A l’issue de sa tournée en Afrique de l’est, le président américain a livré, le 28 juillet 2015, un discours au siège de l’Union africaine. Barack Obama a encore plaidé pour plus de démocratie sur le continent, exhortant les chefs d’Etat africains à ne pas s’accrocher au pouvoir au terme de leurs mandats. Mais, quelles chances pour ce discours du chef de la Maison Blanche d’être entendu, tant les réalités politiques africaines sont parfois difficiles à changer, surtout par le haut ?
Le discours de Barack Obama le 28 juillet 2015 au siège de l’Union africaine, à Addis Abeba, restera pendant longtemps d’actualité. Sans détour, le président américain a abordé les questions de la démocratie, du terrorisme, de la corruption et des droits des femmes sur le continent.
Sans doute, le discours est historique. C’est la première fois qu’un président américain s’est adressé directement à une assemblée de l’Union africaine.
En revanche, là où subsistent des doutes, c’est la capacité à changer véritablement à partir de ce discours historique les réalités évoquées, notamment la démocratie.
En 2009 à Accra au Ghana lors de sa première visite en Afrique en tant que président américain, Obama avait souligné avec force la nécessité pour les Africains, en particulier les dirigeants politiques, d’observer le principe d’alternance à la tête des Etats. L’on se souvient encore de sa célèbre phrase « L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes » qui avait suscité d’énormes espoirs sur le continent.
Six ans après, les chefs d’Etat africains partisans d’une modification de leur constitution pour se maintenir au pouvoir n’ont jamais été aussi nombreux. Faure Gnassingbé au Togo et Pierre N’Kurunziza au Burundi ont déjà franchi le rubicond, tandis que Paul Kagamé au Rwanda, Denis Sassou N’Guesso au Congo Brazzaville, Joseph Kabila en République démocratique du Congo se préparent à suivre leurs exemples.
Comme le discours de la Baule
Le fait pour Obama de revenir à la charge à l’Union africaine sur cette question de la nécessité de l’alternance à la tête des Etats du continent est une reconnaissance implicite de ce que les choses n’évoluent pas aussi bien sur le front de la démocratisation en Afrique.
Comme le discours de la Baule de l’ancien président français François Mitterand en 1990 qui avait appelé sans grand succès à une démocratisation des Etats africains, le discours d’Accra d’Obama en 2009 semble avoir atteint ses limites. Ainsi, après quelques succès enregistrés çà et là comme au Sénégal en 2010 avec l’avènement de Macky Sall aux affaires, la période d’agitations démocratiques se referme progressivement. Et que restera-t-il d’ailleurs de ce discours d’Accra, quand Obama va quitter en 2016 la Maison Blanche au terme de son second mandat ?
Grégoire B. Bazié
Lefaso.net