Dans les années 1950-1970, lorsque vous dites, dans un pays étranger, que vous êtes Togolais, c’est tout juste si les gens ne se mettaient pas au garde-à-vous, pour vous saluer ! Ce sont des instituteurs togolais et dahoméens (béninois aujourd’hui) qui ont scolarisé beaucoup de pays de la sous- région (Haute Volta, Niger, Côte d’Ivoire, Mali etc.) et d’ailleurs sur le continent africain (Zaïre, Congo, Tchad, Mauritanie etc.) Ce sont des médecins togolais et dahoméens qui ont été envoyés et qui ont officié dans les pays comme la Haute Volta, le Niger, le Mali, la Guinée etc. pour éradiquer les grandes endémies et épidémies de la sous région : fièvre jaune, maladie de sommeil, pian, onchocercose, syphilis, autres filarioses, lèpres.
Aujourd’hui, dans les rues de Ouagadougou, Abidjan, Cotonou, Niamey, Nouakchott etc., si on vous doigte que vous êtes togolais, vous rasez le mur !
On dirait que l’intelligence, la sagesse, le bon sens, l’ardeur au travail etc. ont déserté notre pays. Les hommes de valeur, comme Yaya MALOU, Joachim HUNLEDE, OGAMO BAGNA, Namoro KARAMKO, BOUKARI DJOBO, APEDOH-AMAH, Pierre ADOSSAMA, ABALO Firmin, Henri DOGO, GABA Idiamey Laurent, Paulin AKOUETE, AJAVON Mathias, le proviseur d’ALMEIDA, Paul AYI, les professeurs LASSEY, ATTIGNON, FREITAS (et j’en passe et des meilleurs) ont laissé la place vide, occupée aujourd’hui par une majorité de citoyens nains en tout (en pensée en morale, en intégrité, en sagesse, en ingéniosité) qui détruisent lentement mais sûrement notre pays…
Le Togo a gardé son statut « de pays leader » de la sous- région jusqu’en 1975, puis, ce fut la descente aux enfers… jusqu’à nos jours.
Les cadres valeureux et intègres ont été, peu à peu, remplacés (retraite, maladie, dictature et décès obligent) par des cadres approximatifs et médiocres jusqu’au décès du général GNASSINGBE Eyadema. Les trente huit ans de dictature ont laissé des cicatrices indélébiles dans la chair et sur l’intellect de la grande majorité des togolais. Ils ont aussi produit des nullités dans tous les domaines. Une de ces nullités personnifiées est Mr AGBEYOME Kodjo, qui a pourtant occupé tous les postes importants de ce pays (excepté la Présidence de la République) et qui vient d’étaler encore son inculture politique, en proposant encore un médiateur international dans le dix-neuvième ou vingtième dialogue inter-togolais. Le Ministre de l’Intérieur qui veut « arrêter » son Premier Ministre KOFFIGOH, croit encore, avec son âge et son expérience (il est vrai, peu opérante) qu’un médiateur étranger a le temps de s’occuper de la maladie chronique du Togo, que nous nommons « Dialoguite », à quelques mois des législatives dans notre pays ? Le Président ghanéen a les yeux rivés sur son élection présidentielle en décembre prochain, le burkinabé a les yeux rivés sur les islamistes qui occupent une bonne partie du Mali, l’Ivoirien se creuse la tête pour amener une paix acceptable dans son pays, le nigérien a les yeux rivés sur le prix de l’uranium et sa frontière avec le Mali, Macky SALL se demande comment combler les innombrables attentes de sa population, Yayi BONI est assailli par les problèmes de l’Union Africaine. François HOLLANDE est en chute libre dans les sondages et se fiche, comme de sa première chemise du sort du Togo, Desmond TUTU n’arrive pas à gérer les crises dans les mines de son pays. Mr AGBEYOME Kodjo serait mieux inspiré de choisir un sage paysan de Tokpli, comme médiateur d’un nième dialogue togolais. Monsieur l’ex-Premier Ministre, Monsieur l’ex-Président de l’Assemblée Nationale, Monsieur l’ex-Ministre de l’Intérieur, Monsieur l’ex-Ministre de la jeunesse et du sport, arrêtez de « déconner »…
La nullité togolaise, c’est aussi le trio d’avocats, conduits par Me Zeus AJAON. Avec lui, Jil-Bénoît AFANGBEDJI et KPANDE-ADZARE ne savent pas lire notre Constitution et ne savent pas qu’ils peuvent se retrouver derrière les barreaux, si le pouvoir leur applique l’article 148 de notre Loi Fondamentale, qui explicite :
« Toute tentative de renversement du régime constitutionnel par le personnel des Forces Armées ou de Sécurité publique, par tout individu ou groupe d’individus, est considérée comme un crime imprescriptible contre la nation et sanctionnée conformément aux lois de la République ».
Ce n’est vraiment pas malin, de la part d’avocats du barreau de Lomé, qui ne savent pas lire ou qui lisent de travers les articles 148, 150, et autres de notre Constitution. Je leur conseille de se faire soigner d’abord de leur « Dekonnite », qui est une maladie obsessionnelle du carrefour DEKON, où ils veulent, malgré l’interdiction des pouvoirs publics, faire des sit-in. Aller squatter un carrefour très commercial de Lomé, y dormir, y faire la cuisine, y prier, peut être même y faire ses besoins (je ne vois aucune WC publics là bas), c’est tout simplement de la débilité et de l’imbécillité notoires…
Pauvre Togo ! Des avocats qui veulent substituer un machin nommé « Collectif Sauvons le Togo », aux institutions de la République !
Et le pouvoir dans tout ça ? Je ne comprends pas Faure GNASSINGBE et son gouvernement. J’ai participé aux travaux du Cadre Permanent de Dialogue et de Concertation (CPDC), qui regroupait tous les partis et organisations de la société civile signataires de l’Accord Politique Global (APG) et des personnalités- ressources diverses, choisies par le Président. L’UFC originelle (UFC et ANC actuelles) et le CAR ont boycotté les travaux de ce CPDC, qui a planché pendant des mois et proposé des réformes constitutionnelles et institutionnelles claires et nettes. Puis, le Président a créé le CPDC rénové, qui est un CPDC élargi. L’ANC et d’autres partis boycottent ce CPDC. Un dialogue est ensuite ouvert entre les partis présents au Parlement (RPT, CAR, ANC, UFC), mais l’UFC boycotte les travaux et ce cadre de discussion a crashé, parce que les protagonistes n’arrivent pas à s’entendre sur l’ordre de priorité des sujets de discussion ! Puis, le gouvernement ouvre récemment un autre dialogue, boycotté par le CAR, la CDPA, l’ANC et d’autres partis politiques !
Monsieur le Président, vous ne trouvez pas que cela suffit de vouloir toujours initier des dialogues ?
Toutes les institutions du pays sont en place, sauf le SENAT. Alors, je ne comprends pas cette propension à dialoguer ; nous ne sommes tout de même pas atteints de « Dialoguite » ; je n’ai jamais vu la classe politique d’un pays avoir un consensus intégral sur des sujets politiques…sauf en cas de guerre ou à la sortie de guerre. C’est parce qu’on ne peut pas avoir un consensus tout le temps, et avec tous les citoyens, dans tout un pays, qu’on a inventé la Démocratie (le moins mauvais de tous les systèmes politiques). Et qui dit Démocratie, dit Elections ! Monsieur le Président, il est temps que votre gouvernement fixe la date des prochaines législatives, dont la période butoir est fixée par la Cour Constitutionnelle.
Le vote n’est pas obligatoire au Togo… Ceux qui veulent voter n’ont qu’à le faire, ceux qui décident de faire des marches et des sit-in n’ont qu’à le faire « ad vitam » s’ils veulent, à condition qu’ils le fassent dans le respect des lois de la République, et que leurs manifestations ne nuisent pas aux activités et à la liberté des autres citoyens…
Dr IHOU Ancien Ministre de la Santé et de la Population. Consultant en Géopolitique et Stratégie Sécuritaire.