaine. Mais, il se trouve plein d’africains à vénérer ces « dons ».

Il faut qu’une nouvelle génération d’africains naisse et comprenne ce que sont les enjeux et pourquoi les Occidentaux et leurs « amis » émergents disent tous que « l’Afrique est notre avenir ».

Le plan B de Faure était visible avec le logiciel SUCCES, la France, la CEDEAO, Alassane Ouattara…Finalement l’échec de l’opposition à toutes les joutes électorales n’est pas aussi dû à un manque de lobby à l’international ?

Les africains doivent cesser de se mentir à eux-mêmes. Ceci est la condition première de leur renaissance. Cesser de se mentir à soi-même permet de faire le bon diagnostic et de se dire des vérités aussi cruelles soient-elles.

Il faut le dire et le redire : il n’y a pas d’Etat en Afrique. Tant que les africains ne vont pas s’organiser autour d’un leadership alternatif, complètement à l’opposé des critères occidentalistes qui fondent la notion de leader dans l’Afrique actuelle, pour livrer un combat méthodique de libération, dans la discipline et dans toute la gravité requise, eh bien, nous allons continuer à nous mouvoir cyclothymiquement dans le vide. C’est vous dire qu’il relève de schizophrénie collective que de prétendre organiser des élections ou aller à des élections là où l’Etat n’existe pas encore.
Ce qui est pompeusement appelé les Etats africains n’est rien d’autre que des enclos coloniaux ébauchés à la conférence de Berlin de 1884-1885 et définitivement élevés par des accords entre puissances coloniales sur le terrain africain à la suite des conquêtes militaires ayant décapitées les structures royales africaines et toute l’organisation sociale locale préalablement dynamitées surtout par des siècles précédents de razzias négrières transatlantiques.

Les oppositions africaines sont donc à venir. Elles sont devant. Les structures que vous appelez « Opposition » actuellement ne sont rien d’autre que des copies conformes du « Pouvoir en place ». La différence fondamentale entre les deux blocs résidant dans le fait que les uns sont au pouvoir colonial, alors que les autres se battent pour le capter. Encore que plusieurs couloirs d’argent, de fraternité maçonnique, d’alliances, de fréquentations et d’écoles de pensée facilitent l’imbrication des uns dans les autres.

Lorsque les oppositions authentiquement africaines naîtront, armées d’une vision stratégique et des tactiques adaptées au problème global de l’Afrique, il ne sera pas question d’un fameux « manque de lobby à international ». Il sera question plutôt d’organiser le peuple africain de quelque territoire qu’il soit afin qu’il fasse l’histoire pour ne plus avoir à la subir. Ceci implique un coût et des sacrifices. Les peuples qui paient courageusement et dans la discipline le prix de leur liberté sont ceux qui savent mieux l’entretenir et davantage ce sont ceux qui reconquièrent de haute lutte leur espace, dont la maîtrise est perdue à un moment donné de leur histoire, pour le rebâtir sur le roc de leurs valeurs endogènes revisitées. Laissons donc où ils doivent être le bluff et le ridicule qui nous font dire que si les élections trompe-l’œil ne débouchent pas sur le changement de personnes (dans la continuité du système) c’est parce que les « oppositions » autoproclamées en Afrique n’auraient pas fait du lobbying. Les faits montrent d’ailleurs le contraire de cette idée fausse à tout point de vue, car les « Opposants » n’ont de cesse de dire qu’ils sont des soutiens extérieurs, des partenaires à l’international et qu’ils effectuent régulièrement des tournées d’explication et de « lobbying » en Occident et ailleurs en Afrique.

Disons aux africains qu’ils n’ont rien à attendre du « lobbying à l’international ». Disons leur qu’ils ont trop regardé vers l’extérieur et que de ce côté là, il n’y a que des loups à faire entrer dans la bergerie africaine déjà remplie d’anacondas et de hyènes dont les victimes ne sont plus à dénombrer. Disons leur enfin qu’il est plus que temps de s’autocentrer et de s’organiser en interne, avec nos propres armes avant tout pour nous libérer et redonner, après un travail acharné, structuré et organisé dans l’espace et le temps, à notre Afrique la place qu’elle mérite dans l’histoire de l’humanité.

Après la France, c’est l’Eglise catholique qui félicite Faure Gnassingbé pour sa réélection. Peut-on dire en résumé que ce que la France et l’Eglise catholique veulent, le Togo le veut ?

Il ne faut pas donner de l’importance aux choses qui n’en ont pas. Qu’untel ou unetelle ait choisi de féliciter le crime ou de l’habiller d’une soutane blanche, peu importe. Tout ceci n’est que la traduction d’une petite partie des alliances que Gnassingbé 2 noue et a noué patiemment. Dans un texte daté du 09 mai 2014 et intitulé « Comment et avec quels moyens Gnassingbé II compte-t-il franchir le cap de 2015 et aller au-delà ? », nous montrions schématiquement ces jeux d’alliances. Vos lecteurs peuvent s’en référer.

Comment expliquez-vous que Faure Gnassingbé soit subitement pour une grande partie des opposants togolais plus fréquentable que Jean-Pierre Fabre ?

D’abord, bon nombre de ceux que vous osez appeler « Opposants togolais » ne sont rien d’autre qu’une bande de jongleurs, d’aventuriers, de menteurs et d’acteurs au sens théâtral du terme. La plupart sont des pantins qui tiennent des rôles sur une scène dressée à eux. Ce sont des professionnels du ventre et qui camouflent toute leur misère dans les costume-cravates à deux sous. L’amour qu’ils ont pour les africains du Togo s’évalue en billets de banque qu’ils encaissent après chaque vomissure sur un collègue « opposant ».

Ensuite, il y a une part de lâcheté dans tout ceci. Et, tant que la lâcheté n’est pas elle-même attaquée, elle trouve toujours de grandes vertus au crime. La lâcheté qui est parente à la courtisanerie bénit le crime et livre une attaque en règle contre toutes les personnes qui, maladroitement ou pas, le combat.

Enfin, il y a là, comportement de chien du jardinier qui, ne pouvant pas manger de la laitue, empêche cependant les autres d’en prendre. Il s’est développé depuis les années 90, pour faire court, dans le territoire du Togo et ailleurs en Afrique, une mentalité de « si ça n’est pas moi, alors, que le tyran reste ». Cette mentalité est destructrice et elle le sera davantage. Car, à force de se tirer dessus au sein du camp des « Opposants », les seuls qui vont bientôt rester debout, si ce n’est d’ailleurs déjà pas le cas, ce sont Gnassingbé 2 et sa bande.

La vérité est que l’intelligence a quitté le Togo. Les personnes qui pensent et parlent tout aussi vrai que juste sont injuriées, ridiculisées, moquées, traînées constamment dans la boue ou ostracisées. Les habiles, les manœuvriers, les courtisans, les bêtes, les méchants, les trompeurs, les prédicateurs de « fais ce que je dis et non ce que je fais », les vendeurs d’illusions, les opportunistes, les rusés, les cyniques et les moralistes du « manges et tais-toi » ou du « toi aussi prends ce qui te tombe sous la main et tais-toi », ou encore du « le pays est comme ça quand nous sommes nés et ce n’est pas toi qui y changeras quoi que ce soit » règnent en maîtres actuellement au Togo. C’est un véritable printemps de la vermine que traverse le pays.

Vous pouvez être certain que lorsque la bible, le coran, les églises, les mosquées prolifèrent dans une société, c’est que la corruption morale et matérielle a déjà atteint le sommet et n’ira qu’en montant. Ca n’est que lorsque les africains reviendront à leurs valeurs culturelles intrinsèques qu’ils feront autre chose que ce qu’ils font actuellement.

Pour l’ex premier ministre Agbéyomé Kodjo, l’échec de l’opposition était prévisible. Il justifie son argument par l’absence d’une candidature unique. Une candidature unique de l’opposition aurait-elle suffi pour chasser Faure Gnassingbé du pouvoir ?

Cette idée relève du pur sophisme. Elle est trompeuse. Car, il faut insister sur la vraie nature de la lutte que les africains, y compris ceux du territoire du Togo, sont appelés à mener. Il s’agit d’une lutte de libération. Toute idée d’élection qui aurait pu être gagnée si « l’Opposition » électoraliste avait positionné un seul candidat face au tyran est une banalité à raconter aux enfants pour les faire dormir.

Il faut le redire : là où il n’y a pas d’Etat, c’est-à-dire un pouvoir organisé qui dirige une peuple de citoyens sur la base des coutumes et traditions codifiées sur un territoire, avec des sanctions prévisibles pour tous à l’appui, l’on ne peut parler d’élection. Mais, l’homme dont vous parlez étant de cette « élite indigène qui collabore à l’exploitation de l’Afrique », il est tout à fait normal qu’il considérât le territoire du Togo comme un Etat déjà constitué, fonctionnant normalement et où ceux qui sont au pouvoir n’y sont que par la volonté populaire. C’est une question de paradigme. Et c’est la raison pour laquelle nous disons aux africains de rechercher à présent un nouveau leadership qui ne soit plus celui en qui ils ont cru et continuent de croire, parce que fabriqué par l’école coloniale et l’industrie paperassière des « universités prestigieuses » occidentales d’où sortent des individus moulés, déglingués et largués en terre africaine avec une feuille de route consistant à rogner les pieds aux africains pour les faire entrer de force dans les chaussures libérales, néolibérales, socialistes, communistes, socio-démocrates transportées dans leurs valises. Les solutions pour l’Afrique ne viendront pas de la Sorbonne ou de Oxford.

Vous croyez encore en la bonne volonté de Faure Gnassingbé à faire des réformes institutionnelles comme institutionnelles quand le président de la cour constitutionnelle parlait de son deuil dans une interview avant les élections ?

Les personnes qui récitent cette litanie de « réformes institutionnelles et constitutionnelles », « réformes institutionnelles et constitutionnelles » sous une tyrannie égarent notre peuple au Togo. Les Gnassingbé n’ont fait, ne font et ne feront aucune réforme. Si les « Opposants », « Leaders » qui chantent la litanie des réformes nécessaires ne cernent pas cette donnée première, il va de soi qu’au lieu d’être une part de la solution, ces « Opposants » soient plutôt une grande partie du problème. On ne peut suivre ou promouvoir des idées erronées et des personnes qui les portent tout en regrettant l’impasse dans laquelle elles mènent ou dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. A moins d’aimer l’automutilation, les africains du Togo ont le devoir de s’en désolidariser et travailler à faire monter au créneau un leadership alternatif qui replace la situation locale dans le contexte général d’une Afrique restée colonisée à la suite des indépendances fictives. C’est-à-dire, dans le cadre d’une lutte pour la libération à mener par les populations, avec les moyens et les structures qu’ils ont à leur disposition et portés à leur efficacité optimale par un leadership ayant une vision d’ensemble et les tactiques convenables, le tout avec un calendrier maîtrisé.

Lynx.info : Comment expliquez-vous que même les recommandations de la commission Vérité réconciliation du prélat Nicodème Barrigah soit restées lettre morte ?

La nature du régime en place en est une raison.
L’autre en est qu’un peuple ne peut prétendre à la justice sans avoir d’abord l’Etat qui est une conquête. Le droit à la vérité des faits, à la justice, au compte rendu par les dirigeants au peuple qu’ils gouvernent ne tombe pas du ciel. Ce sont des conquêtes avant d’être des institutions constamment améliorées et renforcées. Sans avoir livré ce combat, a priori, un peuple ne peut que s’illusionner avec les rapports, recommandations et autres discours des commissions, des groupes de travail, des comités de ceci ou de cela mis en place par le tyran et ses alliés qui le régentent. Gnassingbé 2 et sa bande, en truands expérimentés pour qui l’apparence des choses est d’abord ce qui est recherchée, savent parfaitement que la mise en place de Commissions, comme celle de Monsieur Barrigah, est largement suffisante en soi pour eux. C’est une question d’image pour le régime. Tant pis pour les esprits qui, par malentendu, croient en une autre chose.

Lynx.info : Rodrigue Kpogli Merci

C’est nous qui vous remercions.

Interview réalisée par Camus Ali Lynx.info

 

 

 

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