Une mission d’enquête menée en Mai 2010 par Sherpa avait révélé que la privatisation de la Société Africaine Forestière et Agricole du Cameroun—SOCAPALM—avait conduit à la détérioration de l’environnement, aux conflits de propriété non résolus, et aux conditions déplorables de travail et de logement des travailleurs, sans qu’aucune compensation ni indemnité ne soit payée. Un activisme bruyant et chimérique.
Guérilla judiciaire
Pour contraindre le groupe Bolloré à respecter ses engagements, Sherpa en collaboration avec Misereor—Allemagne—, la Fondation Camerounaise d’Actions Rationalisées et de Formation sur l’Environnement—FOCARFE—, et l’association Camerounaise Centre pour le Développement—CED—, avaient initié le 3 Décembre 2010 une plainte auprès de Points de Contact Nationaux—PCN—de France, Belgique, et du Luxembourg, contre les sociétés Bolloré—France—, Financière du Champ de Mars—Belgique—, SOCFINAL et Intercultures—Luxembourg—, tous qui, de concert, exerçaient un contrôle sur la SOCAPALM.
Habitué à la guérilla judiciaire, Bolloré Corporate refusa de coopérer avec le PCN Français pour qui l’affaire était recevable. Puis adopta une “approche stratégique contre la mobilisation publique” en introduisant une plainte en diffamation contre Sherpa et un certain nombre de journalistes. Cependant, le groupe Bolloré retira sa plainte contre négociations.
Six mois de médiation entre les parties conduisent à la présentation d’un plan d’action en Septembre 2013 afin de remédier aux violations enregistrées dans le cadre des lignes directrices et d’améliorer les conditions de vie des résidents locaux et des travailleurs de SOCAPALM. Par ailleurs, le groupe Bolloré avait “mis en place un dialogue avec les représentants d’associations des riverains des plantations de Socfin qui a abouti à une rencontre à Paris le 24 Octobre 2014 réunissant les représentants du Cameroun, de Sierra Léone, de Côte d’Ivoire, du Libéria, et du Cambodge.”
Bolloré C’est Tout Sauf l’Ethique
Cette générosité de Bolloré cachait une chose. La corruption multidimensionnelle qui lui ouvre la voie d’une forte rentabilité financière au détriment de la paix sociale. “Comme un empereur conquérant dont les réseaux politiques et médiatiques constituent les armes favorites” selon le journaliste Thomas Deltombe, il joue le profit en mettant en branle ses ramifications d’escrocs. Ses relations avec des régimes peu scrupuleux. Ses collusions avec les services francafricains. Toile mafieuse qui permet à ce rapace d’acquérir des pans entiers des secteurs de production de façon illégale.
Opposant à ses challengers la concurrence déloyale, Bolloré c’est tout sauf l’éthique. Sa stratégie est simple et efficace. Il recrute dans les milieux politique et pas au hasard. Ses proies? Des hommes qui ont un carnet d’adresse mais surtout, qui sont aptes à être corrompus et à corrompre.
Gilles Alix, l’un de ses directeurs généraux, parlant de ce rapport coupable avec des ministres Africains, explique; “on les connaît tous là-bas. Ce sont des amis. Alors, de temps en temps— je vais être clair—, on leur donne, quand ils ne sont plus ministres, la possibilité de devenir administrateurs d’une de nos filiales. C’est pour leur sauver la face. Et puis on sait qu’un jour ils peuvent redevenir ministres.”
En France qu’ils soient de Gauche ou de droite, les chefs d’Etat Français, leurs ministres, et les représentants des peuples Français sont dans la besace de Vincent et à son service. Porteurs de valise de ce dernier—Chirac, Sarkozy, Hollande, Alain Madelin, François Léotard, Michel Roussin, Jean Glavany, Alain Minc,… et même ses amis comme Arnaud Lagardère et d’autres, sillonnent l’Afrique pour vendre du Bolloré. Ceci n’est pas gratuit. Il y a une contrepartie en numéraire, en nature, et psychologique.
Dépositaire des biens mal acquis à travers ses réseaux coloniaux, néocoloniaux, et francafricains, Bolloré a fait monter la cote de la corruption à tous les niveaux et sous toutes ses formes sur le continent depuis qu’il y a pris pied. Alliant Kola ou pot-de-vin, il a en moins de cinq ans ratissé plusieurs terminaux à conteneurs sur la côte Atlantique—Douala–Cameroun–, Abidjan–Côte d’Ivoire–, Cotonou–Bénin–, Tema–Ghana–, Tincan –Lagos, Nigeria–, Pointe-Noire–République du Congo–, Dakar–Sénégal–et récemment, Kribi–Cameroun–.
Les tronçons ferroviaires, comme la Société Internationale de Transport Africain par Rail–SITARAIL–qui relie le Burkina Faso à la Côte d’Ivoire, et la CAMRAIL, compagnie ferroviaire du Cameroun qui joue un rôle essentiel dans le désenclavement du Tchad et de la Centrafrique, sont respectivement dans son sac depuis 1995 et 1999. Ces nerfs des économies privatisés dans des circonstances qui ont soulevé des questions, puis utilisés pour des transactions qui en suggèrent encore plus, lui permettent de quadriller stratégiquement l’Afrique Centrale et de l’Ouest.
Cet état de fait qui tue à petit feu et dans le silence les autochtones qui croyaient tirer des dividendes des investissements de ce charognard, illustre l’emprise croissante de ce prédateur sur le politique et l’économie, et donc sur la société Africaine dans son ensemble. Et il est évident, pour quiconque a une certaine connaissance des faits et de l’histoire, mais surtout le bon sens, que la situation ne peut que aller de mal en pis.
Complices de la Terreur
D’ailleurs Bolloré ne pratique plus de la corruption. Mais de l’extorsion sous menace de déstabilisation. De coup d’Etat. Et de Mort. Il ne négocie pas. Il exige. Alors les manœuvres des politiciens, leur silence face aux cris de détresse de leur population, sonnent comme une trahison. Tant la frontière entre Bolloré Africa Logistic et les pouvoirs politiques devient floue.
Dans la secte Bolloré qui ne développe qu’une philosophie monétaire et financière, les ONGs sont une pièce essentielle qu’il actionne pour parachever en douceur son contrôle des économies Africaines. De telle sorte que ces Organisations feignent de voir dans son expansion criminelle en Afrique un phénomène marginal; alors qu’il est l’expression profonde du naufrage de chaque nation Africaine, lui-même prémonitoire de la désagrégation sociale du continent.
Un agenda qui consiste à accélérer la création des classes antagonistes. L’une dominante qui bénéficie du fruit du labeur de l’autre, la dominée. Et développe la criminalité qui devient la seule source raisonnable d’enrichissement pour les classes défavorisées. Division des classes qui conduit inéluctablement aux conflits sociaux et civils.
En réponse à ces crimes économiques et humains, ces Organisations, créées et financées par les Etats occidentaux et/ou leurs fondations, ne peuvent pas prendre le parti de l’Afrique dans la conquête de sa souveraineté politique et économique. Au contraire elles ont pour mission de réorienter une part importante des fonds reçus pour l’espionner et la livrer aux suceurs occidentaux. Et ce n’est plus qu’un secret de polichinelle que “la plupart des ONGs qui parlent des droits de l’homme ne sont en fait que de simples succursales de services secrets étrangers. Lorsqu’elles ne sont pas tout simplement « complices de la terreur », comme l’affirmait en 2011 Avigdor Lieberman, ministre Israélien des Affaires étrangères.
Amnesty International et Suzanne Nossel en sont une parfaite illustration. Nossel qui a pris la direction de la branche Américaine de cette institution le 23 Novembre 2011 avait d’abord été l’assistante de Richard Holbrooke, ambassadeur des Etats Unis aux Nations Unies sous l’administration Clinton. Revenue aux affaires sous Obama, elle occupe la même fonction auprès de la Secrétaire d’ Etat Hillary Clinton. Ce produit du système avait été aussi l’instrument de l’agit-prop qui a justifié le bombardement de la Libye. Ses 90.000 morts et l’assassinat du leader Kadhafi sont donc en partie à l’actif de ces organisations aux missions troubles.
Transparency International dans tout ça est une bonne élève du système. Epinglée dans Panama Papers, elle est indexée par Jean-Philippe De Lespinay qui écrit, “même un article dénonçant la ‘corruption’ de Transparency ne suscite pas de réaction chez eux! » Il poursuit, “Ne comptez pas sur Transparency international pour vous protéger de la corruption. » Pourtant ils disent la combattre.
Dindons de la Farce
Il faut être naïf pour croire que ces Organisations peuvent et ont intérêt à participer “à la lutte contre les scandales politico-financiers” Afro-occidentaux. Sherpa qui a marché sur les plates-bandes de Bolloré, est loin d’être l’idiot du village pour mordre la main qui la nourrit. Cette organisation comme d’autres couvrent les conflits d’intérêts qui concernent Bolloré et ses acolytes.
Par conséquent, les Africains passifs qui rigolent de tout ne doivent pas espérer que ces ONGs fassent quelque chose qui aille dans le sens de “la transparence sur les conflits d’intérêts et sur le patrimoine essentiel pour le bien des sociétés” Africaines. Si Sherpa s’était réellement engagée aux côtés des esclaves de Bolloré, elle aurait continué à se battre contre les intérêts de ce malfrat-économique, qui sont incompatibles avec l’urgence de la construction d’une Afrique indépendante et souveraine. Elle aurait initié une bataille pas en solo, mais une lutte collective avec l’implication d’autres ONGs supposées se battre pour les droits humains.
Malheureusement, sur le plan d’ensemble, les réalisations et la réhabilitation des infrastructures, le renouvellement des installations existantes, l’amélioration des conditions de vie et de l’environnement, dans ses camps de concentration de Bolloré—promesses faites par ce dernier, et combats pour lesquels Sherpa s’était engagée auprès des Africains sont toujours en attentes. Sherpa aurait-elle joué le jeu de Bolloré en donnant l’impression de s’attaquer à ses biens mal acquis?
Dr Feumba Samen
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