Comment les économies occidentales avancées ont volé 1 400 milliards de dollars à l’Afrique

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Les flux financiers illicites en Afrique ont été de l’ordre de 1 220 à 1 350 milliards de dollars entre 1980 et 2009, éclipsant les transactions financières enregistrées.

Telle est la conclusion du rapport consacré aux flux financiers illicites dans le continent africain, rendu public à l’occasion des 48es Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) qui se déroulent actuellement à Marrakech, au Maroc. Révélant que les transferts nets de ressources hors d’Afrique sont passés de 597 milliards de dollars à 1 400 milliards de dollars, le document, élaboré conjointement par la BAD et l’ONG Global Financial Integrity (GFI), basée à Washington, conclut que «le déficit net de ressources et les fuites illégales de capitaux compromettent gravement le développement».

Intitulé «Illicit Financial Flows and the Problem of Net Resource Transfers from Africa: 1980-2009», (Les flux financiers illicites et le problème des transferts nets de ressources en provenance d’Afrique : 1980-2009), le rapport n’analyse pas les facteurs à l’origine de ces flux financiers illicites. Cependant, il préconise que des études de cas spécifiques à certains pays devraient être effectuées pour identifier ces facteurs sous-jacents, qui varient probablement d’un pays africain à l’autre. Les rédacteurs du rapport notent aussi qu’une grande partie du produit du trafic de drogue, de la traite d’êtres humains et d’autres activités criminelles – qui se règlent souvent en espèces – n’est pas prise en compte dans ce travail de recherche, sans donner de plus amples détails à ce sujet.

«Plus de mille milliards de dollars se sont échappés frauduleusement d’Afrique au cours des trente dernières années, éclipsant les entrées de capitaux et entravant le développement économique», a commenté l’économiste en chef de GFI, Dev Kar, qui fut auparavant économiste en chef au FMI. «Limiter ces flux sortants devrait être primordial pour les décideurs africains et occidentaux car ils entraînent et subissent à leur tour les contrecoups d’un climat des affaires défavorable et d’une mauvaise gouvernance globale – qui entravent tous deux la croissance économique», a recommandé l’économiste.

«L’idée reçue a toujours été que l’Occident injecte de l’argent en Afrique, grâce à l’aide étrangère et aux autres flux de capitaux du secteur privé, sans recevoir grand-chose en retour. Notre rapport inverse le raisonnement : l’Afrique est en situation de créancier net par rapport au reste du monde depuis des décennies», a, pour sa part, expliqué Raymond Baker, directeur du centre de recherche et de défense GFI, basé à Washington. Comment contenir ces flux financiers illicites en partance d’Afrique ? «Ces sorties sont facilitées par l’opacité financière constatée dans les économies occidentales avancées et les paradis fiscaux. L’application des mesures de transparence en vue de restreindre le secret des paradis fiscaux et les opérations des sociétés écrans anonymes est cruciale si l’on veut freiner les flux illicites», a conseillé Raymond Baker.

Amine Sadek

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