Bombarder, et bombarder encore

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La guerre c’est sale. Pour préparer l’opinion publique la France et les Etats-Unis insistent sur la nécessité d’intervenir sans jamais prononcer le mot. Si l’on se souvient bien, fin août 2013, Paris, Londres et Washington avaient servi le même discours pour une « intervention » en Syrie

C’est officiel, la France a débuté les vols de reconnaissance au dessus de l’Irak. Ces manœuvres ont pour vocation de déterminer des cibles pour des bombardements à venir. Les éditorialistes français et américains se sont alignés sur la position de l’Elysée et de la Maison Blanche : il faut agir. L’Etat irakien n’existe plus, les milliards de dollars américains pour l’équipement et la formation de l’armée officielle n’ont servi à rien. L’Etat islamique (EI) a pris le contrôle d’une grande partie du pays, est aux portes de Bagdad et du Kurdistan, alliés des Américains. Depuis le début de l’été, la progression des jihadistes en Irak a fait disparaitre de l’actualité la répression syrienne. En quelques mois, aux oubliettes la rencontre entre les rebelles syriens et le Sénateur américain, et ancien candidat à la présidence du pays, John Mac Cain. De grand ami et relais d’influence dans la région à ennemi public numéro un, la frontière est ténue.

Plus de guerre, seulement des « interventions »

La guerre c’est sale. Pour préparer l’opinion publique la France et les Etats-Unis insistent sur la nécessité d’intervenir sans jamais prononcer le mot. Si l’on se souvient bien, fin août 2013, Paris, Londres et Washington avaient servi le même discours pour une « intervention » en Syrie. A l’époque aussi il s’agissait de frappes aériennes. L’impopularité des guerres d’Afghanistan et d’Irak, l’absence de moyens poussent les occidentaux à présenter les bombardements comme une recette miracle. Si les diplomates et responsables politiques ont le chic pour exposer le catastrophisme des situations, ils ont aussi tendance à donner l’impression qu’il n’existe qu’un seul type de réaction.

Bachar Al Assad résiste, l’Etat islamique gagne du terrain, la Libye est en proie au chaos et devient la plaque tournante des armes et combattants du Sahel ? Il faut bombarder. Le très pertinent magazine « Foreign Policy » n’est pas dupe, dans un papier au titre évocateur « Nous n’avons pas besoin d’une autre guerre idiote », l’universitaire Rosa Brooks rappelle que « les frappes aériennes sont une excellente manière de tuer des gens (…) mais les frappes sont inadaptées pour tenir un territoire, et encore moins efficaces pour établir des structures stables et légitimes de gouvernance. » L’exemple libyen en témoigne.

Bombarder, et après ?

Ce moyen d’action a pourtant montré ses limites. Une fois les objectifs militaires atteints, que faudra-t-il faire ? Qui soutenir et financer sur le terrain pour favoriser une alternative à l’Etat islamique ? Par principe les bombardements gèrent une situation d’urgence. Mais si les Occidentaux, de moins en moins soucieux par ailleurs de la légalité internationale, continuent à intervenir ponctuellement et dans l’urgence, l’Irak se dirige vers un scénario libyen. Dans ce pays, l’après-Kadhafi n’a été qu’une succession de promesses de soutien à la reconstruction dont on déplore l’absence de résultats. Les contrats signés avec les grandes sociétés d’armement, de construction ou d’exploitation d’hydrocarbures n’ont en rien permis de reconstruire l’identité perdue du pays. Sans vision politique, la diplomatie n’est plus un positionnement stratégique mais un perpétuel casse-tête dans lequel les alliés de la veille, grassement soutenus et financés, sont les ennemis du jour.

Mondafrique

 

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