Gagner des points en renvoyant la balle

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Je sors d’un long entretien avec un diplomate en poste au Togo. Il m’a dit, pendant l’entretien, que demander à la communauté internationale aujourd’hui de procéder à une enquête sur les incendies au Togo est une mauvaise blague. Quand je lui ai demandé pourquoi, il m’a répondu que nous qui appelons à cette enquête passons notre temps cette même communauté. Il a surtout dit que si cette enquête concluait éventuellement à la culpabilité de l’opposition, les enquêteurs seraient traités de suppôt du RPT/UNIR. Je suis resté sans voix, tellement il disait vrai.

Aujourd’hui, il faut avoir le courage de le dire, nous sommes comme un joueur de tennis qui envoie la balle soit dans les filets ou hors du court, pendant que l’adversaire ( RPT/ UNIR)se contente de la remettre en jeu et gagner les points. Nous avons presque perdu notre crédibilité avec la communauté internationale, qui pourtant nous a sérieusement accompagné depuis 1990.

Toujours sur le sujet, ce diplomate me demande pourquoi, avec le grand nombre de juristes que nous avons dans nos rangs, nous ne faisons pas preuve de stratégie dans notre communication. Il me dit que normalement, lorsqu’une affaire devient judiciaire, on laisse les avocats prendre les rennes, en tous les acteurs se mettent en veilleuse. Toutes les déclarations suite à l’ouverture de l’enquête doivent être absolument mesurées, et il faut laisser faire les conseils car c’est justement pour ça qu’on les paie. Depuis quelques jours, responsables politiques et d’association se relaient pour commenter l’actualité dans une grande cacophonie. Qui sont les conseils des prévenus  et qu’attendent-ils, à la suite du procureur, pour situer l’opinion  Comme je l’ai dit hier, organisons avec tous les moyens, la défense, faisons en sorte que le procès soit public, et que toute la vérité soit faite, car c’est la crédibilité de l’action politique de l’opposition qui est en jeu.

Pourtant, nous avons toujours un gouvernement qui continue à nourrir la pauvreté au Togo. Le taux de pauvreté avance et nous ne consommons pas nos budgets. Nous avons un grand besoin de stratégie.

Je sais, mes éternel contradicteurs vont me dire: Que proposons-nous?

Ce que nous avons toujours dit: Actions sur trois points.

1: Véritable union de l’opposition. Même quand nous étions à l’arc-en-ciel, nous disions qu’une union de l’opposition qui n’inclue pas tous les partis ne servaient à rien. L’antagonisme entre l’ANC et le CAR par exemple est contre-productif pour l’alternance.

2: Mobilisation d’envergure nationale. Lors d’une discussion avec un grand leader de l’opposition, celui m’a confié avoir eu la surprise de constater que rien qu’à Agoè, il n’était pas véritablement connu, alors que dans les marchés du centre ville, on l’idolâtrait. L’activisme de l’opposition centré sur Bè et ses environs (malgré les tentatives de décentralisation) restent un talon d’Achille de notre action. Je parcoure les régions nord du pays, et là, je suis surpris par les discours des gens qui, malgré la pauvreté, disent espérer que nous avons pas les mêmes méthodes que l’opposition radicale. Pour réussir l’alternance, nous ne devons ni miser uniquement sur Lomé (25% de la population) ni sur la région maritime (42%). La victoire pour l’alternance doit être nationale. Elle devrait être plus importante d’ailleurs à Dapaong qu’à Tsévié, puisque la misère y est plus importante (90% de la population). Pour le faire, il faut aller sur le terrain, tous ensemble, autant de fois que nous pourrons. La victoire est sur le terrain. Mais il faut de l’argent, que nous n’avons plus. (autre débat)

3: Accompagnement de la communauté internationale. Pour gagner l’alternance sans la communauté internationale, il nous faudrait l’armée avec nous. Nous la vitupérons tous les jours. Et personnellement je n’aime pas cette option. Laissons les militaires dans les casernes, à jouer aux militaires comme ils le font actuellement au Mali. C’est bon pour tout le monde. Sans le soutien militaire et l’appui de la communauté internationale, la mobilisation populaire est une chimère. C’est un fait. Là aussi, c’est un autre débat.

J’entends des gens dire, que fait le NET? De la formation, de la sensibilisation, nous animons le débat politique, nous faisons des propositions: 18 formations, dans plusieurs préfectures, 11 propositions sur tous les sujets, 19 meeting, 4 conférences de presses, membre fondateur d’une coalition de partis politique… tout ça en huit mois, pour près de 20 millions de francs investis, sans jamais rien demander à personne, sur contribution des militants, je crois que c’est assez payé, pour un engagement pour notre pays.

Bientôt. Le NET ira aux élections si les conditions de transparence et d’équité l’autorisent, car nous continuons d’avoir des discussions pour l’amélioration du cadre électoral. Il faudra envoyer de nouvelles énergies à l’assemblée nationale. Ils y ont été 81 pendant 5 ans, et nul n’a produit la moindre proposition de loi. Notre problème fondamental dans ce pays est là: la pratique de la politique.

Bon appétit chez vous.

Gerry .

gerrytaama.net

BP: 13BP414

Tel: 90 32 47 27/  99 53 53 23

Mail: gerry@taama.net

Lomé Togo

 

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