La gérontocratie au PDCI : Le mal récurrent

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Dans la vie d’une personne humaine, il y a trois temps principaux : le passé, le futur et le présent. Hier rime avec le passé, et ce qui n’est pas encore arrivé appartient au futur. L’intersection entre les deux premiers temps s’appelle le présent. Ainsi va la vie des partis politiques.

Il est vrai que les Humains se donnent les institutions qui reflètent leur culture, mais également leur  projet de société. Aussi, en rendant hommage à feu Félix Houphouët-Boigny, on est agacé par l’Akanisation [1]de la gestion du parti octogénaire de Côte d’Ivoire. Le premier président de notre pays mais aussi du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), aimait à dire qu’un chef ne prépare pas sa succession de son vivant. En clair, le chef doit le rester à vie. Dieu seul sait que cette présentation des choses est erronée.  Même le  Grand Architecte de l’Univers dit-on,  s’est reposé après avoir travaillé six jours d’affilé, pourquoi les politiques ne se reposeraient-ils pas ?  Ce sont nos gouvernants, et précisément M. Bédié qui a dit qu’après trente ans de service dans l’administration, l’on doit se retirer. Or, il se trouve que la politique est un métier comme un autre. Comment M. Bédié peut-il demander aux autres de se retirer et lui-même s’arcbouter sur ses fonctions de chef de parti politique qui a du mal à s’en aller ? En politique comme d’ailleurs en toute chose, nul n’est indispensable.

S’il fallait faire l’inventaire de longévité dans les sphères de l’Etat de Côte d’Ivoire, M. Bédié aurait eu la palme d’or. Cet homme a tout eu de l’Etat de Côte d’Ivoire. Jeune étudiant, il a inauguré son activité professionnelle en tant que diplomate à Washington, puis il est rentré au pays pour prendre le ministère du budget avant de devenir après feu Raphaël Salaire, le ministre de l’économie et des finances.

N’est-ce pas lui qui fêta ses sept milliards de nos francs en 1970 ? A l’âge où le pays pouvait attendre beaucoup de lui parce qu’ancien étudiant de la mouvance des révolutionnaires (Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France) tant décriés par Houphouët-Boigny, il a fêté des milliards dont l’origine n’a d’ailleurs pas été « auditée » ; que va-t-il apporter de mieux à la Côte d’Ivoire au crépuscule de sa vie pour qu’on veuille le maintenir à la tête de son parti ? Si on dit que le PDCI est un parti trop sérieux, cela va sans dire qu’on ne doit pas « génocider» certes les doyens de ce parti, mais on ne doit pas non plus transformer sa direction en musée de séniors.

Il faut savoir partir pour ne pas se laisser déborder par la jeunesse qui bouillonne de passions. M. Bédié a déjà eu deux attaques et la toute dernière date de moins de trois mois. Si on l’aime, on doit l’empêcher d’aller aux charbons, car il a atteint l’âge où l’on doit être utile par ses conseils avisés et non par sa combativité, quand bien même la santé le permettrait. M. Djédjé Mady était étudiant quand M. Bédié était ministre, or le professeur Mady fait parti du passé du PDCI.  Tout le monde est d’avis qu’il parte à la retraite ; ce qui est au demeurant normal.  A fortiori pour M. Bédié, c’est  non ; il faut avoir un peu d’égard pour notre pays, pour nos jeunes générations etc.  On imite ce qui est salutaire ;  ce n’est pas parce qu’Houphouët-Boigny l’a fait que M. Bédié doit se croire obligé de mourir au pouvoir ! D’ailleurs, M. Bédié n’est pas Houphouët-Boigny quand bien même ils seraient tous les deux de la même ethnie. La gérontocratie au PDCI n’est pas une fatalité. Il faut en finir avec ces pratiques d’un autre temps.

Regardons un peu dans les pays développés, comparons les cas de MM. Bédié et Sarkozy. L’un pourrait être le père de l’autre. Quand Sarkozy naissait, Bédié  n’était pas loin d’être  fonctionnaire voire dirigeant de ce pays. Si l’ex-chef de l’Etat français s’est retiré de la politique, c’est parce qu’il a été rejeté par le peuple français en 2012, idem de M. Bédié en 2010, par les Ivoiriens. Il faut en tirer les leçons.  Après son second mandat, quoique tout jeune,  Barak Obama s’en ira sans autre forme de procès…

Depuis que M. Bédié a été poussé dehors par son ancien « nouveau » petit frère Alassane Dramane Ouattara en 1999 par un coup d’Etat annoncé, le PDCI va à reculons. Il n’a plus jamais gagné d’élection comme autrefois. L’on nous dira que les dés étaient pipés  d’avance en ce temps-là, mais l’hémorragie ne devrait pas être aussi importante qu’elle l’est aujourd’hui. N’est-il pas temps de secouer le cocotier et mettre tous ces vieillards à la retraite pour que  les jeunes générations (qui suivent celle de  Kouakou Konan Bertin),  puissent se positionner ?

D’ailleurs M. KKB devrait cesser d’être appelé le président de la jeunesse du parti. Il n’est plus jeune, si tant est qu’un jeune dirige  la jeunesse du parti.  Monsieur KKB est un adulte qui peut  briguer un mandat présidentiel du pays.

Louis-Freddy d’Aguisso
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