Ces conversations, entre Nicolas Sarkozy et son avocat, Thierry Herzog, confirment les informations révélées par Le Monde, le 7 mars. Tous deux étaient bien en lien avec Gilbert Azibert, haut magistrat à la Cour de cassation auprès de qui ils se tenaient informés de la procédure concernant les agendas de M. Sarkozy.
Ces agendas, saisis dans l’affaire Bettencourt, contiennent des éléments qui peuvent alimenter d’autres enquêtes visant l’ancien président de la République, notamment l’affaire des financements libyens et dont Nicolas Sarkozy veut faire interdire l’utilisation.
Pour cela, il a besoin que la Cour de cassation invalide les actes d’instruction de l’affaire Bettencourt qui l’utilisent. M. Azibert est alors chargé de rencontrer les magistrats chargés de trancher.
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HERZOG ET CES « BÂTARDS » DE JUGES
Thierry Herzog, l’avocat de Nicolas Sarkozy, au tribunal de Paris, le 10 mars.
Dans les échanges rapportés par Mediapart, M. Herzog rassure M. Sarkozy : les magistrats, d’après M. Azibert, sont selon lui favorables à l’annulation. Il a eu accès à des documents le confirmant. Si l’annulation est prononcée, toutes les mentions relatives aux agendas dans le dossier devront être supprimées. « Ce qui va faire du boulot à ces bâtards de Bordeaux », lâche M. Herzog.
Le 5 février, M. Herzog rapporte un échange avec M. Azibert, qui vient de parler à l’un des conseillers de la Cour chargé de trancher pour « bien lui expliquer » la situation. Un service rendu à l’ancien président qui ne semble pas prévu sanscontreparties. D’après les retranscriptions, Nicolas Sarkozy « se dit prêt à aider [M. Azibert] » qui a déjà évoqué son souhait d’être nommé à un poste à Monaco. Il y brigue en effet un poste de conseiller d’Etat et espère un coup de pouce de M. Sarkozy.
La manœuvre est faite en vain. Le 11 mars, les magistrats décident finalement de valider l’intégralité de la procédure. Les agendas restent dans les mains de la justice.
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« Les propos et les faits relatés sont absolument ahurissants et blessants pour la démocratie, si les faits sont avérés », a réagi mardi soir le porte-parole du Parti socialiste, David Assouline, après lecture de l’article de Mediapart. « Le style et les mots sont accablants. S’ils étaient avérés, on comprendrait mieux pourquoi l’UMP a déployé autant de rideaux de fumée et une telle violence contre l’institution judiciaire et des juges indépendants », a-t-il ajouté.
UN INDICE SUR LE DOSSIER LIBYEN
Les enregistrements révèlent également que Nicolas Sarkozy disposait probablement d’un informateur dans les rouages de l’Etat, capable de le tenir au courant de l’enquête sur les financements libyens. Le 1er février, M. Sarkozy a été mis au courant de possibles perquisitions de son bureau à ce sujet. Il demande à M. Herzog de « prendre contact avec [leurs]amis pour qu’ils soient attentifs ». M. Herzog opine et dit qu’il va « appeler [son]correspondant […] parce qu’ils sont obligés de passer par lui ».
Les documents révèlent également comment, ne se sachant pas écoutés sur un téléphone confidentiel, souscrit sous un faux nom, mais sachant qu’ils l’étaient sur une ligne officielle, MM. Sarkozy et Herzog ont tenté de tromper la vigilance des enquêteurs en montant de fausses discussions.
« L’ancien chef de l’Etat français demande à son avocat de l’appeler sur sa ligne officielle pour “qu’on ait l’impression d’avoir une conversation” » écrit Mediapart. Des coulisses auxquels les enquêteurs ont également eu accès.
Médiapart