Adios Amigo Mamadou Koulibaly

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Il n’était qu’un camarade, un ami qu’on croise au coin de la rue en plein combat démocratique, avec qui on partage certaines visions, des bons moments et après, il ne reste qu’un ami. Juste un camarade des bons moments. Le prototype d’ami qui, comme le dit un proverbe africain, ne peut que nettoyer la sueur qui coule sur votre front mais jamais le sang. N’en faisons pas un événement. Que ceux qui veulent partir partent. Que ceux qui peuvent rester restent. L’unité d’esprit rendra ceux qui resteront encore plus forts qu’ils ne l’ont été. Ils parleront d’une même voix, auront des divergences de points de vue, mais sauront trouver le juste milieu. C’est cela un groupe uni pour la même cause. D’où vient originellement le sens du mot « Camarade ». Sans orgueil, sans narcissisme, sans fanfaronnade.Personne ne vous regrettera parce que personne ne regrette une dent cariée qui vous ploie sous la douleur et qu’une bonne volonté vous aide à faire sauter ou qui tombe volontairement. Il en est ainsi de certaines personnes qui partent. Plutôt que de susciter des regrets, elles font pousser un ouf de soulagement. Au moins, elles ont le mérite en partant de vous restituer une liberté fondamentale : la liberté de dormir profondément. Personne ne regrette un traître démasqué. Qu’il se fasse hara-kiri ou qu’il crie sur les toits du monde qu’il vous a trahi, qu’est-ce que cela va changer. Il vous aura fait mal ; il vous aura ruiné ; il aura mis en péril votre vie en n’étant pas démasqué. Et ce n’est pas le jour où il est démasqué ou bien, qu’il se dénonce lui-même, que vous aller avoir du ressentiment. Dites-lui simplement Adios Amigo, comme dit-on Adieu à un ami qui va en fermant la porte du retour.Mais un autre proverbe africain dit : « On ne souille pas une maison qu’on quitte. » Et je vais vous raconter une petite anecdote sur un fait vécu par une connaissance et qui illustre bien ce proverbe. Alors que cette connaissance et des camarades avaient fini leurs parts de travaux forcés imposés par le Colon, ils devaient rentrer le lendemain. Le jour J, au petit matin, un des membres du groupe ayant rangé ses affaires pour le départ, a décidé de souiller sa couchette pour se venger de la souffrance qu’on lui a imposée. Puis ce jour, le train n’est pas arrivé et le soir est tombé. Alors, les partants recalés ont été priés de regagner leurs couchettes respectives attendre le lendemain. Vous pouvez bien imaginer la suite. Alors Camarade, ne souille pas une maison qui t’a accueilli et qui te voit partir. On ne sait trop de quoi demain sera fait.Mais il y a des raisons beaucoup plus solides pour lesquelles personne ne te regrettera. Quand on est un camarade, on ne participe pas au lynchage d’un autre camarade. Mais cette règle n’a point été observée. Il est vrai que dans certaines circonstances, l’instinct de survie pousse certaines personnes à poser des actes, même contre elles-mêmes. Cela s’appelle agir sous la contrainte. Mais on ne peut pas être dans un confort total et aider à faire mal. Cela s’appelle la complicité, sinon la trahison. Et pour une fois, ayez le courage de porter des noms que vous avez choisi vous-mêmes. Quand on agit comme un traître, on s’appelle “Traître”.

Il faut savoir assumer ses choix dans la vie.Une autre raison pour laquelle on te dira « Adios amigo », sans penser à demain, c’est qu’on reste convaincu que demain, tu ne seras rien. Je tire cette conviction d’un autre proverbe africain qui dit : « Quand la fourmi veut tomber dans l’indignité, elle pousse des ailes. » En effet, après coup, la fourmi avec ces grandes ailes, ne peut plus suivre les autres fourmis ; elle ne peut non plus s’envoler pour se balader avec les autres insectes volants. Alors seule, elle vadrouille pour finir un jour dans la gueule ou le bec d’un prédateur. Il en sera ainsi. Alors La Majorité Présidentielle vous dit : Adios amigos ! Personne ne vous regrettera. A très bientôt.

Hassane Magued

La Révolution Permanente N°0028/07/11

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