Côte d’Ivoire. A l’orée d’une nouvelle crise !

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Elle n’est pas encore terminée. Encore faudrait-il qu’elle ait eu un début de solution. Mieux, elle est en passe de se reproduire. Et cette fois, les conséquences risquent d’être des plus effroyables.

La Côte d’Ivoire, est à l’orée d’une nouvelle crise socio-politique. Pire que la précédente. Loin de nous, l’idée de jouer aux oiseaux de mauvais augure. Il se trouve tout simplement que certains en sont encore à prendre les populations pour des marionnettes assujetties à leurs bons vouloirs.

En Côte d’Ivoire, le nerf de la guerre, c’est bien le pouvoir. Comment le conquérir, l’exercer, mais aussi et surtout, comment le conserver ? Tels sont les enjeux de la lutte sans merci à laquelle se livrent depuis toujours, les politiques ivoiriens. Malheureusement, entre le conserver selon les règles démocratiques et se l’accaparer par la force ou par des moyens illégaux et illégitimes, certains ont du mal à faire la distinction. Volontairement. Sans doute. Conscients qu’ils n’y parviendront jamais sans user de moyens détournés.

Alassane Ouattara est arrivé au pouvoir. Parce qu’il y est arrivé, précédé de bombes et d’une guerre aux relents de conquête du nord contre le sud ; parce que l’on a dénombré 3000 morts (au bas mot), là où l’on aurait pu recompter les voix ; parce que les fusils sont venus s’immiscer dans le jeu démocratique ; parce que les armes ont contribué à vouloir « noyer » les nombreux et flagrants cas d’irrégularités et de fraudes constatées lors de la présidentielle de 2010 (ce qui n’a visiblement pas atténué les doutes persistants sur les résultats de cette élection)…, Alassane Ouattara ne peut pas apparaitre aux yeux de l’opinion publique comme un président « normal ». Mais plutôt comme un chef d’Etat fatalement admis par un peuple devenu apparemment passif, mué par un ultime instinct de survie.

Après avoir finalement pris le pouvoir et été fatalement admis comme chef d’Etat, Alassane Ouattara avait, s’il eut été habité par le bon sens, avait l’occasion de réparer ses torts. Que non. Il a plutôt préféré s’accrocher désespérément à la violence comme bouée de sauvetage. Après donc la conquête sanglante, une gestion chaotique du pouvoir, avec pour fondement la violence : des ivoiriens dispersés aux quatre coins du monde, forcés à fuir l’appareil répressif d’Alassane Ouattara ; son adversaire politique direct en prison à la Haye ; des prisons bourrées à craquer de prisonniers politiques ; les ONG des Droits de l’Homme se fatiguent à produire rapports accablants sur rapports accablants contre son régime ; c’est le début d’une ère de représailles et de vengeance contre tous ceux qui naguère s’étaient opposés à sa volonté obstinée de conquérir le pouvoir d’Etat.

Cela se traduit aussi par le vote de lois impopulaires. Des lois impliquant jusqu’à l’avenir même de la nation sont votées avec une légèreté déconcertante, par une assemblée monocolore et aux ordres. Il s’agira entre autres, au nom de la « bonté infinie » d’Alassane Ouattara, de faire des millions d’étrangers vivants en Côte d’Ivoire, des ivoiriens. Qu’ils le veuillent ou non. Ceux-ci sont désormais « sommés », de devenir ivoiriens et, du coup, propriétaires fonciers.

C’est aussi et surtout l’ère de la « magnificence » des ressortissants du nord au détriment de celles du sud. L’ère du rattrapage ethnique, renforcé par le règne de l’impunité pour ceux de son camp. La Côte d’Ivoire n’est plus une simple « poudrière identitaire » comme l’ont dit certains, mais désormais un « volcan génocidaire », aux dires de Martial Ahipeaud, membre fondateur de la Fesci (la fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire).

La réconciliation tant annoncée, est définitivement calfeutrée au stade de simple vœu pieux. En somme, Alassane Ouattara au pouvoir, c’est la mise à mort de la cohésion sociale.

Tout ceci contribue, visiblement à exacerber un sentiment d’injustice généralisé.

Mais à peine, sa gestion calamiteuse achevée, le voilà « très vraisemblablement » candidat pour un second mandat en 2015 ; oubliant – peut-être – le sentiment d’injustice généralisé du peuple ivoirien ; le sentiment d’un peuple tout entier plongé dans une sorte de résignation qui n’en n’est – en fait – pas une. Alassane Ouattara oublie qu’il s’agit plutôt d’un silence avant une terrible tempête. Ce sentiment d’injustice généralisé qui plane tout au long de son mandat à la tête de ce pays, ne contient t-il pas, en lui-même, les germes d’une crise pire que celles que nous avons vécu jusqu’à présent ? Certainement.

Mais alors, comment éviter cette énième crise ? Naturellement, en « annihilant » ce qui en est à la base ; ce qui cause ce profond et légitime sentiment d’injustice : Alassane Ouattara.

Marc Micaèl La Riposte

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