Kofi Yamgnane assigné à résidence

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Candidat à la magistrature suprême dans son pays natal, Kofi Yamgnane vient d’être assigné à résidence par le ministre de l’Intérieur togolais. Une étape de plus dans la tentative de faire barrage à cette candidature qui inquiète le pouvoir en place.À moins de trois mois de l’élection présidentielle au Togo, la cote de sympathie grandissante de Kofi Yamgnane rendrait-elle fébrile le clan du président sortant, Faure Gnassingbé?
On est tenté de le croire après les dernières tentatives d’intimidation dont il fait l’objet. Hier, l’ancien ministre de François Mitterrand s’est en effet vu signifier une assignation à résidence.

Une injonction qui lui a été transmise oralement par le ministre de l’Intérieur togolais. «Mon père a décidé de passer outre, et il continue sa campagne», a indiqué au Télégramme sa fille Amina, en milieu d’après-midi.

Kofi accusé d’acheter des cartes d’électeurs

Bref, Kofi fait front. Mais jusqu’à quand? On peut se le demander alors qu’une campagne de dénigrement savamment relayée par quelques médias nationaux à la botte du pouvoir tente d’atteindre sa moralité.

Sans la moindre preuve à l’appui, est véhiculée la rumeur selon laquelle les partisans de Kofi achèteraient des cartes d’électeurs auprès de la population, afin de recueillir les 20.000 signatures indispensables pour le dépôt de sa candidature. L’arroseur arrosé… Et un retour du bâton plutôt cruel pour celui qui, il y a encore trois semaines, parcourait l’union européenne en dénonçant la corruption du pouvoir en place. Mais ce n’est pas tout.

Lundi, les médias togolais ont relayé l’expulsion d’Eric Bosc, premier secrétaire de l’ambassade de France à Lomé, chargé du suivi de la politique intérieure du pays.

Il était vraisemblablement reproché à ce Breton d’origine sa sympathie particulière pour l’ancien maire de Saint-Coulitz. Cette information a été confirmée, hier, par Bernard Valero, le porte-parole du quai d’Orsay. «La France a pris une mesure réciproque, et a demandé le départ d’un diplomate de l’ambassade du Togo», a-t-il précisé.

Les journalistes français indésirables

Pendant ce temps, au consulat du Togo à Paris, l’hôtesse d’accueil téléphonique en charge de réceptionner les demandes de visa, ne fait pas dans la dentelle. «Vous n’avez qu’à vous débrouiller avec le site internet», explique-t-elle avec un aplomb, à la limite de l’impolitesse, aux journalistes désireux de suivre la préparation des élections. C’est un fait: pour entrer au Togo aujourd’hui, la mention «journaliste français», sur la demande d’inscription, est rédhibitoire. On ne vous dit pas «non», on laisse courir. Jusqu’au jour J, où vous êtes déclarés indésirables. C’est ainsi que quatre confrères ont été éconduits récemment à l’aéroport. Plus futés, deux autres journalistes ont réussi à passer entre les mailles du filet, soit en entrant par le Bénin, soit en demandant le visa touriste. Dans le camp de Kofi, on compte bien dénoncer l’ensemble de ces agissements dans les prochains jours «au plus haut niveau des instances européennes». Mais, pour l’heure, on préfère positiver. «Tous les moyens sont bons pour décourager Kofi. Cela confirme que sa candidature est prise très au sérieux».
Le télegramme
9 décembre 2009

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