Le Nigeria vient d’inaugurer sa première ligne de TGV, une première en Afrique de l’Ouest. C’est donc un pays anglophone qui a pu le faire avant ses amis francophones. Alors que les pays de la zone franc doivent se contenter d’un taux de croissance moyen de 5¨¨%, les pays de la Comesa, majoritairement anglophones, expérimentent une croissance moyenne supérieure à 7%. Les pays anglophones enregistrent des performances économiques nettement supérieures à celles des pays francophones. Dans les lignes qui suivent, nous donnons quelques raisons explicatives des piètres performances des pays de la zone franc.
Une étude comparée des performances économiques entre les pays francophones et anglophones
Sans grande démonstration, il est aisé de dire que les pays anglophones sont plus dynamiques en termes de croissance économique. Les chiffres indiquent que les pays africains hors de la zone franc sont plus dynamiques. Les pays anglophones ont longtemps expérimenté une croissance de 6 à 7%. Selon, le Fonds monétaire international (FMI), les pays de la Comesa (marché commun de l’Afrique orientale et australe) ont enregistré une croissance régulièrement supérieure à 6%, entre 2004 et 2015. En 2010 et 2011, d’ailleurs leur taux de croissance a même atteint 7,9 et 7,1%, hors produits pétroliers, souligne le FMI. Il convient de rappeler que sur 18 membres de la Comesa, seuls trois sont francophones, à savoir la république démocratique du Congo, les Comores et Madagascar. Les pays de la zone franc enregistrent une croissance moyenne beaucoup plus faible, sur la même période 2004-2015. Ainsi, par exemple, on passe de 3,4% en 2009 à 4,9% en 2015, avec un pic de 6,1% en 2012. Le PIB global des pays anglophones, hors Afrique du Sud, pèse pour 48% de la production subsaharienne, contre moins de 20%, pour les francophones. Les pays anglophones ont de meilleurs indicateurs en matière de progrès social. Parmi les dix pays ayant le meilleur IDH du continent, seul le Gabon est un francophone d’Afrique subsaharienne avec 0,68, occupant la huitième place. Le Gabon est devancé par Maurice (0,78), Les Seychelles (0,77) et le Botswana (0,70), mais aussi par des pays d’Afrique du Nord, l’Algérie, la Libye, la Tunisie. Les pays de la zone franc sont les derniers. Le Niger, la République Centrafricaine et le Tchad ont un IDH compris entre 0,35 et 0,39 selon le classement du PNUD en 2015. Quelles sont donc les raisons de ce retard économique ? Il ne faut pas chercher loin ce qui est accessible. C’est le lien incestueux entre ces pays et la France qui explique ce retard économique.
La France est le principal responsable du retard économique des pays de la zone franc
la France n’a jamais voulu que ces anciennes colonies deviennent des économies prospères. Avec une monnaie impérialiste, des accords de défense opaques et la dictature des monopoles, la France a fragilisé les pays de la zone franc.
La France impose une monnaie impérialiste
Le Franc Cfa, cette monnaie héritée de la colonisation déstructure nos économies. La parité fixe franc CFA-euro est une entrave à la compétitivité des économies africaines dans le monde. Les pays de la zone franc ne peuvent pas mener une politique monétaire compatible aux réalités nationales. La raison est simple : le franc Cfa est géré par la Banque centrale européenne (BCE). Ces pays ne peuvent pas utiliser l’instrument monétaire pour accroitre la compétitivité de leurs économies. En clair, il est impossible aux économies de la zone franc de relancer leurs exportations en jouant sur la flexibilité du taux de change. Mieux, les principes de libre convertibilité et libre circulation des capitaux favorisent la fuite des capitaux de l’Afrique vers la France. Les entreprises françaises installées dans les pays africains de la Zone Franc peuvent rapatrier librement leurs liquidités vers la France.
La France impose des dictateurs avec ses accords de défense
La France a signé des accords de défense avec les pays de la zone franc. Ces accords qui donnent à la France le droit d’implanter des bases militaires dans certains pays lui permettent en réalité de garder un contrôle étroit sur ce qu’elle considère encore comme sa basse-cour. Elle fait pencher l’équilibre militaire au gré de ses intérêts en intervenant directement ou pas. La France a toujours utilisé des forces rebelles pour renverser les régimes « désobéissants ». En réalité la France entretient en Afrique un climat de désordre. Et pourtant on sait que les conflits ne facilitent pas le développement de l’Afrique francophone. On l’a vu notamment en République démocratique du Congo où pendant plusieurs années la croissance a été négative. Il a fallu retrouver la stabilité pour voir revenir la prospérité dans ce pays de 70 millions d’habitants. Ainsi, la RDC a enregistré l’un des meilleurs taux de croissance du continent entre 2010 et 2015, avec des croissances comprises entre 7,2 et 9,2%. Les guerres coloniales et les rebellions fabriquées par la France retardent les pays de la zone franc.
La France empêche les pays francophones de développer les infrastructures
Le manque d’infrastructures en Afrique constitue un obstacle majeur à la croissance sur le continent. L’Afrique compte environ 90.000 km de chemins de fer, soit 1/20 de la longueur des chemins de fer européens. La plupart des pays africains connaissent des pénuries d’électricité et moins de 60% de la population africaine a accès à l’eau potable. Les infrastructures sont peu développées dans les anciennes colonies françaises. Il est vrai que les pays anglophones possèdent des marchés intérieurs plus vastes en raison d’un meilleur découpage au moment de l’indépendance mais cela n’explique pas tout. La France empêche les pays de la zone franc de profiter des offres chinoises. Et pourtant, la Chine contribue désormais au développement de plusieurs villes du continent : en Algérie, en Angola ou encore au Kenya. La construction occupe la troisième place des investissements directs à l’étranger (IDE) chinois sur le continent (16 %). En Angola, le constructeur chinois Citic érige une ville nouvelle pour 120 000 personnes à 20 kilomètres de Luanda, pour un montant de 3,5 milliards de dollars. La Chine a par exemple installé des pipelines et construit des raffineries afin d’aider des pays comme le Soudan, le Tchad et le Niger à se doter d’une industrie pétrolière complète.
Fin 2012, les investissements directs chinois en Afrique avaient dépassé les 15 milliards de dollars. La Chine a investi dans les secteurs du transport, des télécommunications, de l’aménagement et de la gestion des eaux, de l’électricité, ainsi que dans le réseau routier et les infrastructures. La France organise des rebellions et des coups d’Etat pour renverser les présidents africains qui se tournent vers la Chine et d’autres pays.
La Françafrique entretient des économies corrompues
Il est facile de faire des affaires dans les pays anglophones que dans les pays francophones. Le rapport Doing Business, publié en octobre 2015, montre que les quatre meilleurs réformateurs de leur environnement des affaires sont anglophones. Il s’agit notamment de Maurice, du Rwanda, du Botswana et de l’Afrique du Sud. Ils dépassent même les pays du Maghreb, à savoir la Tunisie et le Maroc qui arrivent respectivement à la cinquième et sixième position. C’est dire qu’en général, il est plus facile de créer une entreprise et de recouvrer sa créance ou de procéder au règlement d’un différend quand on investit dans un pays anglophone que dans un pays francophone d’Afrique subsaharienne. La France a habitué les pays francophones à la facilité et à la tricherie.
Dr Seraphin Yao Prao
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