Normalité, ou retour à la normalité, le terme est omniprésent dans les discours de « l’indéboulonnable ». L’évoquant, il reconnait ainsi que depuis, son accession au pouvoir, la Côte d’Ivoire, est dans un état d’anormalité très avancé.
Or, qui dit anormalité dans un Etat, dit absence de démocratie, non respect des règles de l’Etat de droit, violations massives des droits de l’Homme, impunité galopante, gabegie, népotisme, pour ne pas dire « rattrapage » ethnique… En attendant une liste plus exhaustive, contentons-nous de celle-là.
Bien sûr, les partisans de «Ado-solutions » peuvent d’emblée mettre cette situation chaotique au compte de la guerre née de la crise postélectorale, une crise postélectorale au dos bien large, en effet. Eux qui, il y a quelques années, accusaient Laurent Gbagbo, de tout mettre – notamment les embuches rencontrées lors à sa gouvernance – au compte de la guerre provoquée par la rébellion venue du nord en 2002, avec à sa tête Soro Guillaume.
Ironie du sort ? La crise postélectorale est devenue un prétexte tout trouvé pour les ouattaristes aujourd’hui au pouvoir. Pourtant entre la Côte d’Ivoire de 2002 à 2010 et celle d’aujourd’hui, « il n’y pas photo », comme on le dit.
Avant 2010, la Côte d’Ivoire est divisée de fait en deux parties. L’une tenue par la rébellion et l’autre par le régime légitime de Laurent Gbagbo. La Côte d’Ivoire est quasiment « isolée » du fait de son Chef d’alors qui a choisit délibérément l’option de la souveraineté, au détriment de la soumission au dictat des puissances occidentales.
Mais la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui, a à sa tête un « Président reconnu par la communauté internationale ». L’ami de toutes les puissantes institutions financières telles que la Banque Mondiale et le FMI. L’homme à « l’agenda riche et chargé ».
Ce qui serait donc normal, c’est que la Côte d’Ivoire devrait à présent être un véritable modèle de démocratie et un exemple d’Etat de droit.
Or, malgré tout ce bel habillage, la Côte d’Ivoire est encore à la recherche de « sa normalité ».
La Côte d’Ivoire a connu certes sa plus sombre histoire au cours de cette crise postélectorale. Elle n’en n’est, pas encore sortie, mais la venue de monsieur Ouattara, ayons le courage de le reconnaitre, n’aura rien arrangé. Bien au contraire. Si bien que ce dernier se voit obligé de promettre, un retour à la normalité, passant sous silence son bilan calamiteux, en deux ans de règne à la tête de ce pays.
Mais il ne s’agit pas de promettre une chose, pour que, comme par enchantement elle se produise. Il en va de même pour la réconciliation nationale, tant chantée. Il ne s’agit pas de la proclamer, pour qu’elle ait lieu. Ce que l’on dit, doit se traduire aussi en des faits concrets, palpables, vérifiables et profitables à tous. C’est aussi cela, la trame des vrais hommes d’Etat.
Nous sommes en 2013, est-ce une année de normalité ? Où sont les facteurs qui annoncent, ou qui préfigurent d’une quelconque normalité ?
Il y a des rackets organisés, l’impunité dont jouissent les FRCI à la solde d’Alassane Ouattara et l’insécurité dans laquelle ces derniers plongent le pays tout entier. Pour ce seul exemple, chaque citoyen ivoirien ou non, peut s’en rendre compte, tant le constat est frappant.
Il s’agit bien de cette horde hétéroclite de rebelles, ex-Forces nouvelles (FN) muées en FRCI, Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). FRCI racketeurs, FRCI tortionnaires, FRCI « gnambros», FRCI assassins, FRCI occupant illégalement et de force champs et domiciles privés, FRCI justiciers…, qui ignorent tout d’une République. Que dire ? Sinon, vive la normalité sous Ouattara !
L’avènement des nouveaux treillis n’aura fait qu’empirer la situation. Elle aura permis à ces derniers de mieux se confondre aux ex-FDS. On ne sait plus qui est qui, ni qui fait quoi. Les ivoiriens voudraient bien savoir.
Mais il y a pire. Le reste de la bande, qui écume nos marchés, nos villages, nos rues. Ne sachant manier que les biceps et les armes. Ceux dont la population ivoirienne est devenue le souffre-douleur.
Alors comment prendre les déclarations de monsieur Ouattara pour argent comptant, lorsqu’’on ne voit rien poindre à l’horizon ? Que fait-on pour les encaserner ? Que fait-on pour juguler l’inquiétant problème de l’insécurité en Côte d’Ivoire ?
En fait, c’est l’épineuse question de la réforme de l’armée, des forces de défense et de sécurité qui s’impose aujourd’hui à la Côte d’Ivoire. Que fait monsieur Ouattara pour la régler depuis qu’il est assis dans le fauteuil présidentiel, à part ses nombreux voyages?
En effet, « Ado-solution » s’est probablement « noyé » dans ses propres promesses, tellement il en a fait.
Mais on ne construit pas un Etat solide à coups de promesses, hélas. Les ivoiriens en sont bien conscients. Le respect de la parole donnée, c’est sur cette base que le peuple jugera tous ceux qui ont aspiré à le représenter ou à le servir.
Le constat est donc à la fois clair et amer. 2013 n’est pas en passe de devenir « l’année de la normalité ». Bien au contraire la Côte d’Ivoire s’enfonce d’avantage – avec les répressions des manifestations de l’opposition et les scandales des violations des droits de l’Homme mis au grand jour, tout cela, ajouté à l‘insécurité galopante – dans une confusion encore plus noire.
Pendant ce temps, les FRCI continuent de semer la chienlit et de se sucrer sur le dos des ivoiriens, au vu et au su de tous, surtout de leurs « employeurs ».
Cela ne peut que susciter une interrogation: pourquoi ?
Pourquoi le régime en place reste t-il complaisant face aux souffrances causées sur les populations par les FRCI et leurs supplétifs les dozos ?
Est-ce un aveu d’impuissance ou simplement une preuve de l’incompétence d’un régime propulsé à coups de bombes françaises ?
Cherchons plutôt nos réponses ailleurs…
Et si, en fait, ces hommes en armes ne faisaient que servir de paravent au régime Ouattara ? Et si, ces FRCI tueurs, servaient en fait d’une sorte « d’assurance vie » à Alassane Ouattara et à son régime dont le vernis de légitimité tend à fondre au fil du temps ?
Marc Micael La Riposte